Caractéristiques
-
Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Xbox One
- PC
- Développeur : SadSquare Studio
- Editeur : SadSquare Studio
- Date de sortie : 1er novembre 2020
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
-
Existe aussi sur :
Le vrai Visage de la peur
Il suffit de poser les yeux sur un début de Let’s Play de Visage pour comprendre que les développeurs se sont grandement inspirés de P.T. Mais si, vous savez, cette démo mise en ligne en 2014 par Kojima Productions, juste après l’annonce d’un Silent Hills que Konami s’est empressé d’annuler. Quelle affaire, sans doute l’une des plus retentissantes depuis la naissance du jeu vidéo. Et pour cause, le contenu de ce bout de soft était effectivement des plus intrigants. Retiré du PlayStation Store, P.T. est désormais inaccessible, perdu à jamais, et pourtant bien des équipes de développement lui rendent encore hommage. La dernière en date, donc, n’est autre que SadSquare Studio, humble structure mais bourrée de talents.
Difficile, très difficile d’écrire un test de Visage. Car, écrivons-le tout de go : les développeurs sont tellement parvenus à l’équilibre entre gameplay et scénario qu’il est compliqué d’aborder ce dernier sans risquer de vous dévoiler une information cruciale. Passons, donc, la très marquante séquence d’introduction sans ne rien vous en décrire. Sachez simplement que vous y incarnerez Dwayne, incapable de prononcer le moindre mot, et au passé plus que mystérieux. Après s’être réveillé en bien fâcheuse posture, le téléphone sonne et ce n’est pas Claude François qui laisse un message sur le répondeur. C’est la voisine, inquiète de ne pas vous avoir vu depuis des lustres. Ceci est le début de vos déambulations dans une bâtisse (et dans d’autres lieux, mais nous vous laissons le plaisir de la découverte) dont le côté glauque s’appuie sur l’aspect normal des choses. Pas besoin de vous donner du mur suintant de sang jusqu’à la nausée, la peur née d’une ambiance plus quotidienne, de laquelle surgit le surnaturel pour mieux vous prendre à la gorge. On insiste : vous allez flipper, et pas qu’un peu. Ah, et c’est sous-titré en français, excellente chose pour le confort.
Une réussite tant due à son écriture qu’à son gameplay
Pourtant, il n’est pas question de mécaniques hyper compliquées. C’est même tout le contraire : Visage prend le principe des jeux « à la Layers Of Fear », et en simplifie encore la recette. On ne parlera pas de walking simulator, mais plutôt d’un jeu qui vous demande d’investiguer, de farfouiller pour trouver la prochaine avancée scriptée. Certes, cette définition un peu sèche peut refroidir, mais rassurez-vous : les artifices fonctionnent très bien pour vous faire oublier cette structure peu engageante. Du coup, on découvre des éléments, et l’on se plonge dans différentes histoires sous forme de chapitres. Les évènements aussi surnaturels que terrifiants s’enchainent, mais à vitesse raisonnable, et surtout non sans prendre le temps de les installer. Bonne idée, cela est accompagné d’une jauge de sanité, un peu à l’image d’un Those Who Remain, mais en plus abouti bien entendu. Si vous restez trop dans l’obscurité, un indicateur apparaît et vous alerte : si vous restez dans ces conditions, vous allez être témoins de choses que vous ne voudriez pas voir…
Et côté durée de vie, le jeu ne vous prend pas pour une galinette cendrée ! Il vous faudra au moins dix heures pour en voir le bout, et un peu plus pour qui aime faire attention aux détails. Les gros moments de tension sont bien soulignés par ces instants que vous passerez à les rechercher, sorte de ronde infernale qui vous réserve bien des surprises. Visage peut compter sur une écriture intelligence, et une mise en scène qui ne l’est pas moins. Techniquement, par contre, on sent bien que SadSquare Studio fait avec les moyens du bord. Même dans les conditions d’une humble production, saluons-les pour un résultat loin d’être honteux. Oui, on relève du crénelage, quelques bugs d’affichage, et l’on aurait aimé que l’inventaire soit plus cohérent avec une pratique sur console. Mais, globalement, l’atmosphère reste choyée par des sources de lumière très réussis, et des choix de direction artistique efficaces. Enfin, coup de cœur pour l’excellent sound design, à savourer au casque dans une pièce bien obscure. Effet garanti !
Note : 16/20
Il arrive de nulle part, il n’était pas sur nos radars, et pourtant Visage est l’un des jeux les plus satisfaisants de la fin d’année 2020. Sans doute l’expérience la plus flippante de l’année, ce jeu saura vous faire peur, et sans passer par la case des sursauts mécaniques. SadSquare Studio maitrise admirablement son écriture, fait passer le joueur par différents états d’esprit, comme pour mieux le déstabiliser. Objectif atteint, on sort de ce soft avec l’impression d’avoir vécu un délicieux cauchemar…