Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Android
- iOS
- Développeur : Paul Cuisset
- Editeur : SFL Interactive
- Date de sortie : 22 juillet 2019
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
La meilleure version récente d’un grand jeu
Malgré un nombre important de remasters et de compilations, l’actualité du jeu vidéo ne nous permet que peu de revenir sur des classiques de ce domaine culturel. Et pourtant, il y aurait de quoi faire, d’ailleurs on prévoit pas mal de surprises sur Culturellement Vôtre à ce niveau, dans un futur proche. En tout cas, chaque occasion d’aborder un chef-d’œuvre vidéoludique est accueillie avec intérêt dans nos pages, et notamment quand il est question du tout nouveau Flashback Mobile. Le jeu réalisé par Paul Cuisset, que nous avons rencontré récemment, est déjà ressorti sur de nouvelles consoles, mais pas toujours avec réussite, notamment une version HD décevante. Voilà qui s’avère de l’histoire ancienne, car le titre qui nous intéresse ici est autrement plus satisfaisant.
Avant d’aborder les nouveautés de Flashback Mobile, on se doit de rappeler le contexte du jeu, aussi bien du côté de la narration que du concept. Sorti pour la première fois en 1992, tout d’abord sur Amiga (et ce alors que le soft fut, tout d’abord, prévu pour la Mega Drive), Flashback représentait un véritable tournant pour Delphine Software, studio historiquement important au sein des années 1990. Après quelques Point and click de belle qualité, il était temps de passer à l’action, mais aussi à l’exploration, tout en insufflant une patte artistique qui allait faire une grande différence. Largement inspiré de Prince of Persia pour le feeling du gameplay, mais aussi du cinéma de genre (on retrouve clairement l’influence d’Alien, de Terminator, ou encore de Total Recall), le jeu a su marquer à jamais l’esprit de celles et ceux qui, à l’époque, l’ont parcouru.
Flashback Mobile ne modifie pas le récit, que l’on va revivre avec une certaine surprise : il tient toujours autant la route. On incarne le scientifique Conrad B. Hart, en pleine année 2142, lequel va faire une découverte aussi importante que dangereuse : des entités extraterrestres se dissimulent parmi les humains, et projettent des intentions belliqueuses. Ces adversaires de l’espèce humaines vont comprendre que Conrad sait tout, lui effacer la mémoire et laisser sa carcasse amnésique en pleine jungle. Réveil difficile on s’en doute, surtout qu’un hologramme lui présente précisément sa situation (coucou Total Recall), et ses objectifs. Ni une, ni deux, voilà notre avatar en direction de New Washington avec, en chemin, la nécessité de reconstituer le puzzle de sa mémoire. Autant vous dire qu’on adore cette ambiance de science fiction très 1990 dans l’esprit, avec ce qu’il faut de complot à déjouer, et de rencontres menaçantes.
Côté gameplay, le jeu de base se voulait très proche de Prince of Persa, ou d’Another World. On évolue dans un plan en 2D, et le réalisme des animations impose un timing qui diffère grandement d’autres classiques du genre plateforme. Comme le personnage décompose ses mouvements, on doit prendre en compte une certaine latence avant l’exécution de l’action. Loin de créer de la frustration, cela imposait surtout une certaine courbe de progression au gamer, lequel se devait de toujours avoir un train d’avance sur l’adversité. Les sauts sont évidemment au premier plan de cette manière d’aborder les niveaux, mais aussi les attaques. Conrad peut utiliser un flingue, qui modifiera aussi son allure, pour toujours plus de réalisme. On est, encore une fois, assez étonné de voir à quel point ces codes fonctionnent encore : il faut absolument comprendre les situations, subir des échecs, afin de se surpasser. Le skill s’avère, donc, mis en avant, et c’est toujours une bonne chose.
La maniabilité Touch est une réussite surprenante
Flashback Mobile nous permet de retrouver ce feeling, avec de nouvelles features que l’on considère comme importantes. On peut même parler d’une version revue, corrigée, et ce à l’aune de la modernité. Le premier élément atteint, c’est la difficulté du soft. Si vous l’avez connu à l’époque, vous vous souvenez certainement de quelques prises de tête d’anthologie (et quelques cris aigus, très certainement). Ici, on peut rembobiner le déroulement de l’action, afin de s’offrir une chance de parfaire une action loupée. Vous avez foiré votre saut ? Utilisez Rewind et faites mieux : c’est aussi simple et efficace que cela. Issus de précédentes versions, les trois modes de difficulté pourront aussi vous fluidifier l’expérience. Même si, du coup, on perd un peu en durée de vie. Notre avis est qu’il est tout de même préférable de garder un peu du challenge initial, car l’expérience a été pensée comme apte à récompenser l’effort. Mais le bon côté de cette difficulté presque paramétrable, c’est qu’une nouvelle génération pourra un peu moins se sentir freinée dans le cheminement. Dans le même esprit, on peut compter sur un tutoriel malin, et accessible à tout moment pour qui aurait oublié une mécanique. On est, donc, comme dans du coton.
Flashback Mobile revoit aussi la donne du côté des contrôles. Et, là encore, le résultat se veut plein de sagesse : il n’est nullement question d’imposer quoi que ce soit. On pourra brancher un pad, et parcourir l’entièreté de l’aventure comme ce fut le cas il y a presque trente ans. Mais le format mobile (tablettes ou smartphones) implique aussi de nouvelles manières de voir les choses. Ainsi, on a droit à des commandes virtuelles, directement sur l’écran tactile. Ce n’est pas avec ce jeu que l’on découvre notre retenue face à cette prise en mains : on a du mal avec tous les softs l’utilisant. Cependant, on doit tout de même signaler la réactivité exemplaire de cette configuration, en tous points identique à celle obtenu à l’aide d’un pad.
Plus marquant, l’option Touch est apte à carrément redéfinir notre perception de la maniabilité. Flashback Mobile gagne ainsi une prise en mains tout à fait inédite, basée sur des commandes tactiles. On avait un peu peur de cette approche, car elle demande un véritable temps d’adaptation. Nos réflexes sont bousculés, et après un apprentissage de quelques dizaines de minutes, on se rend compte que le résultat vaut, à lui seul, l’investissement dans cette nouvelle édition. Avec le doigt, on a un impact direct sur la direction et, tout en jeu de pression, on agit sur les sauts. Aussi, tapoter sur Conrad a pour effet de sortir son flingue. Après quelques temps inévitablement difficiles, on est surpris par la fluidité de la démarche, et le skill se charge d’intimer une courbe de progression assez impressionnante. En fin d’expérience, on ne laissait plus une chance aux ennemis de dégainer, c’est dire. Aussi, cela a un impact direct sur l’inventaire, plus plaisant à parcourir qu’à la manette. Une véritable satisfaction, que l’on n’attendait pas aussi précise.
Et ce n’est pas tout ! Flashback Mobile propose d’autres nouveautés, certes moins primordiales mais tout de même qualitatives. Tout d’abord, sachez que cette édition est un Director’s Cut, à savoir que Paul Cuisset a fait le choix d’embarquer des segments de gameplay totalement inédits ! Hors de question de vous les spoiler, mais il est à noter que ces séquences parfois importantes en terme d’action, ne provoquent pas de surplus inutile. Par exemple, on peut compter sur un passage dans une sorte de métro, qui ne fait qu’ajouter au plaisir ressenti. Aussi, les graphismes et la bande originale ont été modernisés : tout est plus fin. Mais, là encore rassurez-vous, la direction artistique mémorable est évidemment sauvegardée. D’ailleurs, vous pourrez revenir à l’atmosphère originale d’origine dans les options, si vous êtes du genre à rechercher les sensations auditives de l’époque. Enfin, côté contenu bonus, la technologie de réalité augmentée est mise à contribution, dans un mode sympathique permettant de placer le modèle de Conrad dans les environnements qui vous entourent. Voilà qui ne fait qu’ajouter un peu de sel à cette sortie conseillée.
Note : 15/20
Flashback Mobile avait fort à faire pour tirer profit des plateformes auxquelles il est dédié. Paul Cuisset a pris des décisions courageuses, comme une prise en mains Touch qui chamboule l’approche du soft, mais avec soin. Il faudra évidemment un temps d’adaptation plus ou moins long selon les joueurs. Aussi, on peut compter sur des segments inédits, des petits bonus sympathiques, une technique affinée tout autant que l’ambiance sonore. Voilà qui plaira aux fans du titre, mais aussi aux archéologues du jeu vidéo, dont la curiosité sera récompensée.