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[Critique] Le Convoi : la septième compagnie fait un go fast

Caractéristiques

  • Titre : Le Convoi
  • Réalisateur(s) : Frédéric Schoendoerffer
  • Avec : Benoît Magimel, Reem Kherici, Tewfik Jallab, Madi Belem...
  • Distributeur : Paramount Pictures France
  • Genre : Action, Thriller
  • Pays : France
  • Durée : 102 minutes
  • Date de sortie : 20 janvier 2016
  • Note du critique : 6/10

Et de six pour Frédéric Schoendoerffer ! Le Convoi prend la suite d’un 96 Heures qui, s’il souffrait d’un manque d’originalité, restait assez solide pour tout de même nous apporter le divertissement espéré. Ici, on passe du thriller au film d’action, et même à la sous-catégorie du film de poursuite automobile, avec un synopsis royalement construit pour ce difficile exercice de style qu’est l’animation d’une œuvre centrée sur les engins motorisés. En effet, quelle situation plus parfaite que le go-fast pour nous emmener dans un trip mené tambour battant ?

Le Convoi, c’est l’histoire de l’un de ces voyages dont tout le monde a entendu parler. Un go-fast, une chevauchée à bord de bolides surpuissants, afin de transporter des kilos de drogues. On nage en plein délire, mais notre société produit bien des phénomènes étranges. Dans le film de Frédéric Schoendoerffer, l’histoire se centre sur sept hommes, tous répartis dans quatre voitures. Ils transportent plus d’une tonne de résine de cannabis depuis Malaga, au Sud de l’Espagne, et en direction de Creil, en région parisienne. Seulement, rien ne se passe comme prévu pour les voyous, et bien vite le convoi rencontre quelques complication gravissimes. Celles-ci auront, notamment, comme effet, la prise en otage de Nadia (Reem Kherisi) par le très mystérieux Alex (Benoît Magimel). La route jusqu’à la capitale française va devenir un véritable parcours du combattant…

image madi belem le convoi

Avec Le Convoi, Frédéric Schoendoerffer nous propose une virée dans la série B à la française. Ce qui, de base, pouvait nous plaire tant, à la rédaction, nous sommes friands de ces productions. Cela débute plutôt bien, et l’on peut au moins concéder au réalisateur de bien installer les enjeux du film. La situation est bien exposée, avec un calme assez étonnant. Pas dans la caractérisation des personnages, on va y revenir, mais dans la mise en scène qui, si nous allons voir qu’elle ne tient pas toutes ses promesses, a au moins le mérite d’assurer le bon fonctionnement narratif. Si l’on se prend un peu au jeu, avec un vrai plaisir dans ces huis-clos motorisés, très vite nous avons des petits signaux, qui nous préviennent des qualités et des défauts qui vont débouler tout du long.

Comme le titre de l’article le laisse présager, Le Convoi n’est pas totalement un film tendu, sombre, comme nous le montrait la bande annonce. La caractérisation des personnages, dans une situation qui privilégie les endroits au périmètre très limité, ne pouvait que poser un véritable problème de mise en scène à la longue : comment meubler ? Le réalisateur fait le choix du dialogue, via un scénario qui demande, par essence, à ce que les différentes voitures soient toutes tenues par au moins une problématique. Ou, alors, comme dans le Go Fast d’Olivier Van Hoofstadt (film sorti en 2007), le conflit pouvait intervenir de l’extérieur. La solution du Convoi, qui paraissait payante au moins au même titre, devient, au fur et à mesure, un vrai défi de mise en scène, et Frédéric Schoenderffer ne semble pas avoir bien pris conscience de ce fait à l’écriture. Si nous prenons, tout au long de l’œuvre, un plaisir coupable lié à des répliques, des passages mieux emballés que d’autres, l’on ne peut nier avoir été assez surpris par certains éléments.

Le tournage du Convoi a connu deux reports, pour des raisons de révisions de budget. Si nous n’avons pas d’informations précises sur ces affaires de pré-production, l’on peut se rendre compte, à l’écran, des chamboulements que peuvent donner ce genre de situation. Notamment dans le découpage technique, très incertain. L’histoire se déroule dans quatre voitures, lancées à pleine vitesse, et pourtant très peu de raccords sont pensés pour rendre l’impression de fluidité que l’on aurait été en droit d’attendre. En fait, on passe d’une caisse à l’autre sans véritable logique de montage. C’est criant, Le Convoi souffre d’un problème de visibilité de son réalisateur, qui se retrouve jusque dans le montage final, avec un nombre étonnant de faux-raccords. Alors que le spectateur voit ces soucis, le film devient de plus en plus léger au niveau du ton, comme s’il avait une conscience des griefs naissants. Le problème est que, niveau scénario, Le Convoi souffre aussi de quelques difficultés.

image benoit magimel le convoi

Le Convoi devient, au fil du temps, une sorte de Taxi, dont les poursuites, jusque dans leur ambiance, s’étendraient sur plus d’une heure et demie. Si nous ne cachons pas que la frivolité qui s’en dégage a provoqué quelques rires d’une belle franchise, l’on peut aussi regretter un manque de tension, noyée dans une foule de choix assez étranges. Loin de nous l’envie de vivre un scénario dont tous les détails seraient verrouillés, la beauté de certaines histoires résident dans les zones d’ombre finement distillées. Mais tout de même, Le Convoi verse parfois dans l’incompréhension. Alex, incarné par un Magimel bien dans son rôle, attire à lui beaucoup des actions les plus étranges, bizarrement emmenées. Et ce jusqu’au final, dont la dernière image nous a laissé carrément pantois.

Au final, Le Convoi est un film qui souffre de certains défauts, mais qui peut aussi s’avérer être un plaisir (très) coupable, pour les amateurs jusqu’au-boutistes de séries B à la française. Si l’œuvre ne restera pas dans les mémoires, l’on ne peut pas tirer à vue sur tout ce qui bouge non plus. Tout d’abord, le casting est sérieux, aucun des acteurs ne semble en-dessous du niveau général. La musique de Thibault Quillet fait bien le boulot, et l’on gage qu’on le retrouvera dans d’autres productions très bientôt. Le Convoi peut se vivre comme un film d’action largement imparfait, mais dont le charme très « B » pourra sauver les séances de certains spectateurs. C’est déjà pas si mal.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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