[Critique] The Beast : noir c’est noir…

image affiche the beastCaractéristiques

  • Réalisateur : Hans Herbots
  • Casting : Geert Van Rampelberg, Ina Geerts, Johan Van Assche
  • Durée : 127 minutes
  • Sortie : 30 Décembre 2015
  • Distribution : KMBO

Critique

On ne dira jamais assez à quel point les restrictions budgétaires peuvent jouer en faveur d’un film. Adapté de L’Homme Du Soir, un grand succès littéraire signé Mo Hayder, The Beast fait partie de ces œuvres dont les choix de production ont donné du relief au sujet. Sans financement adéquat, Hans Herbots a dû relocaliser l’action de son film en Belgique, à Anvers plus précisément, alors que le roman se déroule en Angleterre. Une décision qui met en valeur le sujet, dans un pays ayant connu le plus gros scandale pédophile de l’histoire récente.

Nick Cafmeyer (Geert Van Rampelberg) est un flic de talent, mais est hanté par un lourd passé. En effet, son jeune frère fut enlevé par un pédophile, et jamais retrouvé. Alors que la carrière de Nick est sur de bons rails, une affaire similaire vient raviver son immense douleur. Toujours hanté par l’ignoble disparition, le policier se lance alors dans une enquête difficile, une véritable chasse à l’homme qui risque bien de mener Nick vers des sommets de violence…

On l’a dit, impossible de ne pas faire le lien avec l’affaire Dutroux, même si le réalisateur s’éloigne de ce lourd passif assez rapidement. L’effet est assez intéressant, car nous sommes là face à une œuvre qui a su digérer un tel drame, pour mieux donner à observer ses effets néfastes, à l’image de ce qu’a pu créer la guerre du Vietnam. Hans Herbots, consciemment ou inconsciemment, ne peut cacher son ressenti dans sa réalisation, et le rendu visuel de The Beast doit beaucoup à ce vécu d’une affaire aussi horrible.

The Beast ne laisse que très peu de place à l’espoir. Et ce dès les premières secondes, avec ce plan sur deux enfants joyeux, baigné d’une voix-off expliquant que l’un d’eux s’est fait enlever, embarqué dans un réseau pédophile. On est dans la noirceur absolue, terriblement étouffante, et soutenue par une direction artistique absolument irréprochable. Le propos est, ainsi, accompagné d’un impact sur le visuel très fort, avec un vrai travail sur les costumes et la lumière, dans une recherche permanente d’une ambiance sinistre, oppressante. C’est très réussi, tout autant que justifié par l’intrigue, et le spectateur vit le récit sans aucune échappatoire.

image hans herbots the beast

Car la violence de The Beast est du genre à laisser pantois. Pas de plans gores, pas même de séquences véritablement saignantes, mais Hans Herbots décide de ne rien nous épargner. Nous ne spoilerons rien, mais sachez que certaines des séquences du film sont parmi les plus effroyables de l’année 2015. La mise en scène clinique, de Hans Herbots surprend beaucoup, avec une grammaire formelle quasiment documentaire. Il prend le temps de poser la caméra, pour bien imprégner l’écran de l’horreur absolue, de ce cauchemar éveillé dont on aimerait, désespérément, penser que la réalité ne puisse le rejoindre.

On l’aura compris, toute la grande réussite de The Beast tient dans son formel, mais le fondamental n’est pas en reste. On adore le traitement des enfants, jetés en pâture à un monstre que les adultes ne réussissent pas à arrêter, ni même à définir. Alors, l’imagination débordante colmate les brèches, et se charge de trouver des réponses aux questions en suspens. C’est ainsi que vient s’immiscer la rumeur, en l’occurrence celle d’un troll, qui viendrait épier, à la fenêtre, les chambres de bambins en pleine nuit. On est là en pleine construction d’un croque-mitaine, rappelant au passage que chacun d’entre eux se base sur une réalité plus ou moins oubliée.

Alors que l’enquête, haletante, touche à sa fin, on quitte The Beast avec l’impression de s’être pris un bon gros coup de tatane en plein bide, situé bien là où ça fait mal. Sensation aussi provoquée par l’incroyable performance du casting, dans son ensemble, de la tête d’affiche jusqu’à la galerie de personnages secondaires. Tout n’est pas parfait, notamment en terme de rythme dans la seconde partie, mais rien qui puisse nous faire penser autrement que ce que la phrase d’accroche de l’affiche nous annonce. Oui, nous sommes bien là face au thriller choc de cette fin d’année, voire un peu plus.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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