Cela faisait un bon moment que je ne vous avais pas parlé séries TV dans ces colonnes. Je prends donc le temps de remédier à la situation et, avant des critiques plus complètes d’autres
programmes qui donneront lieu à des analyses détaillées, voici un petit bilan des quelques séries que j’ai visionnées.
Ringer saison 1 (2e moitié)
Ringer devait marquer LE grand retour de Sarah Michelle Gellar sur le petit écran et la CW avait misé gros pour que la série devienne l’un de ses
programmes-phares. Malheureusement, il n’en fut rien, et de mauvaises audiences, ajouté à une programmation sporadique, la grossesse impromptue de son actrice principale et des faiblesses avérées
eurent finalement raison de la série, qui a été annulée à l’issue de sa 1ère saison.
Je vous avais parlé l’an dernier des 5 premiers épisodes et je tenais à vous faire un petit compte-rendu du reste de la saison. Après des débuts assez patauds, souvent cousus de fil blanc, la
série prend peu à peu son essor passé le 1er tiers. Si on sent un certain relâchement au niveau de la réalisation au-delà du pilote qui se voulait très travaillé et référentiel (pour une série CW
s’entend, dont les produits restent de facture très classique et consensuelle visuellement) et que l’utilisation de la musique est suvent très irritante et artificielle, l’intrigue décolle peu à
peu. Parmi les faiblesses avérées, certains personnages restent tête à claque ou faiblards (le personnage d’Henry en 1er lieu, bien que les scénaristes aient cherché à le « complexifier » par la
suite) et la qualité des épisodes reste très irrégulière lors de la 1ère moitié de la saison, des cliffhangers palpitants alternant souvent avec une baisse de régime ou des sous-intrigues qui
diluent la tension.
Cependant, le côté suspense est mieux géré : la série devient un plaisir coupable à consommer sans se prendre la tête et le développement de plus en plus retors des différents fils narratifs
rendent le visionnement juteux. Le derniers tiers de la série, avec ses rebondissements invraisemblables et incalculables qui s’enchevêtrent les uns dans les autres, mêlant soap et suspense de
manière tout à fait décomplexée, est en ce sens assez palpitant. On s’achemine de plus en plus vers une confrontation Bridget/Siobhan qui avait tout pour être riche en tension dramatique… et
qui n’aura jamais lieu, le finale s’achevant sur un cliffhanger dont on n’aura jamais le fin mot de l’histoire. Ce qui est bien dommage car, si la série reste très légère et que son
annulation n’est pas une grande perte, il y avait-là un bon potentiel pour boucler la boucle de manière satisfaisante et cohérente avec quelques épisodes supplémentaires… On ne peut
s’empêcher de penser, au final, que Ringer s’achève là où elle commençait à devenir vraiment palpitante.
Misfits saison 2
Après une première saison drôle, émouvante et très réussie qui avait fait souffler un vent de fraîcheur dans l’univers des séries TV, j’attendais la saison 2 avec impatience. Au final, cette 2e
saison s’avère étonnante, très aboutie visuellement et narrativement, avec une mention spéciale pour les 2 premiers épisodes. L’intrigue réserve son lot de grosses surprises (l’histoire
Alisha/Simon en 1er lieu) et le suspense autour de l’identité du rôdeur masqué est particulièrement bien menée. Bémol : il est dommage que cette partie de l’intrigue, qui était bien partie
pourfaire un beau fil rouge, s’achève au bout de 3 épisodes seulement. Conséquence : la saison est scindée en 2 et la 2e moitié semble assez décousue, avec des épisodes certes fun et légers, mais
qui jouent un peu trop sur des ressors testés lors de la 1ère saison et qui sont utilisés ici de manière assez facile. Les blagues autour de Nathan tendent à être parfois répétitives ou encore le
côté joyeusement n’importe-nawak éclipse parfois la tension dramatique, qui peine parfois à prendre (c’est plus particulièrement vrai pour l’épisode autour des jeux vidéos et celui de la fête
masquée).
Ceci dit, dans le côté burlesque décomplexé, la série réserve quelques scènes d’anthologie :mention spéciale au méchant vaincu grâce à son allergie aux cacahuètes, qui donne lieu à un
affrontement au sommet hilarant ou encore l’ouverture de l’épisode final, mettant en scène le tueur au pouvoir le plus ridicule qui soit : celui de pouvoir faire gicler le lait !
La barre est relevée avec ce finale justement, où le comique laisse place à une tension dramatique inattendue. Si on sent que les choses auraient pu être davantage poussées de ce point
de vue-là (on aurait été en droit de s’attendre à ressentir davantage d’émotion étant donné certains rebondissements pourtant très forts, les choses sont un peu expédiées en raison du format
court qui fait que la résolution intervient un peu trop vite), le cliffhanger promet de placer les héros face à un dilemme des plus intéressants. Au final, la force de la saison réside dans sa
façon d’alterner comique tour à tour outrancier et faussement nonchalant avec une dimension émotionnelle encore et toujours surprenante avec seulement une poignée d’épisodes là où des séries de
12 ou 22 épisodes de 52 minutes peinent à avoir le même impact.
Dexter saison 7
Après le choc de la fin de la saison 6 (Deb découvre – enfin ! – l’identité secrète de son frère), la saison 7 était attendue avec autant d’excitation que d’appréhension. Les producteurs
allaient-ils réussir à faire monter la tension pour que cette confrontation soit à a hauteur de nos espérances ? Au final, la saison est excellente, même s’il faut avouer qu’une partie des scènes
de confrontation entre les deux héros auraient mérité d’être plus intenses, moins bavardes et plan-plan (Deb semble parfois un peu cruche ou à contre-temps dans certaines de ses réactions, ce qui
est dommage). Il faut dire qu’elles étaient tellement attendues qu’elles ne pouvaient être que frustrantes.
Cependant, passé ces 2-3 épisodes mêlant des scènes d’exposition un peu surfaites, la tension grimpe d’épisode en épisode pour atteindre son comble avec l’arrivée du personnage d’Hannah,
blondinette à la personnalité trouble qui instaure une relation triangulaire dans les rapports compliqués entre le frère et la soeur. C’est finalement grâce à ce personnage que les deux héros
sont poussés dans leurs retranchements… Deb en particulier, qui prend un chemin assez étonnant durant cette septième saison. C’est aussi au travers des scènes mettant en scène ce personnage que
la série, visuellement plus sage et asceptisée depuis la saison 4, retrouve sa maestria de la 1ère saison.
Cette intrigue prend finalement le pas sur l’histoire autour de la mafia russe, qui semblait être au départ l’intrigue secondaire principale de la saison. Cette dernière prend un peu le
spectateur à contre-pied lors de l’ouverture de saison et met quelques épisodes à décoller : le contraste avec la confrontation Deb-Dexter est trop fort pour que cette intrigue policière retienne
l’attention de prime abord. C’est finalement grâce au personnage de mafieux russe mélancolique interprété avec brio par Ray Stevenson (connu pour la série Rome) que la
mayonnaise finit par prendre et l’histoire se déployer. Le personnage devient d’ailleurs tellement fort qu’il éclipse une bonne partie des personnages récurrents : Batista, Laguerta et Masuka
sont globalement en retrait cette saison. C’est aussi grâce à cette intrigue que les scénaristes parviennent à relancer l’ntérêt pour le personnage de Quinn, dont les déboires n’avaient pas été
traités de manière très convaincante ou probante depuis la saison 5.
Dramatiquement et émotionnellement, la série n’avait pas été aussi riche depuis ses débuts. Les personnages d’Hannah et Isaak Sirko créent un pôle qui permet, encore une fois, de confronter
Dexter à son humanité et Deb à sa part d’ombre, donnant lieu à des scènes de confrontation mémorables.
Pour finir, alors que la question que tout le monde se posait était : Debra va-t-elle finir par arrêter son frère, le finale s’achève sur un rebondissement qui en étonnera plus d’un… et augure
d’une ultime saison où l’on ne saurait plus être sûrs de rien… En croisant les doigts pour que ce final des finals tienne toutes ses promesses. Réponse à partir du 30 juin !
Once Upon a Time saison 1
Depuis le carton plein du Alice de Tim Burton au box-office, la tendance conte de fées s’est emparée du cinéma et des petits écrans, avec pas moins de 2 longs-métrages centrés autour de Blanche-neige l’an dernier et 2 séries
évoluant autour de l’univers des frères Grimm… dont Once Upon a Time, dont la vision naïve renoue avec le charme et la kitscherie des productions des années 80 et
90.
Au départ, il faut l’avouer, la série est vraiment cousue de fil blanc et le mauvais goût des scènes de flash-backs, avec ses filtres aux couleurs délavées, a de quoi rebuter. Entre ces images
trop proprettes et l’aspect lisse de l’intrigue et personnages, ainsi que quelques invraisemblances (le gamin, comme souvent dans les séries des 80’s et 90’s est un vrai petit génie sans qu’on
comprenne vraiment le pourquoi du comment), on regarde le show avec un soupçon de plaisir coupable et de scepticisme, curieux quand même de voir où tout cela va mener.
Et puis, au bout de quelques épisodes, la mayonnaise commence à prendre et ce qui se présentait à la base comme des faiblesses majeures de la série sont utilisées avec habileté : le personnage de
prime abord très cliché et caricatural de la méchante reine est développé de manière fine et intelligente, si bien qu’il devient l’une des raisons majeures de regarder la série avec l’autre grand
« méchant », Rumplestitskin. On sent d’ailleurs que c’est avec ces deux personnages que les scénaristes se font plaisir pour traiter de thèmes et émotions plus complexes et placer princes,
princesses et fées face à leurs dillemmes.
Quant au kistch, souvent too much (les fées remportent la palme du mauvais goût avec leur aspect meringue), celui-ci finit par participer en partie au charme de l’ensemble dès que les
créateurs s’amusent à le détourner de manière gentille mais efficace. Si la vision des contes que donne la série est davantage centrée sur celle des dessins animés Disney (les « clins d’oeil » vont
jusqu’à reproduire les tenues des princesses ou encore à présenter des personnages absents des histoires originales), peu à peu, les scénaristes prennent suffisamment de liberté pour s’écarter de
ces chemins balisés et injecter quelques doses d’originalité bienvenues (ce qui sera accentué de plus en plus lors de la saison 2).
Malgré une réalisation plate et proprette sur laquelle on ne s’apesantira pas et des effets spéciaux très voyants, on peut alors se laisser emporter avec plaisir dans cette galerie de personnages
hors du temps. La navigation entre passé et présent (testée et approuvée avec Lost… la série comptant plusieurs scénaristes de cette série) prend aussi de l’ampleur au
fur et à mesure et devient plus intéressant, moins artificiel et facile. Chaque personnage, comme il est de rigueur, a son épisode ou moment de gloire et, malgré quelques têtes à claque (le
personnage de David/Prince charmant appelé dans l’univers des contes par le seul nom de… « Charming » ; certaines des réactions d’Emma, l’héroïne, qui se doit d’être sceptique et obstinément
aveugle jusqu’au bout et réagit donc souvent comme une cruche), l’histoire se développe et emporte de plus en plus l’adhésion. Alors oui, il faut un peu accepter de retrouver son âme d’enfant et
la série est parfois un peu déséquilibrée entre certaines sous-intrigues complexes et d’autres un peu trop fades, mais l’ensemble est touchant.
Surtout, lors du derniers tiers, les différents éléments s’imbriquent et donnent lieu à un final (malheureusement un peu trop vite expédié d’un point de vue dramatique) qui change radicalement la
donne pour la saison 2, où le show gagne en maturité. Verdict final ? Si l’on ne craint pas un peu de guimauve et qu’on a le goût du merveilleux, la série est des plus plaisantes pour se
détendre et rêvasser un peu.