Caractéristiques
- Titre : The Diary of a Teenage Girl
- Réalisateur(s) : Marielle Heller
- Avec : Bel Powley, Alexander Skarsgard, Kristen Wiig, Christopher Meloni...
- Editeur : Sony Pictures
- Date de sortie Blu-Ray : 21 mars 2016 (e-cinema)
- Date de sortie originale en salles : 7 août 2015 (Etats-Unis)
- Durée : 102 minutes
- Note : 7/10 par 1 critique
L’anti Bang Gang
La VOD, si elle a encore du mal a bien s’installer dans les foyers Français, est l’occasion pour certains distributeurs de pouvoir sortir des films moins mis sous les feux des projecteurs. Parfois à cause de leur qualité, écrivons-le tout net, mais de temps en temps d’autres raisons provoquent ces sorties en dématérialisé. Dès lors, une collection comme « OVNI » par Sony est séduisante, car elle permet au public de savoir où il met les pieds. Ici, c’est le cinéma d’auteur qui est à l’honneur, avec des films plus ou moins intéressants, mais surtout une vraie ligne directrice, éditoriale. On peut dire que retrouver The Diary of a Teenage Girl dans cette collection est une heureuse opportunité, tant cette œuvre se paye une belle réputation.
The Diary of a Teenage Girl prend place dans le San Francisco des années 70, sans doute l’endroit qui a le plus plané lors de cette période de libération des mœurs. Minnie (Bel Powley), une adolescente de 15 ans, n’en revient pas : elle vient de perdre sa virginité. Et pas en compagnie de n’importe qui : avec Monroe (Alexander Skarsgard), le petit ami de la mère (Kristen Wiig) de la jeune fille. Dès lors, Minnie s’embarque dans une exploration de sa sexualité, tout en enregistrant son témoignage dans un journal audio.
The Diary of a Teenage Girl, un titre qui vous est peut-être déjà familier, si vous avez lu le roman graphique signé Phoebe Gloeckner. L’adaptation en film, mis en scène par Marielle Heller (que l’on a aussi trouvé aux commandes d’un épisode de la série Transparent), avait donc un support parfait pour rendre en images ce qui fut dessiné. Mais si l’aspect visuel est aussi satisfaisant que l’était l’œuvre de base, il faut parler de ce qui fait l’intérêt premier du métrage : sa liberté de ton concernant la sexualité de son personnage principal. Si nous n’avons pas vu d’un bon œil la morale d’un film comme Bang Gang, la chose est totalement différente pour l’œuvre, qui ne cherche absolument pas à justifier quoi que ce soit (ndlr : ni à nous expliquer que le sexe non protégé ce n’est pas grave chez les ados), mais plutôt à démontrer que les jeunes femmes peuvent s’accomplir par la sexualité.
Une belle petite réussite
The Diary of a Teenage Girl va loin. Nudité frontale, actes sexuels simulés mais descriptifs même si expédiés, la réalisatrice veut nous positionner au plus près de Minnie, afin de mieux faire comprendre sa démarche. Enfin, son absence de démarche, tant l’adolescente n’est pas dans le calcul. La grande force du film est de décrire, avec une grande finesse, les changements qui s’opèrent chez la jeune fille. Ceux-ci sont peut-être plus marquants que chez les hommes du même age, et les questionnements qui s’en dégagent poussent à des réponses parfois difficiles à analyser, ou carrément impossible à comprendre. The Diary of a Teenage Girl cristallise tout ça, et nous fait vivre ce qui est parfois difficile à supporter, notamment ce constant rapport à la sexualité, quasi-maladif, carrément malsain de temps en temps (se taper son beau-père, tout de même), mais jamais gratuit ni idéologique.
The Diary of a Teenage Girl décrit une découverte sexuelle qui doit beaucoup à l’époque dans laquelle le film prend place. Minnie a 15 ans dans les années 1970, et doit faire avec une mère quelque peu paumée, pas méchante ni démissionnaire, mais à fond dans les substances dirons-nous. La cellule familiale explosée, les parents divorcés, l’adolescente doit composer avec une période qui lui laisse des libertés, pour le meilleur et pour le pire. C’est ici que The Diary of a Teenage Girl se démarque de films idéologiques, ici il n’est pas question de faire de cette découverte de la sexualité une sorte de programme politique enjolivé. On pense notamment au dernier quart du film, qui montre la gamine plonger dans des extrêmes, la décadence d’une vie intime non maîtrisée, et en revenir plus forte. Pas question, ici, de justifier les écarts de conduite, mais plutôt de démontrer qu’il faut bien que jeunesse se fasse, tout en témoignant que cette expérience peut façonner un être humain bien plus raisonné, de par les leçons qu’il tire de ses erreurs. En cela, le film réussit à capter véritablement l’adolescence.
The Diary of a Teenage Girl est une somptueuse réussite, qui nous réconcilie avec le sujet de l’adolescence au cinéma, trop souvent synonyme de films idéologiquement lourdingues. Aussi, il est impossible de ne pas aborder le casting tant il est excellent dans son ensemble. Bel Powley, l’interprète de Minnie, est impressionnante tant sa prestation porte l’œuvre, lui donne une personnalité forte. Voilà un film plein d’audace, qui va loin dans ses descriptions pour mieux mettre en relief un fondamental pur, sans fritures idéologiques sur la ligne. Une œuvre à découvrir, à l’occasion.