Caractéristiques
- Titre : Kubo et l'armure magique
- Titre original : Kubo And The Two Strings
- Réalisateur(s) : Travis Knight
- Avec : Avec les voix de : Charlize Theron, Art Parkinson, Ralph Fiennes, Rooney Mara & Matthew McConaughey (V.O.)…
- Editeur : Universal Pictures France
- Date de sortie Blu-Ray : 31 Janvier 2017
- Date de sortie originale en salles : 21 Septembre 2016
- Durée : 102 minutes
- Note : 7/10 par 1 critique
Image : 4/5
Le film est proposé en 16/9 anamorphique. Le transfert du master est très propre, sans signe de compression sur un écran de taille moyenne. Les belles couleurs du film, qui alternent entre teintes dorées et plus froides, sont parfaitement retranscrites, avec de bons contrastes et des noirs profonds.
Son : 4/5
Le film est proposé en VOST, VF, mais aussi en… néerlandais ! Toutes les pistes sont en Dolby Digital 5.1. Belle clarté sur la V.O. mais aussi la V.F., avec un bon équilibre entre dialogues, musique et ambiance sonore. Le mixage rend parfaitement justice à la superbe musique de Dario Marianelli, dont on retrouve bien l’ampleur.
Bonus : 4/5
Une fois n’est pas coutume depuis la démocratisation du Blu-Ray, le DVD contient le making-of complet du film, « Le voyage de Kubo », d’une durée de 28 minutes et divisé en 4 sous-parties dédiées à l’importance de la culture japonaise dans le film, la création des monstres, l’animation de l’eau et la pluie et enfin la musique. Contrairement aux suppléments de nombreux films, davantage axés autour de la promo, cette vidéo apporte un éclairage véritablement intéressant sur la conception du dessin animé, qui dura plus de 5 ans. Le second bonus, « Les coins du monde », ne dure que 3 minutes et s’intéresse plus particulièrement à la création des paysages et décors.
A noter que 2 suppléments ne sont disponibles que sur la version Blu-Ray : « Le mythe de Kubo », qui retrace la genèse du projet en 2mn30 et le commentaire audio (sous-titré en anglais) du réalisateur Travis Knight.
Synopsis
Kubo est un être aussi intelligent que généreux, qui gagne chichement sa vie en sa qualité de conteur, dans un village de bord de mer. Cette petite vie tranquille, ainsi que celle de ses compagnons Hosato, Hashi et Kamekichi va être bouleversée quand par erreur il invoque un démon du passé. Surgissant des nues cet esprit malfaisant va abattre son courroux sur le village afin d’appliquer une vindicte ancestrale.
Dans sa fuite, Kubo fait équipe avec Monkey et Beetle, pour se lancer dans une épopée palpitante afin de sauver sa famille et percer le secret de la chute de son père, le plus grand samouraï que le monde ait jamais connu. À l’aide de son Shamisen– un instrument musical magique-il va affronter toutes sortes de dieux et de monstres, notamment le terrible Moon King assoiffé de vengeance ainsi que les affreuses sœurs jumelles afin de dénouer le mystère de son héritage, réunir sa famille et accomplir sa destinée héroïque.
Le film
Quatrième long-métrage d’animation des studios Laïka, 6 ans après le succès de Coraline, Kubo et l’armure magique est également un projet en stop-motion de grande envergure, qui a nécessité plus de 5 ans de travail tout en demandant aux animateurs de relever de nombreux défis techniques. Réalisé par le vice-président de la société, Travis Knight, ce film d’animation autour de la relation parent-enfant, la vieillesse et le deuil, se déroule dans le Japon de l’ère Edo, entre le XVIIe et le XVIIIe siècle et comporte de nombreuses références au pays du Soleil Levant et sa culture, que ce soit à travers l’utilisation de l’origami, l’instrument de musique de Kubo, les costumes ou encore la vision de la mort et de la spiritualité.
L’histoire est donc celle de Kubo, un petit garçon élevé par sa mère, qui perd peu à peu mémoire et raison et dont il s’occupe en gagnant de l’argent en tant que conteur de rue. Son don pour les histoires n’est pas le seul dont il ait été doté : lorsqu’il joue de son shamisen, sorte de banjo japonais, les feuilles de papier forment des origami et prennent vie. Comme souvent dans ce type de récit initiatique, le jeune héros devra démêler le fil de ses origines et découvrira peu à peu la vérité sur ses parents, mais aussi son grand-père et ses tantes, ces derniers étant à sa poursuite sans qu’il sache réellement pourquoi. L’aspect légendaire de l’histoire est assez poétique durant la dernière partie du film, et l’on regrettera d’ailleurs un peu que cette dimension n’ait pas été davantage développée en dehors des scènes d’action, fort réussies mais un peu plus classiques.
D’un point de vue technique, les studios Laïka ont accompli encore une fois un travail admirable, qu’il s’agisse des effets visuels, de l’animation des marionnettes, assez impressionnante, ou bien de la direction artistique en général. On reconnaît de-ci de-là l’influence de certaines ambiances et certains personnages de Coraline dans le résultat final, comme l’apparence des terribles soeurs jumelles, ou leur voix, qui évoquent de manière assez évidente le personnage de l’Autre Mère. Bien sûr, le film de Travis Knight possède sa propre personnalité, et il se dégage des paysages et des personnages quelque chose de magique, propre à séduire les spectateurs, qu’ils soient enfants ou adultes. La scène où les origami de Kubo se battent en duel sur la place du village est à la fois un rêve d’enfant et un exemple en matière d’animation, tandis que le combat contre le crâne géant enflammé possède un petit air d’Indiana Jones on ne peut plus enthousiasmant.
Seule (petite) ombre au tableau : pour un spectateur adulte, les deux principaux rebondissements du film apparaîtront comme cousus de fil blanc puisqu’on peut les deviner à peu près dès le début. Cela n’est néanmoins pas aussi important que cela, puisque Kubo et l’armure magique n’est pas un film à suspense, mais un conte beau et mélancolique à la fois évoquant avec sensibilité la mort des parents, soit le pire cauchemar de tout enfant. La tristesse qui se dégage de l’histoire, atténuée par le message autour de la mémoire et la transmission, surprend d’ailleurs, notamment dans son dernier tiers, que bien des studios auraient cherché à rendre plus « positif ».
Le film est une métaphore assez évidente autour de la maladie d’Alzheimer et, en ce sens, il bouleversera bien des adultes, confrontés à la maladie de leurs parents ou grands-parents. Mais il s’agit aussi d’une belle réflexion sur le passage du temps, l’importance des souvenirs, la transmission de l’histoire familiale, ou encore le pardon. Sur ce dernier point, le scénario n’est jamais manichéen, et les dernières séquences, narrativement atypiques, sont d’une puissance assez rare pour être soulignée. Kubo et l’armure magique est donc une belle réussite de plus pour les studios Laïka, un film d’animation rempli de magie et d’aventures palpitantes, mais qui saura également toucher tout autant les adultes que les jeunes spectateurs (à partir de 7 ans) à travers son histoire abordant des sujets difficiles avec sensibilité et finesse.
Kubo et l’armure magique de Travis Knight, DVD, Universal Pictures France, sortie le 31 janvier 2017. 14,99€. Également disponible en Blu-Ray.