Caractéristiques
- Titre : La vengeresse
- Titre original : Revengeance
- Réalisateur(s) : Bill Plympton & Jim Lujan
- Avec : les voix de Jim Lujan, Charley Rossman, Robert LuJane, Lalo Alcaraz
- Distributeur : Ed Distribution
- Genre : Animation
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 71 minutes
- Date de sortie : 5 Avril 2017
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Synopsis
Les aventures de Rod Rosse, un chasseur de primes qui accepte un contrat commandité par un ancien biker devenu sénateur, surnommé Deathface. Sa mission : récupérer un colis dérobé et revenir avec la voleuse…
La critique
Trois ans après Les amants électriques, Bill Plympton est de retour avec un nouveau long-métrage d’animation, co-réalisé pour la première fois avec le très prometteur Jim Lujan et présenté en avant-première mondiale à L’Étrange Festival, en présence du cinéaste américain. En quelques mots, il explique au public la genèse particulière de ce projet : il avait rencontré Lujan plusieurs fois au Comic Con de San Diego et celui-ci, grand fan de Plympton, lui laissait des DVD de ses propres courts-métrages d’animation. Films que le réalisateur n’avait jamais eu le temps de regarder (on lui en passe tout le temps), jusqu’au jour où, n’ayant rien d’autre à faire, il en glisse un dans son lecteur DVD et reste sidéré par le talent du jeune animateur, qui fait également les voix de ses personnages. Il appela alors Lujan pour lui proposer de co-réaliser un long-métrage avec lui, qui deviendrait donc ce Revengeance (La Vengeresse en VF).
Intégralement scénarisé par Jim Lujan, qui fait également la voix de pas moins de neuf personnages différents et compose une partie de la musique, réalisé et animé par Bill Plympton et monté par les deux artistes, La vengeresse est un thriller/road movie fortement influencé par le cinéma de Quentin Tarantino (qui est d’ailleurs remercié en fin de générique) et des frères Coen, parfaitement cohérent, dans le ton comme le style, avec l’oeuvre de Plympton, tout en étant bien plus bavard et plus élaboré dans son scénario à tiroirs délirant. Une ancienne star du catch schwarzeneggesque devenue sénateur, un chasseur de primes, des fanatiques religieux, une femme fatale et bien d’autres se télescopent tout au long des 1h10 de film, prétexte à un certain nombre de séquences génialement saugrenues, où l’on verra par exemple le héros virevolter dans les bras d’un travesti poilu.
Si le film est peut-être un poil trop bavard, la collaboration de Plympton et Lujan s’avère tout à fait concluante et se pose comme une évidence tant l’alchimie entre eux est visible. Référence pour tous ceux qui souhaitent réaliser des films d’animation pour adultes avec une dimension trash et grotesque, Bill Plympton montre qu’à 70 ans, il a toujours une forme de jeune homme et continue d’évoluer. La vengeresse, financé en partie par le réalisateur lui-même, qui a d’abord commencé par lever des fonds grâce à une campagne Kickstarter, possède à priori un budget plus faible que Hair High (2004), qui était son projet le plus cher et sans doute son chef d’oeuvre, mais l’inventivité ne fait jamais défaut et aboutit à un résultat aussi maîtrisé que marquant. Brassant les images de l’imaginaire américain, Plympton et Lujan nous offrent un film à l’humour débridé et cinglant épinglant les travers de l’oncle Sam, parfois scato (comme souvent chez Plympton), définitivement irrévérencieux et qui, on l’espère, aura également une vie en salles aux États-Unis, où le cinéaste a parfois du mal à être distribué. La sortie française, elle, devrait être bientôt annoncée.