Caractéristiques
- Titre : Le Monstre de Londres
- Titre original : Werewolf Of London
- Réalisateur(s) : Stuart Walker
- Avec : Henry Hull, Warner Oland, Valerie Hobson
- Editeur : Elephant Films
- Date de sortie Blu-Ray : 27 avril 2016
- Date de sortie originale en salles : 13 mai 1935 (Etats-Unis)
- Durée : 75 minutes
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- Note : 8/10 par 1 critique
Image : 5/5
Elephant Film (Xanadu) continue son travail importantissime pour les cinéphiles et amateurs pointus, « complétistes », de cinéma de genre. Le master HD proposé pour Le Monstre de Londres est en tous points somptueux, donne une nouvelle vie au travail de Charles J. Stumar, directeur photo habitué aux monstres puisqu’il officiait déjà sur La Momie de Karl Freund. Quelques traces inévitables des ravages du temps, mais impossible d’en tenir rigueur tant cette restauration brille de mille feux. Bravo !
Son : 4/5
Le Monstre de Londres propose du DTS HD Master 2.0, aussi bien pour la version Française que pour l’originale sous-titrée. La version dans la langue de Molière fait l’honneur de son existence, mais est à éviter tant les voix prennent le pas sur les bruitages et la musique. La VOSTFR, quant à elle, retrouve tout le charme du travail d’époque en proposant un rendu parfaitement équilibrée, plus énergique.
Bonus : 3/5
On assume : on fait partie de ceux qui pourraient écouter mister Jean-Pierre Dionnet pendant des heures et des heures. Ici, son intervention totale se chiffre à 20 minutes, divisées entre une présentation du concept du loup-garou, et une autre dédiée au film en lui-même. Toujours aussi intéressant et cultivé comme pas possible, celui qui présenta pendant des années le meilleur programme du PAF (Cinéma de Quartier) nous éclaire avec justesse. Le disque est complété d’une farandole de bandes annonces et d’une galerie photos.
Synopsis
Lors d’une expédition au Tibet, le docteur Glendon est attaqué dans le noir par une bête étrange alors qu’il était à la recherche d’une plante asiatique extrêmement rare. De retour à Londres, il se transforme les soirs de pleine lune en lycanthrope affamé, ne pouvant retenir son instinct carnassier. Bientôt, les meurtres qui se succèdent attirent l’attention de Scotland Yard, qui croit aux méfaits d’un simple loup…
La critique du film
L’éditeur Elephant Films continue à nous démontrer à quel point l’âge d’or du cinéma d’épouvante made in Universal est d’une richesse finalement peu exploitée. Les films de monstres de cette époque sont finalement un peu facilement résumés aux fleurons du genre, tandis que bien des films plus humbles sont passés sous silence. Le Monstre de Londres est l’un d’eux, mais aujourd’hui justice lui est rendu car ses qualités peuvent enfin être vérifiées de visu.
Le Monstre de Londres est intéressant à plus d’un titre, notamment pour la mythologie qu’il installe avec une belle aisance. Si l’on retrouve déjà le code de la morsure qui transmet la maudite lycanthropie, le début du film va un peu plus loin en esquissant une origine tibétaine à cette infortune carnassière. Et comme souvent, la solution à un problème se trouve dans la démonstration, d’où l’existence d’un remède sur le même sol, sous la forme d’une plante : la Mariphasa Lupina Lumina, qui se nourrie des rayons de la Lune. Celle-ci sera ramenée sur le sol anglais par le botaniste Glendon… en même temps que la malédiction qui ne tarde pas à s’abattre sur lui.
Le Monstre de Londres a bien des aspects du typiques film de genre d’époque. Le personnage principal est un savant un peu trop à cheval sur ses principes, et collectionne les végétaux rares récupérés aux quatre coins du monde. Ce qui donne toute une séquence d’exposition assez caractéristique, notamment à l’aide d’une plante carnivore mise en action de repas au dépit d’une grenouille. On est là dans du grand classique, dans ce que l’on attend de ce genre de production. Bientôt, le monstre londonien fait sa première apparition, d’ailleurs dans une séquence très intelligemment mise en scène : le personnage se transforme au grès des piliers qu’il rencontre, dans un jeu de « cut » fluide et drôlement efficace. Comme quoi, il est possible de donner dans de la mutation non-violente mais avec talent, n’est-ce pas Twilight ? Le monstre fait donc surface, et avec lui tout ce qu’un traitement fondamental peut contenir : la bestialité qui ramène l’Homme à ses instinct sociaux primaires (d’où le lycanthrope qui cherche à surprendre sa femme prétendue volage), mais aussi la dualité au sein de l’humain. Dans Le Monstre de Londres, le savant connaît une véritable évolution. D’un mondain il se tourne vers l’humilité du prolétaire, comme pour rejeter ce qu’il n’a finalement jamais réellement supporté.
Le Monstre de Londres n’a pas encore le délicieux ton grandiloquent du Wolf Man de George Waggner, qui déferlera sur le monde sept an plus tard, en 1941, et s’imposera comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma d’épouvante. Mais il n’en reste pas moins que son importance est capitale pour la figure du monstre en présence, en introduisant bien des éléments qui seront repris plus tard, on pense notamment à la phrase finale prononcée par Glendon qui sera réutilisée jusque dans le très bon Monster Squad. L’équilibre est parfois un peu précaire, avec un recours étrange à certains endroits (les femmes pochtronnes), cependant il est indéniable que Le Monstre de Londres se doit d’être vu par tout cinéphile pour mieux comprendre le cheminement de cette figure mythique qu’est le loup-garou au cinéma.