Pour mieux connaître ce Don Juan du cinéma français
Le cinéma français a une Histoire absolument sidérante, il faudrait être un « cinéphix » (sorte de footix, mais pour le septième art) pour avancer le contraire. Aujourd’hui, c’est le destin fantastique d’une des plus grandes personnalités de la production (oui, au niveau mondial) qui nous intéresse : Daniel Toscan du Plantier. Jean-Marc Le Scouarnec, responsable des pages Culture de La Dépêche du Midi à Toulouse, signe Toscan !, aux éditions Séguier (In My Fashion, La vie des productrices), une biographie pour le moins attendue : elle est la première pour ce personnage à la vie aussi intéressante que son état d’esprit.
Afin de toucher au plus près la personnalité de ce producteur hors du commun, tout aussi star que les réalisateurs, actrices et acteurs qu’il embauchait, l’auteur de Toscan ! s’est attaché à donner la parole de celles et ceux qui l’on côtoyé, mais aussi à faire vivre le cheminement de ce Don Juan haut en couleurs, capable de coups d’éclats pas spécialement appréciés des compagnies de production. Tout débute à Chambéry, et l’auteur de rappeler à quel point son sujet d’étude n’appréciait pas cette ville, lui qui rêvait d’autres genres de cimes. Dans ces premières pages, Jean-Marc Le Scouarnec va jusqu’à retrouver des anciens camarade d’école de Daniel Toscan du Plantier qui, notamment, le qualifient d’Apollon du Belvédère, c’est dire s’il charmait déjà à l’époque.
Alors que Daniel Toscan du Plantier vient au monde, c’est une autre impression qui née : celle laissée par l’auteur, dont le style assez fleuri colle parfaitement avec son sujet. C’est fluide, ça se lit très facilement tout en ne simplifiant jamais la verve, et c’est d’autant plus notable que l’enfance du futur grand producteur est loin d’être passionnante. Si elle peut expliquer la suite du chemin emprunté, notamment de par ce père aux idées bien arrêtées sur le cinéma, écrivons que ce qui vient par la suite est tellement passionnant qu’on a , tout comme Daniel Toscan du Plantier, hâte que Chambéry soit de l’histoire à peu près ancienne. Cela vient rapidement, et dès lors la plongée dans ce cinéma français de la deuxième moitié du vingtième siècle peut commencer. Et elle est passionnante.
Une figure sémillante de la production cinématographique
Comme nous l’écrivions plus haut, Toscan ! multiplie les témoignages, comme pour souligner que cet homme fut bien implanté dans le paysage cinématographique. On découvre petit à petit son charme, qui lui a permis de tomber pas mal de femmes certes, mais aussi de faire son trou dans le milieu bien difficile de la production… d’autant plus qu’il s’y est construit une solide réputation de flambeur, dépensant plus que de raison pour des projet risqués. Celui qui fut Directeur Général de Gaumont pendant neuf ans (entre 1975 et 1984) aimait « les gros coups », du genre de ceux qu’il a pu finaliser en produisant Frederico Fellini, avec La Cité des femmes (un film injustement massacré par la critique de l’époque, soit écrit en passant). Il était un piètre gestionnaire, parfois enclin à de grosses dépressions, et Toscan ! ne le cache pas. Au contraire, toutes les imperfections du personnage font partie du jeu, de ce qui fait sa légende.
Toscan ! nous décrit une vie dédiée au cinéma, jusque dans les comportements amoureux de son sujet. Mais cette réalité, certes toute aussi fascinante que le reste, s’efface devant ce qui est réellement l’œuvre de la vie d’un Daniel Toscan du Plantier qui terminera son existence dans un instant aussi dramatique que les opéras qu’il adorait découvrir. Ce cheminement lui fera croiser la route de bien des figures emblématiques du cinéma français, on pense notamment à son compère de la Gaumont Nicolas Seydoux, avec lequel une belle amitié va se nouer. Et, sur la fin de sa carrière, cet amour du septième art hexagonal, qu’il ressent profondément, le poussera à en devenir l’un des portes-paroles les plus en vue, dans des fonctions honorables. Toscan ! rend parfaitement l’impression de sémillance qui entoure cet homme de l’ombre qui, il faut bien l’écrire, avait le don de savoir utiliser la lumière grâce à un bagou que l’on regrette depuis son décès.
Toscan !, un livre écrit par Jean-Marc Le Scouarnec. Aux éditions Séguier, 448 pages, 22 euros. Sortie le 19 janvier 2017.