article coup de coeur

[Test] The Council Episode 1 – The Mad Ones : une aventure déjà passionnante

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
  • Développeur : Big Bad Wolf
  • Editeur : Focus Home Interactive
  • Date de sortie : 13 mars 2017
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Un premier épisode qui bonifie le genre de l’aventure narrative

image episode 1 the council
Un jeu qui vous transporte dans un endroit mémorable.

On a une confidence à vous faire : on fait partie de ceux qui en ont eu assez de la recette Telltale. Après un Tales from the Borderlands de très bonne facture, le studio spécialisé dans le jeu d’aventure narrative a connu une inexorable chute qualitative, trop engoncé dans des codes qui, finalement, imposaient des limites conceptuelles trop évidentes. D’ailleurs, votre humble serviteur n’a pas pu aller au bout de leur Batman, c’est dire. Bref, c’est sans grande motivation qu’on allait à la rencontre de The Council, lors du What’s Next 2018, organisé par Focus Home Interactive. Pourtant, après une bonne heure de prise en main, on en ressortait au moins interpelé par le mélange des genres, le studio bordelais Big Bad Wolf (composé notamment par des anciens de chez Cyanide, qui ont notamment bossé sur Blood Bowl 2) ayant l’audace de remuer la formule visée. Grand bien leur en a pris : ils livrent là un début de cheminement carrément enthousiasmant.

Le scénario de The Council : Episode 1 – The Mad Ones se devait évidemment de nous accrocher dès les premières minutes. On connait les forces et faiblesses de la structure épisodique, qui peut laisser quelques joueurs sur la touche si le studio de développement ne parvient pas à nous happer de suite. Pour  vous en convaincre, essayez donc de survivre à l’expérience Game Of Thrones : A Telltale Series. L’histoire est assez simple sur le papier : nous incarnons Louis de Richet, membre doué de l’Ordre Doré, dont la branche française est dirigée par sa mère, Sarah de Richet. Voilà l’équipe de choc plongée dans une enquête complexe, en pleine année 1793, millésime d’une importance historique capitale. Alors que le duo se tire d’un danger mortel, leur chemin se sépare pendant un long mois, et le fils reçoit des nouvelles alarmantes : sa maman, qui a continué ses investigations en solo, a disparu, alors qu’elle se trouvait sur l’île du mystérieux homme de réseau Lord Mortimer. Ni une, ni deux, le personnage principal fait vos bagages, invités qu’il est à se mêler aux recherches à l’occasion d’une des fameuses réceptions du maître des lieux. Et très vite, vos sens vous informeront que tout ne tourne pas rond dans cette affaire…

Un page-turner vidéoludique

image test the council episode 1
Une ambiance idéale pour une enquête passionnante.

The Council : Episode 1 – The Mad Ones ne peut nier son appartenance au genre de l’aventure narrative. Dès lors, on s’attend à entendre les habituels quolibets résonner en masse, motivés par nulle autre que des idées préconçues : « Sus aux films interactifs », « ce n’est pas un jeu » etc. On ne jettera pas la première pierre : on aurait pu se joindre à ce flot, surtout que l’introduction, pourtant bien mise en scène, débute par un dialogue intense mais seulement entrecoupé d’une poignée de choix. On remarque, cependant, que ceux-ci sont assez cornéliens, ce qui s’accentuera par la suite mais ces premières options ne déméritent pas. Après cette séquence sans surprises formelles mais tout de même appétissante, on comprend exactement où veut en venir Big Bad Wolf : incorporer certains des codes du RPG afin de bonifier l’expérience. Ce qui force, d’ailleurs, la narration à s’adapter à cette modification de prise en main. L’équilibre entre cutscenes et gameplay se fait idéal, tandis qu’on se fait une réflexion : voilà qui modifie pertinemment, et durablement, notre rapport à l’aventure narrative.

The Council : Episode 1 – The Mad Ones évite le piège des possibilités sans grand intérêt. La sélection d’une réplique, ou d’une action, sait parfois nous triturer au plus profond, on pense à cette séquence qui nous fait choisir entre laisser un personnage féminin se faire battre afin que notre complice enquête dans sa chambre, ou intervenir afin de mettre un terme à cet acte odieux, au risque de passer à côté de précieux indices. Voilà qui nous pose un sacré dilemme, et ce premier épisode multiplie ce genre de situation. La mise en scène, très classique mais qui ne se refuse pas des effets savoureux, comme lors des visions de Louis de Richet, se charge d’accompagner le scénario avec efficacité. Si le cliffhanger atteint un beau sommet de tension, le cheminement se fait plus doux, on tire vers l’enquête pure et dure, d’ailleurs on pensera parfois à des sensations vécues lors de parties de Cluedo : si l’action n’est pas invoquée, ce sont les diverses problématiques qui se chargent de nous tenir accroc, comme dans un bon page-turner au coin du feu.

1793 : c’est la Révolution du gameplay

image playstation 4 the council episode 1
Trouver des indices est primordial pour l’avancée des investigations.

The Council : Episode 1 – The Mad Ones nous surprend très agréablement dans son récit, mais aussi côté gameplay, tant Big Bad Wolf n’a pas privilégié l’un au détriment de l’autre. Si le concept du choix cornélien, boosté par une limite de temps sur certaines phase, n’a rien de bien étonnant, on comprendra vite que le jeu cherche à bousculer le train-train de ce genre de sodt. Cela débute par le choix d’une classe, entre trois : Diplomate, Occultiste et Détective. La première accouchant d’un brillant politicien, la deuxième d’un véritable stratège machiavélique, tandis que la dernière forme un homme de terrain qui excelle en investigation. Chacune a droit à son arbre de compétence, mais seul celui que vous aurez élu aura des effets immédiats. Pas de panique, si vous désirez ardemment une capacité liée à une classe que vous n’avez pas choisi, vous pourrez aussi l’activer, mais elles seront plus chères à débloquer. Car, à la fin de chaque chapitre, vous aurez droit à la récapitulation de vos actes, lesquels vous accordera des points d’expérience. Et chaque niveau atteint vous accorde des points à placer, afin de déverrouiller ou faire évoluer une compétence. Voilà qui relève fortement l’expérience, en donnant au joueur l’impression qu’il n’est pas seulement emmené à opter pour l’un ou l’autre des embranchements.

Et ne pensez pas décider à l’emporte-pièce pour une compétence. Vous allez vite vous rendre compte, par exemple, que Psychologie est tout aussi importante que Subterfuge, Linguistique ou Logique. Une fois débloquées, ces aptitudes vous seront utiles tout autant pendant les dialogues, au cours desquels des répliques spécifiques vous attendront, que pendant votre enquête sur le terrain. Liberté d’agir ? Non, le studio de développement a heureusement pensé à une mécanique qui vous force à réfléchir vos décisions : les Efforts. Par exemple, un livre est situé en hauteur, et pour l’atteindre il faut utiliser Agilité contre un certain nombre de points, lesquels augmenteront au fil de l’aventure, notamment en collectant des morceaux d’ambre cachés dans le manoir. The Council : Episode 1 – The Mad Ones étant soigné dans les moindres détails, sachez que vous pourrez recharger ces points, grâce à des pots de gelée royale, qu’il vous faudra dégoter sur le terrain. Cependant, prenez gare à l’excès, car vous serez alors atteints d’un malus, guérissable grâce à un autre objet à récupérer. Clairement, Big Bad Wolf ne se fiche pas du joueur, lui propose d’avoir un impact direct sur le jeu.

Pas une claque graphique, mais une direction artistique charmante

image jeu the council episode 1
Des dialogues bien écrits et parfois des choix cornéliens.

Et ce n’est pas terminé ! Remplir quelques quelques objectifs, comme répondre un certain nombre de fois dans le temps imparti, débloque des talents. Ceux-ci sont rassemblés au sein d’un codex exemplaire, qui nous informe aussi sur les différents protagonistes rencontrés, ainsi que sur leurs différentes forces et faiblesses à exploiter afin de leur faire cracher le morceau. Car, dans The Council : Episode 1 – The Mad Ones, vous aurez parfois droit à de véritables combats de répliques, lors de phases sobrement intitulées Confrontation. Au cours de celles-ci, vous devrez franchir un certain nombre d’étapes, en répondant avec le plus de pertinence possible. Ce qui se passe, lors de ces joutes, aura des conséquences directes sur la suite de l’histoire, c’est donc le moment de faire briller vos compétences. Un gameplay riche, donc, et seule une caméra trop proche du personnage (et trop lente, n’hésitez pas à passer dans les Option pour la régler) vient s’inscrire dans nos regrets.

Enfin, The Council : Episode 1 – The Mad Ones n’est certes pas une énorme claque technique, mais on adhère totalement à la direction artistique, réaliste et plutôt précise dans les traits des personnages. Le manoir, quant à lui, est très plaisant à parcourir, notamment grâce aux œuvres d’art qui habitent l’endroit. D’ailleurs, on remarque pas mal de représentations du titan Saturne, dévorant un de ses enfants. Un indice pour la suite ? Nous verrons bien. Les animations sont parfois rigides, et on a droit à de l’aliasing, mais on n’arrive pas à en tenir rigueur. Par contre, attention à l’écriture blanche sur fond blanc, cela n’arrive qu’une fois mais c’est assez gênant pour la lecture. Ajoutons une super musique, bien dans le ton et pertinente quant aux situations et l’époque.

Note : 17/20

Mais quelle belle surprise que The Council : Episode 1 – The Mad Ones ! Alors que l’on redoutait une énième aventure narrative un peu plate, Big Bad Wolf tord nos préjugés et nous livre ce qu’on peut dès maintenant qualifier de révolution pour le genre. S’il faudra évidemment attendre la suite du cheminement afin de juger de la qualité globale de l’intrigue, il est tout de même notable que cette introduction fonctionne idéalement, distillant une galerie de portrait convaincante, et des choix véritablement cornéliens. Mais c’est surtout le gameplay qui nous séduit un maximum, on en vient à se persuader que le genre s’en trouve bonifié. Du coup, on a hâte de découvrir la suite qui, si elle est aussi passionnante que ce premier épisode, formera un soft important pour cette année 2018.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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