[Test – Blu-Ray] Money Monster – Jodie Foster

image jaquette money monsterCaractéristiques

  • Réalisatrice : Jodie Foster
  • Avec : George Clooney, Julia Roberts, Jack O’Connell, Dominic West…
  • Éditeur : Sony Pictures Home Entertainment France
  • Date de sortie Blu-Ray : 21 septembre 2016
  • Durée : 98 minutes

Image : 4/5

Un transfert 1080p de bonne qualité, avec un bon niveau de détails et un rendu  colorimétrique plus que correct caractérisent ce Blu-Ray. Sans atteindre le niveau de finesse et de profondeur des plus belles réussites du format, cette édition se défend bien, et on notera très peu de bruit, et aucun signe visible de compression.

Son : 4/5

Le spectateur a le choix entre la version originale sous-titrée en DTS-HD 5.1. et VF,  également en DTS-HD 5.1. Si la V.O.S.T. a notre préférence, notamment pour la clarté de son mixage, et plus particulièrement au niveau de l’équilibre entre musique et dialogues, la VF est tout à fait honorable et démontre le sérieux de Sony Pictures France. Un peu de souffle par endroits et des bruitages qui auraient sans doute gagné à être plus travaillés pour un meilleur impact en home cinema,  mais rien de rédhibitoire.

Bonus : 3/5

Le BR propose un certain nombre de suppléments relativement courts, allant du dispensable (3 scènes coupées qui n’apportent pas grand chose, un clip musical) au bien plus intéressant, avec notamment un aperçu du tournage avec les acteurs. Ces mini-reportages restent dans les clous des vidéos promotionnelles, avec explications de l’intrigue, présentation des personnages par l’équipe du film ou encore passage de pommade en règle, mais donnent néanmoins un bon aperçu de l’évolution du projet, la méthode de tournage et les intentions de Jodie Foster.

Synopsis

Lee Gates est une personnalité influente de la télévision et un gourou de la finance à Wall Street. Les choses se gâtent lorsque Kyle, un spectateur ayant perdu tout son argent en suivant les conseils de Gates, décide de le prendre en otage pendant son émission, devant des millions de téléspectateurs…

image george clooney jack o'connell money monster
©Sony Pictures

Le film

Cinq ans après le très bon Le complexe du castor, où elle permettait à son ami Mel Gibson de faire sa rédemption sur grand écran après une crise très médiatisée qui aura durablement terni sa réputation, Jodie Foster est de retour derrière la caméra avec ce Money Monster présenté hors compétition à Cannes et sorti dans la foulée en mai dernier. Critique sur le cynisme de l’infotainment et des petits malins de Wall Street, le film met en scène les très glamour George Clooney et Julia Roberts en animateur et réalisatrice d’une émission de télé à succès, Money Monster, proposant des conseils pour investir dans des actions en Bourse, le tout de manière clinquante. Véritable showman que sa réalisatrice Patty doit souvent canaliser en lui donnant des directives dans l’oreillette, Lee Gates a des allures de bouffon se présentant en “électron libre”, ne lésinant pas sur les blagues, danses ringardes et phrases choc pour convaincre les téléspectateurs de miser sur telle ou telle société, soit disant “sûre”. Un cynisme assumé qui est révélé sans ambages dès les premières minutes, très efficaces, où l’on peut voir les préparatifs avant que le direct ne commence. En relation directe avec les sociétés en Bourse, qu’ils interviewent au sein d’un échange entièrement scripté, l’équipe de Money Monster est finalement plus ou moins consciemment au service de Wall Street, tout en proposant un divertissement susceptible d’avoir des conséquences désastreuses sur les spectateurs suivant leurs conseils. C’est ce qui se produit lorsqu’un jeune homme ayant perdu toutes ses économies en misant sur une action vantée par Lee à l’antenne prend l’équipe en otage en plein direct, menaçant la vie de Lee, forcé de porter une ceinture explosive.

A partir de ce postulat de départ, Jodie Foster réalise un thriller politico-financier à la fois efficace et convenu, dont la charge critique est en partie désamorcée par le traitement à la sauce hollywoodienne d’une intrigue qui aurait pu évoquer, sur le papier, le cinéma américain engagé des années 70 à la Sydney Lumet, qui est d’ailleurs cité en exemple par la réalisatrice dans les suppléments du disque. Si le scénario sait éviter un trop-plein d’optimisme qui aurait été en contradiction avec son propos et le climat économique actuel, laissant espérer par moments une échappatoire avant de détromper lourdement le spectateur, il n’évite pas pour autant une certaine dimension mélodramatique, dans le traitement du personnage de Kyle Budwell, le preneur d’otage, notamment. Pour que le spectateur soit en empathie avec ce jeune homme instable en pleine crise de nerfs, on nous sert ainsi certains gros poncifs : Kyle, d’origine modeste, a perdu sa mère quelques mois plus tôt et sa petite-amie est enceinte. La réalisation de Jodie Foster et sa direction d’acteurs tend également à souligner cette surdramatisation. Jack O’Connell, impressionnant dans le film carcéral britannique Les poings dans les murs, cabotine à grands renforts de mimiques et tremblements, offrant une vision assez caricaturale et pas forcément très flatteuse de l’idée qu’Hollywood se fait d’un “homme du peuple”. La naïveté du personnage, qui a mis en jeu tout son héritage sur les conseils malavisés du présentateur, si elle est censée mettre en avant l’influence néfaste de la télévision et ses gourous, infantilise aussi Kyle et assimile la classe populaire américaine à de gentils péquenauds malléables à souhait.

Ceci étant dit, la réalisatrice parvient malgré tout à tenir en haleine le spectateur grâce un rythme maîtrisé, un montage passant continuellement des caméras de télévision aux caméras de cinéma dans une reconstitution de direct prenante et des performances convaincantes de ses deux stars, au diapason après avoir tourné plusieurs fois ensemble au cours des quinze dernières années. Rarement ensemble à l’image puisque Patty reste en coulisses tandis que Lee est en plateau, George Clooney et Julia Roberts arrivent à nous faire croire à la complicité entre leurs personnages avec une belle facilité qui est pour beaucoup dans le plaisir pris à visionner le film, qui repose en grande partie sur la dynamique de leur relation. Le pastiche d’émission putassière comme la télévision américaine sait si bien en produire est également assez sympathique, entre les danses ridicules de George Clooney et les jingles à base d’images recyclées de vieux films. Lee Gates n’est pas sans évoquer, en plus “gentil”, le Jordan Belfort incarné par Leonardo DiCaprio dans Le loup de Wall Street, qui s’est reconverti en animateur télé et coach après avoir purgé sa peine de prison.

image julia roberts money monster jodie foster
© Sony Pictures

Money Monster commence par se présenter comme un huis-clos avant d’évoluer peu à peu en film d’investigation, où les personnages vont chercher à découvrir ce qui se cache derrière le soi-disant “bug informatique” ayant fait perdre des millions de dollars aux actionnaires d’une société chaudement recommandée par Lee Gates, afin de forcer le PDG à s’expliquer face caméra. L’aspect télé réalité que prend clairement la prise d’otage est divertissante et assez bien gérée, dénonçant (gentiment) les dérives médiatiques de notre époque, où nous pouvons regarder en direct la vie de quelqu’un s’effondrer. Il y a aussi, bien entendu, l’aspect policier de la chose : les forces de l’ordre siègent devant le studio, tentent de négocier, d’évacuer les otages et élaborent un plan pour se débarrasser du jeune homme en faisant le moins de dégâts possibles.

On est un peu plus sceptiques sur la partie “politique” de l’intrigue en revanche : la dénonciation des combines de certaines grandes entreprises s’accompagne d’une certaine naïveté puisque le personnage cynique au possible incarné par George Clooney se retrouve d’un coup du côté du jeune homme démuni qui le menace, en grand défenseur de la vérité, aux côtés d’une Julia Roberts elle aussi très remontée contre ces hommes d’affaires aux dents longues. Est-ce à dire que le duo croyait vraiment aux conseils qu’ils donnaient aux téléspectateurs et prennent tout juste conscience de leur statut de marionnettes, ce que semble pourtant démentir le commentaire de Patty en début de film, qui admet qu’ils font “tout sauf du journalisme” ? Partagé entre sa volonté de dénonciation et l’impératif que le public soit en empathie avec les personnages, le film ménage la chèvre et le chou et ose même une dernière scène assez surprenante entre ses deux protagonistes, qui, une fois le choc des événements passés, ne semblent plus vraiment décidés à se remettre en question. Jodie Foster a beau affirmer dans les bonus qu’elle a voulu ainsi montrer que les gens continueront d’accepter le système dans lequel ils vivent quoi qu’il arrive, le dernier plan n’en demeure pas moins fort ambigu sur le fond, puisqu’on ne sent pas la moindre distanciation entre le comportement des personnages et le point de vue véhiculé par le film. Un consensus qui achève de faire de Money Monster un drôle de film, entre deux eaux, bien que globalement sympathique.

Money Monster de Jodie Foster, Blu-Ray + copie digitale, Sony Pictures Home Entertainment. 17,99€ 

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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