Caractéristiques
- Titre : Realive
- Réalisateur(s) : Mateo Gil
- Avec : Tom Hughes, Charlotte Le Bon, Oona Chaplin, Barry Ward
- Distributeur : Condor Distribution
- Genre : Drame, Science Fiction
- Pays : Espagne, France, Belgique
- Durée : 112 minutes
- Date de sortie : 6 Juin 2018
- Note du critique : 4/10 par 1 critique
Synopsis
Marc Jarvis, trentenaire, apprend qu’il est atteint d’un cancer et décide de se faire cryogéniser. Dans les années 2080, il devient le premier mort cryogénisé jamais ressuscité. Mais il est hanté par ses souvenirs, en particulier ceux liés à la femme qu’il aimait, Naomi.
La critique
Troisième film pour le réalisateur Mateo Gil, surtout connu pour ses collaborations scénaristiques avec Alejandro Amenabar (sur les scénarios de Tesis et Ouvre Les Yeux notamment). Côté réalisation c’est un peu plus dur pour lui. Après le western Blackthorne, qui n’a pas laissé de très bon souvenirs en abordant Butch Cassidy de manière très superficielle, Realive se devait donc de redresser la barre. Cette fois-ci, le sujet nous emmène à la science-fiction, plus précisément à la cryogénisation. Sujet déjà pas mal abordé par le cinéma de genre (Demolition Man, Forever Young, Hibernatus), voilà que Mateo Gil semble décidé à lui donner un petit coup de plumeau. Seulement, était-ce réellement une bonne idée ?
Dans sa capacité à capter les réactions humaines, Realive est une réussite. Le thème de la cryogénisation ne peut qu’être connexe avec celui de l’immortalité, donc de notre rapport avec la mort. Mateo Gil s’empare d’un personnage principals très actuels, qui ont d’ailleurs tout de tellement probable qu’ils pourraient être perçus maladroitement comme des clichés. Marc est un jeune homme à qui tout réussit, ou presque. En fait, tout le superficiel que peut offrir notre société lui sourit, mais pas ce qui se rapporte au plus profond, et de plus important : l’amour et la santé. Alors qu’il vient d’apprendre qu’il va mourir, et que celle qu’il aime depuis des années vient enfin de lui être disponible, tout tombe à l’eau. Et le personnage a alors la réaction la plus plausible, celle que l’on aurait toutes et tous : vouloir survire à cette époque, afin qu’une autre plus avancée médicalement puisse le guérir. D’où le recours la cryogénisation.
https://www.youtube.com/watch?v=kGwo89ijfP4
Jusqu’ici, Realive est cohérent, seulement tout va très vite exploser en plein vol : la réalisation de Mateo Gil, son scénario, ses dialogues et même son casting. Tout d’abord, on ne peut passer à côté du fait qu’on est là face à un film de scénariste, avec tout ce que ça comporte de tics parfois gonflant. On pense évidemment à ce découpage en chapitres, superficiel au possible. C’est d’ailleurs le cas pour tout le formel et le visuel, avec une esthétique de pub peu ragoûtante. Mais, surtout, ce sont ces monologues, par le biais desquels le réalisateur pense pouvoir faire la lumière sur « le sens de la vie » qui posent de réels problèmes. Bon sang, que c’est long, interminable et, en prime, pas si intelligent alors que ça s’en donne les airs. Realive passe à fond par le surlignage, ne fait pas confiance au sens de l’image pour évoquer au public des sentiments, et non les lui donner en pâture à grands coups de discours embarrassants (et baignés de violons, pathos à fond la caisse).
Dès lors, l’équilibre de Realive est menacé, et à force d’être rendu instable il cède, et emporte avec lui un casting qui peine à convaincre. On pense surtout à Tom Hughes, qui a pourtant le film sur les épaules. Quant au spectateur, il suit sans grande passion un scénario sans surprises, sans éclat. Il est témoin d’un rebondissement absolument improbable, qui par ailleurs va provoquer un final des plus malaisé vu sur un grand écran. On ne vous spoilera aucunement, écrivons simplement que l’émotion recherchée cache bien mal un fond traité de manière bien maladroite. Au final, Realive est un ratage sur bien des points, beaucoup trop pour remporter notre adhésion. Par contre, il réussit tout de même à nous intéresser de par sa science fiction certes froide, propre sur elle, mais pas dénuée d’un certain charme. On pense évidemment à tous ces objets qu’on aimerait voir en vente dans les années à venir, on vous en laisse le plaisir de la découverte. Un intérêt pour le genre dans lequel s’inscrit le film, donc, mais rien de plus.