Caractéristiques
- Titre : Digging For Life
- Réalisateur(s) : Joe Swanberg
- Avec : Jake Johnson, Rosemarie DeWitt, Sam Rockwell, Anna Kendrick, Orlando Bloom
- Distributeur : Sony Pictures
- Genre : Etats-Unis
- Durée : 85 minutes
- Date de sortie : 21 mars 2016 (e-cinema)
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Typiquement Sundance
Nous l’avons vu avec The Diary of a Teenage Girl, Sony et sa collection OVNI met un point d’honneur à nous faire découvrir des films indépendants en e-cinéma (ou VOD, pour ceux qui préfèrent cet acronyme). Alors, bien sûr, cette volonté que les cinéphiles ne peuvent qu’applaudir est aussi une véritable prise de risque, avec une dose de courage certaine. Avec Digging For Fire, et malgré un casting impressionnant, et une signature qui peut rassurer les habitués aux films « made in Sundance », la prise de risque est-elle récompensée ?
Digging For Fire débute alors que le couple formé par Tim (Jake Johnson) et Lee (Rosemarie DeWitt), ainsi que leur tout jeune enfant, emménage temporairement dans une grande maison. Celle-ci appartient à une cliente de Lee, professeur de yoga, et sera le lieu de départ d’une aventure séparée. En effet, après la découverte d’un pistolet rouillé et d’un os non loin de la maison, Lee va reprocher l’entêtement de Tim sur cette trouvaille, alors qu’il n’avance pas dans la gestion de ses impôts. Ainsi, la femme laisse à son homme un week-end, qu’elle décide de passer chez ses parents, avec son fils. Une respiration au cours de laquelle certaines choses vont se passer.
La lecture du pitch Digging For Life pourrait vous faire croire que l’ambiance du film est sombre, ou du moins réserve quelques problématiques de ce genre. Il n’en est rien. Le réalisateur, Joe Swanberg (qui a notamment réalisé un segment de l’anthologie horrifique V/H/S), est plutôt un habitué de ce quasi-genre du film « à la Sundance« , qui délivre un ton si reconnaissable, clivant mais assumé. Ainsi, l’ensemble n’a finalement que faire de son synopsis, ce qu’il cherche à remuer est plutôt ce qui se passe au niveau des conséquences sur le couple.
Une histoire de compromis
Car le véritable sujet de Digging For Life, c’est celui des compromis inévitables qui parcours la vie d’un couple marié. Une fois séparé, pour le temps d’un week-end, Tim invite une poignée d’amis à lui pour organiser une petite beuverie. Évidemment, l’un d’eux arrive avec deux copines, et s’instaure non pas une atmosphère de tentation grandiloquente, comme le public pouvait s’y attendre, mais quelque chose de plus réaliste, de plus lancinant, peut-être de plus étrange aussi. Car la grande force de Digging For Life est de capter le réel, et ce même s’il semble un peu « bobo », loin des souffrances de ce monde. Pareil du côté de Lee, dont le cheminement va lui faire rencontrer Ben, incarné par un étonnant Orlando Bloom, et qui elle aussi connaître les affres de la tentation
Le début de Digging For Fire, soit le synopsis, est partiellement inspiré de l’expérience de Jake Johnson. Du coup, on n’est à peine surpris d’apprendre que l’une des volontés de Joe Swanberg était de laisser une grande liberté à ses acteurs. On s’en rend compte dans les dialogues, où le concept peut parfois donner des moments savoureux, mais aussi d’autres un peu moins réussis, plus lourds. Digging For Life, comme beaucoup de films « à la Sundance », mise beaucoup sur la performance de son casting. Et sur ce point c’est une totale réussite : Sam Rockwell (3 Billboards) est excellent et méconnaissable, Anna Kendrick (Les Trolls) apporte toute sa sensuelle fragilité, les deux têtes d’affiches portent sur et en eux une sorte d’étrange mélancolie heureuse.
Il est certain que Digging For Fire ne rabibochera pas les détracteurs de ce cinéma « sundancien » avec les œuvres indépendantes américaines. Mais pour les autres, ils y trouveront l’intérêt d’un réalisateur doué pour des sujets intimistes, traités effectivement d’une façon un peu « indie », un peu bohémienne, mais qui arrive tout de même à parler. Signalons, pour finir, une bande originale d’une belle qualité, parfois un peu trop présente mais plutôt agréable à l’écoute.