[Test – Playstation 4] Kona : une aventure glaciale et passionnante

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • OSX
    • Xbox One
  • Développeur : Parabole
  • Editeur : Ravenscourt
  • Date de sortie : 17 mars 2017
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Ambiance froide, jeu chaudement recommandé

Après avoir terrorisé des millions de joueurs pendant quelques années riches en terme de titres, il est évident que le survival-horror a connu un véritable et triste déclin. Mis à part un Dead Space (et sa première suite), malheureusement aujourd’hui écarté, peu de softs ont réussi à retrouver la bonne formule, celle capable de nous donner des cheveux blancs quand un chien zombifié traversait une simple fenêtre. Enfin, plus précisément c’est du côté des gros éditeurs que le genre semblait voué à l’abandon (le récent Resident Evil 7 devrait changer la donne, du moins on l’espère), car les indépendants n’ont cessé d’explorer les tréfonds de l’épouvante, ce sentiment si étouffant qui nous subjugue une fois l’obscurité installée. Après Outlast ou Amnesia, c’est un nouveau studio qui s’aventure sur cette voie, cette fois-ci bien enneigée et moins axée sur l’horreur pure : Parabole livre le mystérieux Kona. Et nous allons voir qu’il s’agit d’une réussite certes imparfaite mais passionnante.

Histoire : 5/5

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Image issue du Playstation Share.

C’est à préciser d’emblée, tant le scénario est sans aucun doute la force principale de Kona : nous ne spoilerons aucun élément important du récit. On se doit tout de même de vous mettre au moins l’eau à la bouche en replaçant le contexte. L’histoire prend place au Québec, en plein dans les années 1970, alors qu’un blizzard sans précédent s’abat sur la région. Le joueur incarne Carl Faubert, un vétéran de la guerre de Corée qui s’est trouvé un véritable talent de détective, et se retrouve embauché par un industriel important : William Hamilton. Notre enquêteur se dirige vers Atamipek Lake, dans le Nord du Canada, afin de mettre à jour ce qui se trame derrière les actes de dégradations dont est victime le client. Alors que Carl est au volant, il est est la victime collatérale d’un véritable chauffard, lequel disparaît après l’accident. Bienvenue dans ce lieu où la vie semble avoir en partie disparue. Notamment celle de William Hamilton, retrouvé mort dès notre arrivée…

Un mystère se met rapidement en place donc, et si nous avions l’impression de découvrir un survival-horror, elle s’est dissipée dès lors. De survie il en sera question dans Kona, nous le verrons plus bas dans cet article, mais on préférera lui accoler le genre de l’aventure, un “à la The Vanishing Of Ethan Carter“, c’est à dire avec une grande dose de prétendue liberté. C’est bien plus le cas dans le jeu signé Parabole que dans le premier cité (qui montrait vite ses limites de ce côté, mais étalait d’autres énormes qualités), et l’on se prend à parcourir les lieux afin de découvrir ce qui semble enfoui sous la neige, histoire de mieux connaître la vie des habitants dorénavant presque tous partis. Le titre est beaucoup plus contemplatif qu’axé sur l’action, cette dernière existe mais elle est carrément reléguée au second, voire troisième plan.

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Image issue du Playstation Share.

La narration de Kona est un réelle plaisir pour les amateurs de ce genre de jeu. Si elle ne propose aucun artifice révolutionnaire (on récupère des journaux intimes, des coupures, on joue de l’appareil photo etc), c’est plus le grand tout qui nous a conquis. On enquête certes, mais on apprend aussi (sur le Québec de cette époque), on conduit pas mal, on s’organise avec une carte qui ne donne pas suite toutes le infos nécessaires pour rejoindre un point précis. Bref on galère parfois, et c’est un véritable bonheur (ou le contraire, si vous ne supportez plus de ne pas être pris par la main) : Parabole a sciemment fait le choix de l’immersion, nous laissant explorer le territoire presque à notre guise, dénicher des coins qui n’ont rien à voir avec notre enquête, et bien évidemment progresser dans notre investigation.

Cette recherche du coupable vous mènera au-delà du réel, et c’est peut-être précisément ici qu’on peut tiquer, du moins au début. Car les quelques apparitions, si elles sont très utiles pour l’avancée dans Kona, font aussi un peu “cheveu sur la soupe” scénaristiquement. Attention, cela ne veut pas dire qu’on trouve ces instants hors sujet, loin de là, mais plutôt qu’ils mettent du temps à bien s’incorporer dans l’enquête en elle-même et, du moins au commencement, peuvent se faire ressentir comme de simples features pour nous mettre sur la route d’objets. Bien heureusement, le fantastique grandit par la suite, et on se retrouve plongé dans un récit attrayant, qui nous restera en mémoire un bon bout de temps.

Gameplay : 4/5

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Image issue du Playstation Share.

Kona est facile à prendre en mains même si, en tout début de jeu, nous avons dû nous rendre dans les options afin de régler la sensibilité du stick droit. Parabole a clairement voulu offrir un jeu d’aventure, mais sur lequel des éléments de survie viennent de greffer. L’équilibre est bon, sans aucune anicroche, et pour cela il a fallu ne pas trop pousser les mécaniques de la survie. Pourtant, si ils ne vous permettent pas non plus de vous comporter comme de petits esquimaux, ces réflexes qui s’installent sont plutôt du genre à travailler l’immersion. Le froid attaque votre santé, votre moral. Vous avez trois jauges à surveiller : celle de la résistance à la température, du stress et celle de l’énergie. Quand vous vous lancerez sur une piste en plein air, vous verrez ces indicateurs se vider, et pour les remplir il faudra faire notamment attention aux points de chaleur. Véritable îlots de tranquillité, ces endroits sont à votre charge, il vous faudra y mener une bûche, d’autres éléments indispensables. Et une fois allumés ils le seront en permanence, vous permettant aussi de sauvegarder votre progression

Qui dit objets à récupérer, dans le cadre de la survie ou de l’enquête, dit inventaire. Celui de Kona est un brin bordélique : la roue n’est pas très digeste, et devient carrément handicapante quand il faut y retrouver l’un des (nombreux) journaux ou bout de papier parmi une véritable flopée. Parabole aurait sans doute gagné en optant pour un système certes plus classique mais aussi moins contraignant. De même, les rares phases de combat nous ont un peu laissé perplexes. L’impact des coups n’est pas sensationnel, la visée peut paraître un peu molle, et d’ailleurs le comportements des adversaires n’apporte pas de valeur ajoutée. Il s’agit là de deux défauts qui, cependant, ne sont aucunement disqualifiant : on s’y fait sur le tas, bien plus intéressé par l’avancée du récit que par l’expérience uniquement liée à la manette.

On se doit de souligner l’excellent choix de Parabole d’avoir mis de côté l’hypothèse d’une simple map accessible comme dans tout bon monde ouvert qui se respecte. Se déplacer, dans Kona, demande de l’organisation, et de la mémoire par la même occasion. On sort la carte, on s’y réfère sans que celle-ci ne nous indique autre chose que les différents lieux et notre position. Dès lors, il faut faire preuve de maîtrise quand on tombe sur une énigme qui renvoie à un endroit déjà visité. Rien ne vous donnera un indice : pas un marqueur, pas une ligne à suivre… du moins visible. Car sur certaines portions l’appareil photo pourra laisser apparaître quelques indices sur la direction à prendre vers un point de passage. On n’en dit pas plus, car cette mécanique se rapporte directement à un élément scénaristique qu’il serait dommage de dévoiler.

Technique et ambiance sonore : 3/5

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Image issue du Playstation Share.

Il est regrettable que la pure technique de Kona ne soit pas au niveau de la direction artistique tout simplement somptueuse. Il y a malheureusement un vrai souci avec les temps de chargement, qui deviennent vite intempestifs tant ils se déclenchent dès qu’on approche d’une zone. Comme Parabole a voulu proposer un monde unifié, ces loadings apparaissent brusquement, freezent le jeu pendant quelques secondes, ce qui peut créer une gêne. Aussi, quelques textures mettent un certain temps à charger, et de l’aliasing se fait un peu trop présent. Seulement, ces désagréments sont contrebalancés par une direction artistique en tous points excellente : les intérieurs sont plein de charme et de personnalité, et l’extérieur… On n’a pas souvenir d’avoir eu aussi froid en jouant à un jeu, c’est dire.

Quant à l’ambiance sonore de Kona, elle est assez remarquable. On regrette simplement que les voyages en voitures n’aient pas droit à plus de morceaux en stock, on en fait très vite le tour. Par contre, les musiques d’ambiance font grand effet. Elles apportent, sans nul doute, une dose d’étrangeté supplémentaire, de la tension parfois. Les compositions, signées par CuréLabel (que nous découvrons à l’occasion), peuvent même s’écouter en dehors du jeu. Autre belle satisfaction, le doublage en québecois. Parabole n’a pas transigé : tous les acteurs viennent de ce pays, et l’accent n’est jamais atténué. Certes, cela peut faire sourire au début, mais la nécessité d’un tel choix est indéniable pour l’immersion.

Durée de vie : 3/5

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Image issue du Playstation Share.

Il vous faudra 7 à 8 heures pour boucler Kona dans les moindres recoins, ce qui s’avère carrément honnête pour un soft de ce genre. Aucune rejouabilité n’est à prévoir, à part pour le simple plaisir de se replonger dans l’intrigue, mais peut-être pas immédiatement après avoir bouclé le jeu. Le titre est une expérience finalement assez éprouvante, proche des anciens jeux d’aventure : une fois terminé, on se le garde pour plus tard…

Note finale : 15/20

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Image issue du Playstation Share.

On n’attendait pas du tout Kona à ce niveau, ni même aussi loin du pur survival-horror. Véritable surprise comme on adore en vivre, le jeu de Parabole n’est cependant pas parfait : les temps de chargement rageants et l’inventaire pas très finaud pourront rester sur l’estomac. Cependant, la recette est si agréable sur le reste des ingrédients qu’elle fait tranquillement glisser tout cela. On apprécie grandement la volonté de plonger le joueur dans une enquête sans trop d’aides “magiques”, et l’on évolue avec une véritable admiration pour la direction artistique. Signe qui ne trompe pas : on quitte le soft avec un petit pincement au cœur, et ce même si notre petit doigt nous dit qu’on retrouvera bientôt le détective Carl Faubert…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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