[Test – Blu-ray] La grande muraille – Zhang Yimou

Caractéristiques

  • Titre original : The Great Wall
  • Réalisateur(s) : Zhang Yimou
  • Avec : Matt Damon, Jing Tian, Willem Dafoe, Andy Lau, Pedro Pascal, Hanyu Zhang, Mackenzie Foy...
  • Editeur : Universal Pictures France
  • Date de sortie Blu-Ray : 16 mai 2017
  • Date de sortie originale en salles : 11 janvier 2017
  • Durée : 103 minutes
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Image : 5/5

Ce master de La grande muraille est aussi grandiose que l’imposante construction chinoise ! La précision est absolument démentielle, aucun détail ne nous échappe. Gros travail sur les contrastes, grâce auxquels les couleurs sont idéalement mises en valeur, et c’est important tant elles sont au centre de la direction artistique, et de la lumière très gourmande du doué Stuart Dryburgh. Sublime de bout en bout, jusque dans les noirs, intenses juste ce qu’il faut. Un résultat exemplaire.

Son : 5/5

La grande muraille est notamment proposé en version française, et originale sous-titrée dans la langue de Molière. Et pour les deux, tenez-vous bien, Universal  Pictures France nous gratifie d’un Dolby Atmos. Bien évidemment, celles et ceux qui ne sont pas équipés en conséquence auront droit à un Dolby TrueHD 7.1, ce qui reste carrément remarquable. Mais le Dolby Atmos, bon sang. Les séquences de combats transportent le spectateur au cœur de l’action, grâce à une spatialisation tout simplement parfaite. Le rendu est idéal, parfait pour vous féliciter d’avoir investi dans une bonne installation sonore : c’est énergique, équilibrée, la musique n’est jamais trop imposée. Bien malheureusement, et comme souvent de nos jours, la VF est sabordée par un doublage craignos. Vous savez ce qu’il vous reste à faire : foncez sur la VOSTFR, et uniquement sur elle.

Bonus : 2/5

La section bonus de La grande muraille n’est pas très enthousiasmante. Sept modules s’offrent aux spectateurs curieux. Scènes coupées et versions longues (7 minutes minutes) n’apporte que très peu d’intérêt, ni en terme d’action, ni en développement des personnages. On est là face à de vrais “chutes de rushs”. Matt Damon en Chine (3 minutes) porte sacrément bien son titre. L’acteur se confit sur son périple asiatique, beaucoup trop succinctement pour que ce soit réellement intéressant. C’est un peu moins le cas de Travailler avec le réalisateur Zhang Yimou (3 minutes), qui malgré sa durée arrive à nous intéresser. Par contre, on aurait apprécié plus de présence du metteur en scène, relégué à un bon mot final. Les effets visuel de la grande muraille (3 minutes) est encore une featurette sans trop de saveur. Pire, elle met en appétit, avec les bonnes interventions de Phil Brennan, superviseur des effets spéciaux, mais sans ne jamais développer. Homme contre monstres (27 minutes) est sans doute le module le plus digne d’intérêt. Divisé en trois parties, pour autant de batailles, ce complément nous apporte de bien belles images du tournage. Armes de guerre (3 minutes) est, encore une fois, trop réduit mais pourra tout de même apporter quelques éclairages pas inintéressants. Enfin, La conception d’un univers spectaculaire (3 minutes) aurait dû être tellement plus marquant que ce bonus, qui survole ce qui est pourtant l’une des réussite du film : ses décors.

Synopsis

Entre le courage et l’effroi, l’humanité et la monstruosité, il existe une frontière qui ne doit en aucun cas céder. William Garin, un mercenaire emprisonné dans les geôles de la Grande Muraille de Chine, découvre la fonction secrète de la plus colossale des merveilles du monde. L’édifice tremble sous les attaques incessantes de créatures monstrueuses, dont l’acharnement n’a d’égal que leur soif d’anéantir l’espèce humaine dans sa totalité. Il rejoint alors ses geôliers, une faction d’élite de l’armée chinoise, dans un ultime affrontement pour la survie de l’humanité. C’est en combattant cette force incommensurable qu’il trouvera sa véritable vocation : l’héroïsme.

image la grande muraille

Le film

Il y a les grands divertissements, de l’ordre de ceux dont on parle sans trop de soucis dans les diners en ville. Et puis, il y a ce qu’on appelle les plaisirs coupables. Ces films que l’on sait pertinemment moins bons que d’autres, mais si généreux que l’on pourrait presque les placer au-dessus de certaines œuvres pourtant plus ou moins intouchables. Nous aborderons ce sujet plus longuement dans un prochain édito (ça tease !), mais ce qu’on peut écrire pour le moment, c’est que La grande muraille fait très clairement partie de ces métrages limités, mais qui procurent un plaisir qui ne répond pas aux critères habituels.

On ne peut nier que La grande muraille est un film parfois embarrassant. En premier lieu, l’écriture des personnages est plate au possible, et aucun des protagonistes semblent devoir évoluer au fil du récit. Un surplace désobligeant, dont les effets néfastes se répercutent évidemment sur le scénario. Celui-ci ne se dépatouille pas de cette impression de ronronnement, le spectateur a continuellement un coup d’avance, et ce même si le final est aussi jouissif qu’injustifié. Une écriture peu inspirée, dont seul le bestiaire semble surnager. Pas dans son accomplissement technique : les effets spéciaux sont curieusement ratés, avec des incrustations à la truelle. Mais il se dégage de ces bestioles, qui répondent au doux nom de Tao Tei, une dose de mystère pas déplaisante, sorte de menace séculaire que l’imposante muraille se doit de repousser tous les soixante ans, sous peine de voir le monde envahit, et bien entendu détruit. Étrangement, leur design fait très cartoon, et c’est une impression qui va contaminer l’entièreté de l’œuvre. Pas certain que ce soit un effet maîtrisé, pour le coup.

Zhang Yimou n’est pas le premier réalisateur venu. Même si l’on est loin d’apprécier toute sa filmographie (Le secret des poignards volants est une gonflante boursouflure), on ne peut qu’être admiratif devant sa maîtrise du cadre, sa mise en scène qui sait doser le spectaculaire, et cette propension à une direction artistique colorée. C’était déjà le cas du très beau Hero, et ça l’est encore dans La grande muraille. Sans que ce ne soit justifié autrement que par le besoin de repérer les unités, celles-ci revêtissent des armures de couleurs. On se retrouve, à l’écran, avec de véritables compositions pétillantes, qui évitent le mauvais goût d’un rendu criard, contrairement à ce qui a été écrit maintes fois lors de la sortie du film. C’est beau, c’est équilibré, ça fait un peu toc, parfois à la limite du sentai, mais on pardonne devant tant de folie créatrice.

image film la grande muraille

La grande muraille n’a pas grand chose à offrir côté scénario, mais le film se rattrape grâce à de séquences d’action gargantuesques. En cloisonnant la situation, en osant mettre en place un huis-clos, forcément intime, dans un lieu démesuré, le film semble refuser tout standard. Aussi, les moyens, mis à disposition de l’armée de défense, font en sorte que l’on passe notre temps à en découvrir les différents ressorts. Les femmes volantes, la robuste équipe de corps-à-corps, les gadgets au sein même de l’immense structure : les puissants Tao Tei font des dégâts, mais ils ne s’en sortiront pas indemnes non plus. Pendant ce temps, on tente de nous raconter une histoire de poudre à canon, de trahison, mais personne n’est dupe : on s’en contrefiche. D’ailleurs, ce fait atteint directement le pauvre Willem Dafoe (Antichrist), qui incarne là l’un des personnages les plus creux que l’on ait pu voir sur un écran. Et sa prestation peu concernée ne sauve en rien ce constat. Andy Lau (Infernal Affairs) s’en tire mieux, car apparemment moins relâché, même si son temps de présence à l’écran, limité, est un regret. Enfin, Matt Damon (Seul sur Mars) oscille entre le bon et le carrément imbuvable, se contentant d’imposer une carrure charismatique, mais sans supplément d’âme.

La grande muraille a la bonne idée de ramasser sa durée, les rideaux tombent à moins de deux heures. Là aussi, c’est une donnée qui explique la bonne tenue du ressenti : on n’a jamais l’impression qu’on nous tricote des éléments à n’en plus finir, juste dans l’optique absolument ridicule qu’un spectateur doit “en avoir pour son argent” en terme de quantité. Ici c’est le trip en lui-même qui sert de bourratif, et l’objectif est rempli. Au terme d’un final carrément improbable, gratuit dans sa construction, mais indéniablement mémorable en simples termes artistiques. Si les Tao Tei terminent comme de vulgaires zombis issus de World War Z, à se produire en nuée, Matt Damon trouve là une parfaite mise en valeur, grâce à une idée de lumière qui ravira les amateurs de bel ouvrage. On finit un peu sur les rotules, pas sûr que Zhang Yimou retrouvera ce genre de budget international à l’avenir, mais on est conquis par ce cinéma qui ose, sans se poser de questions.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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