Caractéristiques
- Titre : Basket Case 3
- Réalisateur(s) : Frank Henenlotter
- Avec : Kevin Van Hentenryck, Annie Ross, Gil Roper
- Editeur : Carlotta
- Date de sortie Blu-Ray : 7 Septembre 2016
- Date de sortie originale en salles : 1991
- Durée : 90 minutes
- Note : 8/10 par 1 critique
Image : 5/5
Basket Case 3 profite d’un master irréprochable : le grain et la colorimétrie sont respectés, le niveau de détails ne déçoit pas et les contrastes sont nickels. On ne pouvait pas rêver mieux pour découvrir un tel film.
Son : 4/5
Basket Case 3 n’étant jamais sorti en France, ni au cinéma ni en vidéo, cette édition propose l’unique version originale sous-titrée en français. La piste en DTS-HD Master Audio 2.0 est hautement satisfaisante, l’équilibre général traite bien les voix et ambiances sonores, notamment lors des séquences mouvementées. Du très bon travail.
Bonus : /
La bande annonce de Basket Case 3 est le seul bonus de cette édition.
Synopsis
Mamie Ruth décide d’emmener ses pensionnaires en vacances chez son ami le docteur Hal Rockwell. Elle compte sur lui pour aider la petite amie de Belial qui est sur le point d’accoucher. Mais la tranquillité de la maisonnée est vite troublée par la cupidité des shérifs locaux qui souhaitent empocher le million de dollars pour la capture des frères Bradley…
Le film
Après une première vague dont les thèmes s’attardaient sur l’auto-défense, le système américain défaillant et l’action « over the top » carrément patriotique (retrouvez nos test de Maniac Cop, Exterminator, Blue Jean Cop et Le Scorpion Rouge), l’éditeur Carlotta revient à la charge avec son inestimable Midnight Collection. Le principe de celle-ci plaira beaucoup aux amateurs d’un cinéma varié : nous replonger dans l’époque des VHS les plus recherchées (et les moins mises en avant, ça va de pair) de la fameuse « époque vidéoclub » grâce à des films évidemment bis et, pour certains, devenus totalement cultes. Au menu de cette deuxième vague, nous allons voir que le fil conducteur est en fait un réalisateur qui sera à l’honneur de l’Étrange Festival 2016 : Frank Henenlotter, dont nous allons retrouver quatre de ses meilleurs films. On pourra donc compter sur Frankenhooker, Basket Case, sa suite et le troisième opus que nous allons abordons dans cet article.
Basket Case 3 n’est pas sous-titré « La Progéniture » pour rien. Troisième et dernier volet d’une sage qui n’avait pas spécialement lieu d’être après un premier film aussi culte que bouclé, l’œuvre ne démérite pourtant pas, à l’image de son prédécesseur certes déjà moins mémorable que le premier mais tout de même agréable. Aux commandes artistiques, on retrouve bien évidemment Frank Henenlotter, et celui-ci est du genre à avoir de la suite dans les idées. Alors que le second opus se terminait sur une « réunion forcée » de Duane et Belial, après que celui-ci ait copulé avec Eve, sa semblable au féminin. Basket Case 3 débute comme son prédécesseur : on défait tout et on continue. Le duo infernal retrouve son état de séparation et se trouve toujours sous la coupe de Ruth, une sorte de gourou pour monstres. Par contre, ils seront vite rejoints par une bien laide tripotée d’amas de chair, résultante d’un amour hideux mais sincère…
Basket Case 3 poursuit cette volonté de donner dans le grotesque et le comique de situation parfois un peu lourdingue. Que les amateurs de cette ambiance aussi malsaine que bourrée d’humour très noir qui a fait le succès du premier se le disent : ce n’est plus au programme. Cependant, cela ne signifie pas que Frank Henenlotter s’est totalement donné au mainstream, poussé qu’il était par la société Shapiro Glickenhaus Entertainment. On trouve dans Basket Case 3 tout de même pas mal de moments gratinés, plus du tout effrayants mais purement délirants. Sous l’impulsion de Ruth, la bande de monstres part en visite chez son ami Hal, docteur de profession. Qu’il est loin le temps des rues sordides de New-York, et alors que la première suite se déroulait dans une banlieue cossue, Basket Case 3 opte pour une petite bourgade de province. L’arrivée de la repoussante colonie en ville se fait dans l’anonymat d’un car aux vitres teintées. Cependant, Duane et son implacable envie de se trouver une petite amie va, encore une fois, jouer avec le feu et attirer le regard sur l’épouvantable clan. Débute alors ce qui peut s’apparenter plus à un film d’action qu’autre chose : ça prend d’assaut, ça défouraille un peu au fusil à pompe.
Basket Case 3 est sans doute le film le moins personnel de Frank Henenlotter. Si l’on retrouve évidemment son obstination à décrire une cellule familiale qui a du mal à fonctionner sans les belles apparences de façades, et si l’on sent bien l’envie d’en découdre avec les bonnes conventions, le réalisateur se met tout de même pas mal en retrait. Il n’est plus la seule plume au scénario, et le montage revient à quelqu’un d’autre. Qu’on se le dise, le film n’existe que par contrat, mais cette évidence ne signifie pas que Henenlotter prend sa mission par-dessus la jambe. Cela reste exemplaire techniquement, les cadres sont toujours aussi nets, et ses petits sourires en coin imagés fonctionnent très bien . Basket Case 3 part un peu dans tous les sens certes, pour terminer dans une sorte de remake grotesque et fendard d’Aliens. On pense aussi fortement à Krang, des Tortues Ninja, ce qui semble logique tant l’impression cartoonesque de l’ensemble est puissante. C’est toujours sanglant, ne vous en faîtes pas, mais écrivons que l’atmosphère est moins construite pour rendre ces soubresauts effrayants que pour en rire.
Basket Case 3 se regarde sans aucun mal, même si l’on regrette la tonalité poil à gratter si chère au réalisateur. Alors de Frank Henenlotter en a terminé avec les Bradley, d’ailleurs le temps d’apparition du duo est en chute libre dans ce troisième opus, le metteur en scène va disparaître des écrans. Et pas pour un court laps de temps, non, mais seize longues années au cours desquelles on le retrouvera pour des projets éditoriaux, comme sa participation à Something Weird Video (pour qui il dirige la collection « Sexy Shockers »). Il reviendra au meilleur de sa forme avec un Sex Addict qui, lui aussi, commence à dangereusement dater (2008). Basket Case 3 est donc la dernière œuvre de la première époque Henenlotter, alors que la décennie 1990 signera la fin des vidéoclubs, une époque bénie qui aura forgé la curiosité cinéphile de beaucoup d’entre nous. Rien que pour cette condition, et aussi parce qu’il est totalement inédit en vidéo, le film mérite d’être découvert…