Caractéristiques
- Test effectué sur : Playstation 4
- Existe aussi sur : PC, Xbox One
- Genre : Plateforme, Action
- Distributeur : Deep Silver
- Développeur : Tequila Works
- Sortie France : 21 juin 2016
Test
Sorti en 2012 sur XBox 360 et PC, Deadlight avait fait son effet dans la communauté des amateurs de jeux indés. Sorti en grande pompe lors du Summer of Arcade 2012, pendant lequel il fut considéré comme le meilleur de ce millésime, le jeu signé Tequila Works revient dans une Director’s Cut cette fois-ci éditée par Deep Silver, qui annonce que le jeu profite de cette nouvelle version pour être améliorée techniquement, mais aussi côté contenu. Deadlight méritait-il un tel traitement ? Clairement, oui, car même si le jeu n’était pas exempt de tout reproche (notamment côté durée de vie), le trip offert par ce soft de plateforme-action était si captivant que l’on peut comprendre l’envie de, notamment, le faire connaître à celles et ceux qui seraient passés à côté en 2012.
Histoire : 4/5
Deadlight Director’s Cut ne change pas la recette d’origine : on fait face à une histoire volontairement classique, typiquement « zombie-flick ». L’action prend place en 1986, et le joueur incarne Randall Wayne, l’un des survivants à ce qui devait bien finir par arriver : l’invasion des morts-vivants. Le personnage, un ancien garde-champêtre canadien, fait partie d’un petit groupe de rescapés au bout du rouleau. Alors que la situation dégénère, la troupe est séparée, et Randall livré à lui-même. Un signal radio lui indique que Seatle abriterait une zone sécurisée, sorte de refuge à corps sains. Dès lors, il fonce vers cette destination, car non seulement le personnage a un peu chaud au cul, mais surtout il est possible que la femme et l’enfant de Randall s’y trouvent. Une histoire sans fioritures, mais loin d’être creuse. Sans être non plus une révolution du genre zombie, Deadlight Director’s Cut offre de quoi se prendre au jeu, notamment en travaillant notre rapport à l’avatar grâce à son journal intime, que le joueur peut lire à sa convenance, et qui nous éclaire juste ce qu’il faut sur son passé.
L’atmosphère de Deadlight Director’s Cut est une belle réussite. Notamment grâce à la direction artistique sur laquelle nous reviendrons plus loin dans ce test, mais aussi grâce aux petites infos glanées ici ou là, notamment sous forme de coupures de journaux. On comprend en cours de route ce qui a bien pu se produire pour plonger le monde dans le chaos absolu, et même si là encore on ne trouve rien de bien original, l’ensemble est assez bien maîtrisé pour créer un véritable intérêt. Si l’on n’est jamais pris d’une frousse terrible, d’ailleurs il est très clair que les développeurs ne cherchaient pas à créer ce sentiment, on est tout de même plongé dans ce Deadlight Director’s Cut, d’autant plus pour les amateurs d’ambiance post-apocalyptique.
Alors certes, Deadlight Director’s Cut n’a rien de transcendantal dans son scénario, mais il serait injuste de le considérer comme anecdotique. On est en pleine série B de qualité, même si tout n’est pas parfait. Le deuxième acte, dans les égouts d’un protagoniste qui s’est auto-baptisé Le Rat, est clairement un peu en-dessous : il propose de bonnes choses notamment le rapport à l’enfant de ce personnage atypique, mais tout se résume un peu trop aux différentes épreuves qu’il nous fait passer. Autre regret, la voix de Randall Wayne fait dans l’exagérément « badass », au risque de rendre le personnage un peu bourrin. C’est sans doute recherché, étant donné que Deadlight Director’s Cut rend clairement hommage au cinéma bis des années 1980, mais parfois les bonnes idées ne se matérialisent pas comme on l’entend. Rien d’éliminatoire, très loin de là, comme le prouve le plaisir que l’on a à déceler les références à pas mal de films de genre. On voit évidemment du 28 jours plus tard, mais aussi du… Zombie 3 : celles et ceux qui ont encore l’image finale de ce nanar culte signé Fulci (enfin, plus ou moins) auront droit à un clin d’œil toujours bienvenue.
Gameplay : 5/5
Deadlight Director’s Cut s’appuie sur un travail d’origine, de 2012, qui avait tellement fait ses preuves que l’on ne voyait pas trop ce qui était à changer. La réponse était si évidente que l’on n’est pas spécialement surpris des amélioration finalement peu nombreuses apportées à l’ensemble. Tout juste on peut sentir une meilleure limpidité dans les animations, ça enchaîne mieux. Mais c’est tout, et pour le reste on est dans cette approche très « Prince of Persia-like » qui a fait le succès du titre original. Que les nouveaux-venus le sache : Deadlight Director’s Cut est plus un « platformer » qu’un jeu d’action. Randall doit traverser les environnements du mieux possible, et éviter au maximum les corps-à-corps avec les morts-vivants. Car les munitions se font très rares, et le contact direct avec les zomblards, à l’aide de la hache, tirera à fond sur votre stamina.
Comme on le voit, Deadlight Director’s Cut fait en sorte que le joueur ne puisse pas se sentir capable de venir à bout d’une horde de monstres affamés. Il va falloir s’accrocher à des rebords, monter des échelles, bondir au-dessus de ravins impressionnants (ou de groupes de morts-vivants), et quelques autres figures acrobatiques que nous vous laissons découvrir. Attention, car la barre de stamina se vide dans chacun de ces cas, et une fois vidée vous serez aussi démuni qu’un zombi face à une armée de fusils d’assaut. Le tout sort divinement bien, avec un feeling que l’on décrira comme effectivement proche de Prince of Persia, mais adapté à notre époque. Comprenez par là que le personnage est plus précis, moins « 36 tonnes », et son inertie est tout à fait justifiée par ses animations. Deadlight Director’s Cut multiplie les bonnes idées, comme cette roulade qui sert à amortir les trop grosses chutes, mais surtout le soft met un point d’honneur a bien mettre en situation ces actions tout du long.
Le soft est un vrai plaisir à jouer, et ce même dans ses passages les plus compliqués. Tout reste très gérable, surtout en mode normal, mais retenez que l’univers de Deadlight Director’s Cut est cohérent avec son gameplay. Cela veut dire que le joueur n’est jamais réellement à l’abri, tranquille. Certaines plateformes peuvent s’écrouler sous votre poids, et quelques passages vous demanderont d’agir en vitesse sous peine de mourir immédiatement. Un aspect parfois « die & retry », mais seulement sur quelques portions de jeu qui, par ailleurs, sont un plaisir à traverser tant les commandes sortent bien. Il faut tout de même préciser que Deadlight Director’s Cut ne cherche jamais à être punitif, ce n’est clairement pas l’objectif. Les sauvegardes automatiques très nombreuses sont là pour le prouver. Bon, par contre le tout nouveau mode « Cauchemar » est du genre à vous faire dresser les cheveux sur la tête : ne serait-ce qu’un contact avec un zombie et c’est la mort assurée. Précisons que cette difficulté, débloquée en fin de premier run, donne droit à une deuxième fin… et qu’elle vaut le coup d’œil. Pour finir ce tour d’horizon, le jeu est parsemé d’objets à collecter, ce qui pousse parfois à démontrer le talent du joueur pad en mains.
Technique et ambiance sonore : 2/5
Deadlight Director’s Cut utilise l’Unreal Engine 3, ce qui lui donne de suite un aspect un peu daté heureusement sauvé par une direction artistique de grande qualité. La grande nouveauté de cette version est surtout le 1080p, pour tout ce qui est textures on garde les mêmes et on recommence mais en plus lisse. Petite amélioration, qui ne se fera remarquer que par les yeux les plus attentifs mais tout de même : les effets de lumière sont plus convaincants dans l’ensemble, notamment dans les égouts. Par contre, on aurait apprécié que quelques bugs de contacts soient corrigés, mais ce n’est pas le cas : l’avatar s’enfonce toujours à moitié dans le mur quand il tombe à proximité, par exemple. Regrettable, mais pas de quoi oublier la bonne tenue de l’ensemble (signalons ici que ces menues imperfections ne se déclarent nullement dans le gameplay en lui-même), écrivons que Deadlight Director’s Cut a des manquements purement techniques que la cohérence de sa direction artistique se charge de les faire oublier. Le jeu d’ombre et de lumière, qui utilise parfaitement les contre-jours faisant des personnages (et zombies) de sombres formes au sein d’un monde plongé dans un chaos généralisé. Un jeu joli à regarder.
Côté compositions, Deadlight Director’s Cut profite du talent de David Garcia, qui depuis la sortie du jeu original est aussi de l’aventure sur Rime (autre jeu de Tequila Works) et Hellblade, le prochain soft signé Ninja Theory. On est typiquement dans une besogne d’accompagnement, qui habite les images et donne le supplément d’âme indispensable. On en parlait plus haut, la seule retenue que nous avons est ce doublage trop appuyé de Randall, qui lui donne un rendu bourrin pas spécialement bien senti. Heureusement, les autres protagonistes ne sont pas touchés par ce choix malencontreux, et aucun bruitage ne nous a semblé hors de propos.
Durée de vie : 3/5
C’était le point faible du jeu d’origine : le premier run de Deadlight Director’s Cut est court, tout au plus 3 heures. Cependant il faut tout de même préciser que le jeu vous retiendra sans doute plus de temps, car vous allez devoir y revenir : pour les objets cachés et le fameux 100%, mais aussi pour se frotter au mode Cauchemar qui, rappelons-le, propose une fin alternative. Si le soft reste inchangé dans son contenu scénaristique (à part cette nouvelle conclusion, donc), cette nouvelle version propose un nouveau mode : Survie. On retrouve Randall, évidemment seul, dans un hôpital abandonné… enfin presque, car une horde de zombies semble avoir décidé d’en faire son terrain de jeu. Pris d’assaut, vous allez devoir récolter des armes, gagner du temps en bloquant les entrées avec des blocs destructibles, et faire preuve d’une sacrée maitrise pour rendre un temps réellement intéressant. C’est plutôt sympathique, surtout pour celles et ceux qui aiment exhiber leur meilleur temps imbattable. Autre apport de cette ressortie, du contenu d’intérêt documentaire dans le menu « Souvenirs de Randall ». Outre que vous y trouverez la galerie des secrets cachés, le journal de Randall (aussi disponible en plein jeu) et les jeux portables (trois mini-games à dénicher pendant l’histoire), vous aurez droit à ces bonus : une galerie d’artworks, une autre dédiée aux travaux préparatoires, et 11 vidéos (les trailers du jeu et une poignée de making-of retraçant la création du soft). Une fois essoré, Deadlight Director’s Cut vous aura retenu entre 6 et 8 heures selon votre niveau. Ce qui reste, en fin de compte, tout à fait correct.
Note finale : 14/20
Quatre ans après sa sortie originelle, Deadlight Director’s Cut se rappelle à nos bons souvenirs et reste ce platformer fun à jouer malgré des imperfections qu’on lui pardonne aisément. On aurait aimé que certains petits bugs de contact disparaissent dans l’opération, mais même en l’état on replonge dans cet univers avec un certain plaisir, notamment pour son gameplay, sa direction artistique, et ce nouveau mode de difficulté « Cauchemar » qui mérite bien son titre. Si, pour les joueurs ayant déjà fait le soft sur la version originale, l’intérêt sera un peu limité, voilà l’occasion parfaite pour les nouveaux venus de découvrir un jeu décidément bien attachant.