Caractéristiques
- Titre : Jane Got a Gun
- Réalisateur(s) : Gavin O'Connor
- Avec : Natalie Portman, Joel Edgerton, Ewan McGregor
- Editeur : TF1 Vidéo
- Date de sortie Blu-Ray : 7 Juin 2016
- Date de sortie originale en salles : 27 janvier 2016
- Durée : 94 minutes
- Note : 7/10 par 1 critique
Image : 4/5
Le travail de Mandy Walker, dont la finesse avait déjà été remarqué dans Australia, est ici servi par un master DVD irréprochable : résolution constante, contrastes importants. Il manque peut-être un peu de grain pour bien coller à l’ambiance sale, à la Peckinpah, recherchée par Gavin O’Connor, mais il ne fait aucun doute que découvrir Jane Got a Gun avec cette édition se fait dans des conditions plus que satisfaisantes.
Son : 4/5
Jane Got a Gun propose deux pistes : Dolby Digital 5.1 et 2.0, toutes les deux en version française et originale sous-titrée dans la langue de Molière. On avait peur de l’équilibre, étant donné la partition très appréciable du duo formé par Marcello de Francisci et Lisa Gerard qui a tendance à tout de même prendre de la place. Heureusement, cette édition s’en tire très bien, les voix ressortent bien, et les musiques savent rester à leur place. Signalons tout de même que la version française, assez caricaturale, est à éviter.
Bonus : /
Aucun bonus dans cette édition, si ce n’est la version digitale offerte avec le DVD.
Synopsis
Jane Hammond est une femme au caractère bien trempé mariée à Bill, l’un des pires bandits de la ville. Lorsque celui-ci se retourne contre son propre clan, les terribles frères Bishop, et qu’il rentre agonisant avec huit balles dans le dos, Jane sait qu’il est maintenant temps pour elle de troquer la robe contre le pantalon et de ressortir son propre pistolet. Le meilleur espoir de Jane n’est autre que son ancien amour Dan Frost, dont la haine envers Bill n’a d’égal que son amour pour Jane.
Le film
On ne reviendra pas sur la naissance plus que difficile qui fut celle de Jane Got a Gun, nous avions déjà abordé le sujet au détour d’une news concernant le film. Le film, après un passage timide en salles, nous parvient aujourd’hui en DVD, l’occasion de revenir avant tout sur ses nombreuses qualités, mais aussi sur ses quelques défauts.
Jane Got a Gun est ce genre de film qui, à première vue, peut sembler mineur. Et pourtant. Western racé, qui rend hommage avant tout au cinéma de Sam Peckinpah, l’œuvre se suit avec un certain plaisir, notamment grâce à un scénario qui ne cesse d’aller à l’essentiel. Ce qui peut d’ailleurs porter atteinte au fondamental, on y reviendra, mais la forme a le mérite de proposer un spectacle fascinant. Le western l’est par nature et surtout filmé de la sorte, avec le Cinémascope qui nous balance des décors grandioses, que l’on pourrait observer des heures durant tant Gavin O’Connor les capte avec un supplément d’âme. Esthétiquement, Jane Got a Gun développe l’idée de plonger une femme de l’époque dans un environnement sale, poussiéreux, plein de personnalité. Natalie Portman, par ailleurs, livre une prestation correcte (ndlr : la comédienne fait l’objet d’un débat houleux à la rédaction), même si son rôle ne la sert pas vraiment.
Jane Got a Gun est un western féministe. Ce qui ne veut pas dire grand chose écrit comme ça, mais se traduit à l’écran par l’utilisation de stéréotypes pour lutter contre… les stéréotypes. Notre époque est décidément fascinante. Si la fameuse Jane est évidemment loin de la représentation que l’on se fait des femmes de cette époque (à tort ?), les hommes eux forment une galerie tout ce qu’il y a de plus clichée : violeurs, meurtriers, éperdument amoureux, kidnappeurs. A croire que le combat féministe se doit de passer par ce genre de description quelque peu flippante. Alors oui, vivre cette époque ne devait pas être de tout repos, mais si l’on se lance dans une envie nécessaire, pourquoi pas, de briser les stéréotypes, alors pourquoi s’arrêter au seul traitement des femmes ?
Passé cet accroc sur le fond, Jane Got a Gun est tout de même plaisant à suivre, voire même touchant. Les personnages sont finalement tous des âmes en peine dans un monde d’une brutalité bien rendue à l’écran. Le rapport entre l’héroïne et Dan Frost, joué par un très bon Joel Edgerton (qui a aussi participé au scénario, c’est à signaler tant il semble impliqué), apporte une touche de mélodrame bien vue, très touchante, sensible. Bon, la séquence de la montgolfière aurait pu ne pas se retrouver dans le montage final, mais même dans cet excès on est emporté par le destin si tragique de ces deux anciens amoureux. L’antagoniste, lui, ne transporte pas vraiment cette sympathie. Certainement la meilleur partition du casting, celle d’Ewan McGregor totalement méconnaissable (au point d’en faire des arrêts sur image pour bien vérifier) donne un bad guy classique mais odieux au possible. Jane Got a Gun forme un ensemble très efficace, qui distille les moments d’une tristesse calme, au milieu d’un récit pourtant bien mouvementé.
Au final, Jane Got a Gun peut agacer sur son traitement du féminisme, déséquilibré et cliché (bienvenue en 2016), mais se rattrape avec talent grâce à un récit prenant, des comédiens satisfaisants voire carrément excellents, et une imagerie du western qui fait le boulot. Les amateurs de beaux cadres en Cinémascope auront aussi de quoi faire : c’est parfois somptueux. Loin, très loin d’être le naufrage annoncé à l’emporte-pièce par certains, voilà un film qui mérite d’être découvert, ou redécouvert, à tête reposée.