[Test] Nippon Marathon : kusoge ou véritable phénomène ?

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
    • Nintendo Switch
  • Développeur : Onion Soup Interactive
  • Editeur : PQube
  • Date de sortie : 17 décembre 2018
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Le principe de Takeshi’s Castle adapté en jeu vidéo

image pqube nippon marathon
Des courses parsemées de pièges, rappelant Takeshi’s Castle.

Quand nous avons lancé Culturellement Vôtre, on s’est fait la promesse de n’aborder que des sujets maitrisés, et dans leur globalité. Quelques années plus tard, notre webzine peut être fier d’avoir mis en ligne des articles sur des films ou livres assez méconnus, dans le but de proposer une véritable diversité de ton. Le jeu vidéo n’échappe pas à la règle. Au-delà des gros blockbusters de cette fin d’année, on se doit de laisser une place à des softs plus obscurs, mais qui assurent un bel éventail de possibilités, d’univers vidéoludiques différents, parfois déjantés. Dès lors, quand on a constaté la sortie de Nippon Marathon, sur Nintendo Switch, PlayStation 4, PC et Xbox One, notre sang n’a fait qu’un tour. Il nous fallait vous causer de ce jeu de course hors normes, après l’avoir testé de fond en comble.

Comme le dirait Emile Bongeli, un ancien vice-Premier Ministre du Congo et parrain de la fabuleuse Troposhère V, Nippon Marathon est parti d’un petit rêve, d’une petite folie. Mais rassurez-vous, la trajectoire du soft s’avère sans, sans conteste, plus assurée. Le principe est relativement simple à expliquer : imaginez une adaptation vidéoludique de Takeshi’s Castle, dans lequel vous contrôlez un coureur à pied qui doit éviter toute sorte de pièges, lors d’une épreuve filmée en vue du dessus. La première réaction qui fut la nôtre confinait à l’expression d’un eurêka : voilà qui combinerait le fun, des mécaniques simples mais grisantes, et un humour de tous les instants. C’est bien le cas du titre, mais le studio Onion Soup Interactive ne s’est pas arrêté là. Non, ils ont décidé d’accompagner le principe d’une petite touche « kusoge », ou « jeu de merde ».

Des personnages plus que délirants

image gameplay nippon marathon
Un chien qui court après un homme déguisé en homard. Non, vous n’êtes pas ivres.

Entendons-nous bien : qualifier un jeu de kusoge n’en fait pas obligatoirement une daube absolue. La récente sortie de Metal Max Xeno est faite pour nous le rappeler. On peut aussi utiliser ce quasi-adjectif pour mieux capter l’intention qui se cache derrière certains choix, autant artistiques que de gameplay. Nippon Marathon nage dans le délire le plus complet, et pourra quelque peu interloquer au premier abord, si le joueur n’est pas ouvert à ce genre de trip. Oui, on pense avoir atteint un certain stade du navet quand on se lance dans l’aventure, entre les graphismes à peine dignes d’une PlayStation 2, les personnages ubuesques et les musiques tout d’abord à la limite du supportable (cela gagne étrangement en qualité d’écoute, au fil du temps). Mais il se passe quelque chose entre le joueur, sa manette, et son écran. Comme une sorte de pacte, qui accouche de bien des rires.

Nippon Marathon se déguste tout autant seul ou à plusieurs. Il est à la fois un party game, et une aventure qui utilise les règles pour nous conter plusieurs histoires. Se lancer dans l’un des six marathons, c’est aussi faire connaissance avec le personnage que vous incarnerez à chacune des occasions. Un homme traumatisé portant un costume de homard en toutes circonstance, un vieil homme en tenue d’écolière, un chien humanoïde, voilà le genre de protagoniste qu’il vous faudra prendre en mains. Autant vous le signifier de suite, ne comptez pas sur des différences de caractéristiques. On contrôle de manière identique chaque athlète, et avec une simplicité enfantine. Le stick sert à se déplacer, un bouton permet de sauter, un autre d’avancer en s’accroupissant, encore un autre pour se lancer dans un plongeon, et un dernier afin d’utiliser un objet récupéré en cours de route. Pastèque à balancer devant, peau de banane à destination des retardataires, champignon qui pue, ce n’est pas le nombre qui importe mais l’utilisation qui en est faite. Assez imprécis, l’impact de ces armes devra être optimisé par une toute petite dose de skill. Sachez aussi que les fins de courses seront l’occasion de compter les points. Même en n’arrivant pas premier, le joueur pourra s’assurer des points de réputation, en s’attachant à atteindre certains objectifs.

À pratiquer tout autant en solo qu’en multijoueur

image jeu nippon marathon
Le jeu propose des activités annexes. Sympa.

Vous l’aurez compris, si on utilise le terme kusoge, c’est parce que Nippon Marathon n’est pas parfait. Onion Soup Interactive s’est peut-être un peu planté avec la caméra, trop proche du terrain, ce qui aura tendance à handicaper le leader de la course, constamment en bord d’écran. Ainsi, certaines embûches vicelardes devront être devancés. Aussi, le moteur physique réserve parfois des surprises plutôt injustes, surtout dans les pentes, provoquant des accidents pourtant évitables. Mais on n’en tient pas trop rigueur, finalement. Car le fun transpire de quasiment chaque instants. On a vraiment la sensation de traverser des épreuves bien comiques, surtout en observant les réactions des autres joueurs. Dès lors, le jeu en multijoueur local devient non pas un indispensable, mais un moment de fun assez intense. D’ailleurs, vos potes pourront aussi vous accompagner dans des mini-jeux. L’un est une sorte de recherche du record : celui qui ira le plus loin gagne la partie. Le second est plus original : un bowling à taille humaine. Il vous faudra vous élancer, sauter avec précision afin d’atterrir dans un caddie, et dévaler vers les quilles. Drôle, même si les courses restent plus entrainantes.

On le répète ici  Nippon Marathon se déguste aussi en solo, à l’aise Blaise. Les six marathons et leurs histoires surréalistes serviront de plat principal, mais il est entouré d’un emballage très correct. Vous allez débloquer, au fur et à mesure, les pages d’un journal, le Travel Guide. Celui-ci, vous vous en doutez, ne rechigne pas sur le développement de la rigolote étrangeté de cet univers totalement barré. Aussi, chaque course remportée vous fait gagner un peu de pognon, qui pourra être dépensé dans un magasin. Au programme, de nouveaux personnages, modes, et la possibilité de configurer l’apparition des items en pleine course. Impossible de terminer autrement qu’en soulignant la direction artistique peu conventionnelle, hyper flashy et recherchant une excentricité de tous les instants. Ceci soutenu par une technique volontairement simpliste (ces modèles 3D !), mais assurant une fluidité sans faille. Enfin, l’ambiance sonore se révèle finalement surprenante. Outre les musiques, qui voguent entre J-Pop et lounge, c’est la bonne ambiance en cours d’épreuve qui nous satisfait, le commentateur s’en donnant à cœur joie. Par contre, on aurait apprécié des sous-titres français, afin d’en savourer l’entière signification.

Note : 14/20

Alors, Nippon Marathon : véritable kusoge ou jeu phénomène ? On penche plus vers la seconde option, tout en ne fermant pas les yeux sur quelques retenues. S’il est indéniable que la recherche de l’excentricité pousse Onion Soup Interactive vers des décisions un peu douteuses, comme cette caméra vraiment trop proche du terrain, le reste nous aura humblement convaincu. Party game énergique, provoquant des sensations proches de ce qu’on ressent en regardant une émission comme Takeshi’s Castle, le jeu accompagne son gameplay simple, mais plaisant, d’une ambiance aussi délirante qu’entêtante. On vous le conseille tout autant pour un trip en solo, ou pour rythmer une soirée entre potes. Effets garantis.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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