Spacebase Startopia s’adresse surtout aux fans du jeu original
Il fallait bien compter sur l’étonnant éditeur Kalypso Media, acteur très engagé en faveur du jeu de stratégie ou de gestion, pour nous rappeler au bon souvenir de Startopia. Si vous appréciez le genre, peut-être que vous vous souviendrez de ce titre paru en 2001, signé par Mucky Foot, un studio créé par d’anciens de chez Bullfrog. Certes peu original dans ses mécaniques, le soft original nos demandait de gérer l’activité d’une station spatiale/. Le résultat se démarquait de la concurrence grâce à une ambiance hautement délirante. Quelques vingt années plus tard, voilà que Realmforge Studios, qui s’est déjà fait remarqué avec Dungeons 3, se lance dans une version, nouvellement intitulée Spacebase Startopia, que l’on attendait remise au goût du jour.
Le trip spatial proposé par Spacebase Startopia est du genre délirant, et pas qu’un peu. Le jeu vous propulse dans la peau d’un commandant encore bleu, qui va devoir autant faire ses preuves que supporter l’humour croquignolesque de l’intelligence artificielle VAL. Dans cet univers très futuriste et délirant, il est question de prendre place au sein d’une des stations abandonnées qui pullulent dans l’espace. Le but est d’y installer une sorte d’aire de repos pour les voyageurs de l’infini. Et c’est une tâche tout sauf tranquille : viser la cohabitation entre les nombreuses espèces, leurs besoins parfois paradoxaux, bref le bon fonctionnement de l’endroit, n’a rien d’un parcours de santé. L’ambiance est résolument tournée vers la comédie, comme lors des rares cinématiques présentant les conflits entre les différentes races. On regrette que Realmforge Studios ne soit pas allé plus loin à ce niveau, tant c’est réussit malgré des sous-titres français précieux mais parfois défaillants. Ces derniers sont heureusement bien plus soigné en cours de partie, rassurez-vous.
Si l’ambiance paraît de suite séduisante surtout grâce à l’humour piquant de VAL, il en est un peu autrement à propos de la prise en mains de Spacebase Startopia. Pas que ce soit bordélique, c’est même étonnamment propre en terme d’ergonomie des menus grâce à des raccourcis bien fichus (et signalés sur l’ATH). Par contre, on ne peut que vous conseiller très, mais très chaudement, de tout d’abord faire un tour dans le copieux tutoriel. Votre aire de repos pourra vite s’avérer un véritable Enfer si vous oubliez l’un des passages obligés. Mais avant de savoir quel structure construire en premier, il va d’abord falloir se faire à la jouabilité. Le joueur dirige le point de vue de la caméra, et l’on ne peut que noter un manque de précision dans les mouvements. Heureusement, Realmforge Studios en est conscient et fait en sorte de ne pas rendre les travaux trop précis. Par exemple, ramasser les ordures de ces sagouins d’extra-terrestres (dans l’espace, personne ne vote pour EELV !) pourra se faire en activant l’aspirateur, en maintenant le bouton Croix. Heureusement, car cliquer sur chacun des déchets se révèle vite une épreuve pour les nerfs.
Un humour très efficace, mais une prise en mains difficile
Mener à bien votre station orbital n’a en fait rien de sorcier, c’est même assez logique dans les faits. Bien entendu, il faut se lancer au plus vite dans la construction d’un lieu de vie, puis d’un filtre à air et autres pièces indispensables de ce genre. L’une des plus importantes est la recyclerie, obligatoire sous peine de noyer sous les déchets, et même afin de faire disparaitre des bombes qui apparaissent de temps en temps. Oui, des bombes. Bref, il est aussi question d’avoir le personnel nécessaire pour faire tourner tout ce bazar. Du coup, on recrute certaines espèces aliens qui ont toute leur apparence propre, mais aussi des jobs différents. Jusqu’ici, Spacebase Startopia est assez gérable, surtout que VAL, derrière ses vannes cruelles, apportent des conseils très précieux pour le bon fonctionnement de l’endroit. Par contre, il sera aussi nécessaire d’ouvrir les perspectives et, si le terrain de jeu est assez petit au début, il ne manquera pas de s’agrandir avec au total trois grandes parties à garder à l’œil. Là, ça devient parfois difficile de ne pas perdre le fil, et l’expérience devient parfois brouillonne. On se raccroche aux amélioration à apporter, aux combats contre les pirates grâce à des soldats qu’il aura fallu former dans leur poste de sécurité, etc. On vous conseille donc de toujours avoir un coup d’avance sur les événements, sinon le soft va vous noyer sous les punitions.
Les parties peuvent être assez différentes selon certains choix que vous aurez à effectuer. Choisir le type d’amélioration pour le robot-poubelle, par exemple, avec des effets différents selon votre sélection. C’est assez intéressant, notamment pour une rejouabilité plutôt élevée. D’ailleurs, Spacebase Startopia vaut principalement pour son mode bas à sable, la campagne solo imposant finalement trop d’objectifs, et ce même si on en apprécie l’ambiance et le travail sur le doublage. C’est en étant plus libre que l’on comprend un peu mieux toutes les mécaniques autour de la production et de l’échange des ressources. Cette partie sandbox, entièrement personnalisable, ravira les fans du genre, c’est une certitude. On peut aussi compter sur un mode multijoueurs étonnamment bon, jouable jusqu’à quatre et très porté sur la compétition. Dommage que, pour le moment, les serveurs ne soient pas plus fournis en joueurs.
Spacebase Startopia était attendu notamment pour sa technique, étant donné qu’il s’agit de l’un des rares jeux PlayStation 5 à sortir en ce moment. Et là, c’est plus mitigé. Ce n’est pas moche, mais les textures ne sont pas conformes à ce que l’on peut attendre d’un soft paru sur la génération de consoles la plus avancée du moment. Aussi, l’on n’a noté aucune vibrations dignes de la technologie haptique de la Dual Sense. Heureusement, cela reste fluide, les temps de chargement très réduits et, malgré un ou deux plantages en tout début de partie (on n’en a plus relevé par la suite, étrangement), on est globalement dans un rendu plutôt propre. L’ambiance sonore, elle, aurait mérité d’être plus marquée : on a parfois une absence de thèmes alors que la musique nous semble indispensable dans ce genre de trip.
Note : 14/20
Spacebase Startopia a quelques arguments à faire valoir, comme un humour piquant et un mode bac à sable idéal pour le genre. On émet tout de même quelques réserves, comme concernant le manque de précision de la caméra, et le chaos qui peut s’installer dès que le joueur doit passer d’une pièce à l’autre. Après quelques heures d’une prise en mains parfois difficile, on parvient pourtant à trouver notre rythme, bien aidé par un univers totalement barré et drôle, non sans oublié cette VAL aux vannes acérées. Clairement, les fans du soft de 2001 y retrouveront la substantifique moelle qui a fait mouche. Les nouveaux venus devront, eux, digérer quelques petits défauts.