Caractéristiques
- Réalisateur(s) : Lee Unkrich
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Genre : Animation, Famille
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 1h40
- Date de sortie : 14 juillet 2010
- Note du critique : 10/10 par 1 critique
Les magiciens de Pixar renouvellent l’exploit
Douze ans après leurs secondes aventures, Woody, Buzz, Jessie, Mr et Mmme Patate et tous leurs amis sont de retour dans Toy Story 3. Deux films cultes qui ne font pas simplement partie des meilleurs Pixar, mais des plus beaux films d’animation jamais réalisés.
Suite est très rarement synonyme de réussite artistique, encore plus chez Disney qui sort directement celles-ci (généralement assez bâclées) en DVD. Mais bien que le rachat de Pixar par les studios de l’oncle Walt soit devenu effectif en 2006, l’équipe de John Lasseter (à présent directeur artistique des studios Disney) a toujours conservé son identité et son autonomie.
Dans une ambiance détendue de franche camaraderie à faire rêver de nombreux animateurs, ils ont toujours su, film après film, se surpasser en n’ayant en tête que la réussite artistique de chacun de leurs long-métrages. Et si suite il y a, celle-ci est logiquement destinée au cinéma et n’est pas considérée comme un film mineur.
C’est encore plus vrai de Toy Story 3, qui réussit à surpasser le deuxième volet voire même le premier (qui reste cultissime) en faisant preuve d’une inventivité sans égale.
Woody et ses amis relégués au placard !
Andy, le propriétaire de Woody, Buzz et des autres jouets a désormais dix-sept ans et s’apprête à partir pour l’université. Cela fait de nombreuses années qu’il n’a plus joué avec ses anciens amis, les laissant confinés dans le coffre en bois qu’il a gardé dans sa chambre.
Forcé à faire du tri avant son départ pour le campus, il décide de n’emmener que Woody avec lui et de reléguer les autres au grenier, dans un sac poubelle qui se retrouve malencontreusement sur le trottoir pour le ramassage des ordures. Échappant de peu au pire, ils se glissent in extremis dans un carton de jouets en route pour Riverside, une « charmante » garderie où ils se font de nouveaux amis, dont Ken, qui devient aussitôt l’âme sœur de Barbie. Mais leur joie sera de courte durée…
Aussi hilarant qu’émouvant, Toy Story 3 met ainsi en scène le cauchemar ultime des jouets, après la crainte d’être remplacé ou perdu : que l’enfant auquel ils appartiennent grandisse et les délaisse. La psychologie des personnages est en ce sens toujours aussi brillante, et les situations qui en découlent sont du pur bonheur. Nous retrouvons la majorité des personnages des deux premiers films (à l’exception de quelques uns, dont la Bergère, le pingouin qui chante et l’écran magique) , chacun ayant son lot de moments de bravoure et de scènes qui creusent un peu plus loin leur personnalité.
Un film débordant d’émotion
Emotion et nostalgie sont présentes dès le départ lorsque nous passons d’une scène d’ouverture épique et drôlissime, où les héros jouent au Far West en compagnie d’Andy, au présent, où nous nous apercevons qu’il s’agissait simplement d’une vieille cassette que regardait la mère de l’adolescent pour se remémorer l’enfance de son fils.
Le temps a passé et cette nostalgie imprègne tout le film, jusque dans ses derniers moments, qui feront verser des larmes à flot à bien des spectateurs. Car Toy Story 3 ne nous permet pas simplement de retrouver notre âme d’enfant, il nous fait également revivre cette période délicate où, bien que pas encore adultes, nous réalisons que nous avons quitté le monde de l’enfance et mesurons toute l’importance et la magie de ces années.
Du paradis à l’enfer
Face à ce passage du temps inexorable, Woody et sa bande décident de rester unis et, dans la continuité des deux premiers films, Toy Story 3 propose une ode à l’amitié et à la solidarité qui trouve ici son aboutissement ultime. Ce qui tranche avec la garderie de Riverside, dont les jouets sont dirigés par un gros ours en peluche rose qui sent la fraise, Lotso !
La manière dont les jouets passent du paradis (lorsqu’ils découvrent ce lieu immense rempli d’enfants et de jouets amicaux) à l’enfer (les tout-petits qui ne prennent pas soin d’eux et risquent de les casser, les autres jouets pas forcément aussi solidaires qu’on l’aurait cru) est une excellente trouvaille et la manière dont les objets de la vie courante sont employés par les jouets pour construire leur monde est, encore plus que dans les précédents films, pleine d’inventivité.
Des scènes d’anthologie hilarantes
Comme nous le disions plus haut, le film est également hilarant et présente de nombreuses scènes d’anthologie, comme ces passages où les amis de Buzz, qui tentent de le remettre en état de marche normal après que les vilains jouets l’aient déréglé, le mettent accidentellement en mode hispanique, ce qui créé un changement d’attitude des plus jouissifs chez l’astronaute, qui se transforme tout d’un coup en latin lover.
L’imposante galerie de nouveaux personnages n’est pas en reste, et le plus drôle de tous n’est autre que Ken, qui tombe tout de suite amoureux de la poupée Barbie délaissée par Bonnie, la petite sœur d’Andy. Très très queer (normal, pour un simple accessoire de Barbie, comme le précise l’un des jouets), il vit dans la maison de rêves de la célèbre poupée, est accro à la mode et est aussi bête que rempli de bonne volonté, ce qui ne l’empêche pas de posséder un côté plus sombre. La scène où il fait un défilé de mode dans son immense garde-robe pour les beaux yeux de Barbie est un des moments les plus drôles du film, suivi d’un moment de « torture psychologique » à pleurer de rire.
Toy Story 3 : plus fort que Iron Man 2 ?
Un autre aspect impressionnant du film est la manière dont les passages d’action rocambolesques s’enchaînent, à faire pâlir d’envie de nombreux blockbusters, mais le tout à hauteur de jouets ! Présentant un certain nombre de scènes d’évasion (des toilettes, de la garderie…), le film réussit à établir et maintenir un suspense de plus en plus insoutenable dont le paroxysme est atteint vers la fin, qui se déroule dans une déchetterie. Passage hallucinant, non seulement d’un point de vue technique mais surtout narratif, qui ne sera pas égalé de sitôt et donne à voir toute l’étendue du génie de l’équipe Pixar. C’est d’autant plus fort que jamais le spectaculaire de l’action ne prend le pas sur le rire ou l’émotion.
Cette alchimie parfaite nous laisse scotché à notre fauteuil, émerveillés. C’est donc à regret que nous sortons de ces 1h44 de pur bonheur, les yeux baignés de larmes par un final des plus émouvants auquel succède un générique qui présente de petites saynètes qui nous font de nouveau pleurer de rire. On ne peut que remercier Pixar de nous offrir un film d’animation qui place la barre aussi haut pour notre plus grand plaisir ; un film que l’on a hâte de faire découvrir à ses enfants aux côtés des autres productions du studio, des plus beaux films de Disney ou encore des Miyazaki. Avec une seule envie : retrouver au plus vite Woody, Buzz et les autres, que l’on n’est pas près de laisser trop longtemps dans un bac.