Caractéristiques
- Titre : The Bodyguard
- Réalisateur(s) : Yue Song
- Avec : Yue Song, Xing Yu, Collin Chou
- Genre : Action
- Pays : Chine
- Durée : 89 minutes
- Note du critique : 2/10 par 1 critique
Après avoir été élevé dans la tradition des arts martiaux, Wu-Lin arrive en ville et se fait remarquer par un riche homme d’affaires. Ce dernier lui propose de devenir le garde du corps de sa fille Faye. Quand celle-ci se fait enlever, Wu-Lin va devoir mettre en pratique ses années d’apprentissage.
La critique
Après un The King of the Streets pas passé inaperçu chez les amateurs de films dingo, Yue Song revient avec un The Bodyguard à la grosse réputation. Passé maître dans la maîtrise du buzz sur Internet, notamment en postant des vidéos totalement surréalistes et drôles de lui en plein pseudo-entraînement, le réalisateur se devait peut-être d’accentuer le côté fou furieux de son action, mais aussi de progresser côté mise en scène. Ce n’était pas gagné tant il partait de loin, et on va voir si ce nouvel effort est celui de la maturité formelle.
Autant couper court sur un élément que certains pouvaient attendre au tournant : non, Yue Song n’a pas décidé de prendre au sérieux son scénario. Le récit de The Bodyguard est un tel chaos, pas aidé par l’incapacité du réalisateur à mettre en place une véritable structure, que l’on abandonne très vite toute envie de comprendre quoi que ce soit dans ce bordel généralisé… et même pas fun. Qu’un film ne raconte rien au profit d’une action débridée : on est loin, très loin d’être contre, vous le savez si vous nous lisez de temps en temps. Le problème est que ce néant doit tout de même être pensé, équilibré, pour ne pas non plus tomber dans un fatras incompréhensible et lassant. C’est malheureusement le cas de The Bodyguard, qui nous balance son histoire de vengeance d’une manière tellement je-m’en-foutiste que l’on a du mal à ne pas regarder sa montre toute les dix minutes.
Et ce ne sont pas les combats, ou séquences d’action, de The Bodyguard qui relèvent le niveau. Oui, certaines séquences sont superbement fun, notamment cette course-poursuite entre une voiture et le héros… à pied. C’est crétin au possible, plutôt réussi, mais il manque quelque chose. Un élément indispensable : la visibilité. Yue Song n’a pas du tout progressé à ce niveau, et on a beau entendre l’argument du « c’est fait pour singer certaines réalisations », on rétorque que c’est la pire idée jamais émise au cinéma. On prend comme exemple l’un des combats en fin de film, une baston gigantesque dans la pure tradition de l’homme seul contre tous. C’est tellement filmé avec les pieds que l’on n’est pas loin de se demander si Paul Greengrass n’est pas venu filer un coup de main à Song.
Encore pire : le montage de The Bodyguard est tellement nullissime que l’on se demande ce qu’il s’est passé pour que cette œuvre sorte d’une station digne de ce nom. Yue Song s’assoit sur les règles élémentaires du sens du regard, sans pour autant maîtriser, par exemple, la transgression de la règle des 180 degrés. Un étudiant en première année de cinéma serait plus compétent que le monteur de ce film. Si l’on ajoute une envie de donner à The Bodyguard un aspect un peu dessin animé, mais complètement sous-exploitée (« regardez mes transitions colorées »), on obtient un résultat hautement décevant, loin d’être aussi marrant qu’un The Story of Ricky, ni aussi savoureux artistiquement que n’importe quel Stephen Chow. Même si, signalons-le, une vanne concernant le vin aura réussi à faire pleurer de rire (avec des larmes, et tout) votre humble serviteur. Maigre compensation.