Caractéristiques
- Créé par : Matt Youngberg
- Avec : (les voix originales de) David Tennant, Danny Pudi, Ben Schwartz, Bobby Moynihan, Kate Micucci, Tony Anselmo...
- Saison : 1
- Année(s) de diffusion : 2017
- Chaîne originale : Disney XD
- Diffusion françaisee : pas encore annoncée
- Note : 7/10 par 1 critique
Un nouveau style pour de nouvelles aventures
Annoncé fin 2016, le reboot de La bande à Picsou (DuckTales en V.O.) vient enfin de débuter aux États-Unis sur la chaîne Disney XD, où l’épisode 1 a été diffusé en continu le 12 août. Nous avions déjà pu découvrir quelques images, ainsi que le nouveau générique quelques semaines auparavant, et, avouons-le, nous étions partagés entre crainte et impatience. Impatience de retrouver les héros de notre enfance, mais crainte, car le nouveau style du dessin animé, davantage cartoonesque et résolument moderne, est on ne peut plus éloigné de la série originale, et pouvait laisser redouter une approche plus simpliste, moins forte visuellement.
Or, malgré un petit pincement au coeur lors des premières secondes de « Woo-Oo! », double-épisode d’ouverture affichant 44 minutes au compteur, on se laisse vite entraîner dans ces nouvelles aventures, qui présentent une histoire alternative à celle développée dans la série des années 80. Dans ce reboot, Donald Duck et son oncle Picsou sont en froid depuis 10 ans et ses neveux, Riri, Fifi et Loulou ne savent même pas que le richissime canard est leur grand-oncle. Néanmoins, lorsque Donald doit passer un entretien important en ville, il ne trouve d’autre solution que de faire appel à son oncle pour qu’il les garde durant quelques heures.
Un laps de temps amplement suffisant pour que les petits garnements ne réveillent des artefacts magiques dans le garage de Picsou, qui doit leur porter main forte pour régler la situation. Ces mésaventures lui redonnent le goût de l’aventure, et l’encouragent à emmener les enfants, ainsi que Zaza, la petite-fille de sa gouvernante Mamie Baba, à la recherche du trésor perdu de l’Atlantide. Il ignore que Donald, qui a été embauché par son vieux rival Gripsou, est aussi en route pour l’antique cité perdue…
Secret de famille et intrigues à la Indiana Jones
Comme l’on pouvait s’y attendre, « Woo-oo! » vient poser les bases de cette nouvelle série animée en nous présentant les différents personnages et les relations qu’ils entretiennent, avant de les précipiter dans une première aventure rocambolesque aux faux airs d’Indiana Jones, qui rappellera aussi certaines bandes-dessinées Disney. Juste retour des choses quand on sait que Spielberg et George Lucas s’étaient en réalité inspiré de la BD « The Seven Cities of Cibola » de Carl Barks, une aventure de Picsou publiée en 1954, pour la fameuse scène du chariot dans Les aventuriers de l’arche perdue. Le célèbre dessinateur avait également organisé plusieurs rencontres entre les Duck et les habitants d’Atlantide, notamment dans l’histoire « Les mystères de l’Atlantide », publié aux États-Unis la même année.
Sans posséder le même charme naïf que la série animée originale ni les mêmes répliques qui tuent, DuckTales version 2017 se défend de manière très honorable côté scénario, et plus particulièrement au niveau du traitement de ses personnages. Les scénaristes ont ainsi corrigé quelques petites injustices d’antan en individualisant clairement Riri, Fifi et Loulou, qui se distinguait simplement par leur couleur de tee-shirt et de casquette dans l’animé originel, mais aussi dans l’ensemble des bandes-dessinées Disney.
Ainsi, Riri est présenté comme l’aîné, mais aussi le plus aventurier et turbulent, tandis que Loulou, en bon petit cadet, parvient davantage à jouer de son charme. Quant à la petite Zaza, très effacée dans la version des années 80, où sa principale caractéristique est d’être mignonne toute pleine et de charmer son monde, elle est ici mise à la même hauteur que ses cousins, et se révèle une enfant solitaire ayant développé de véritables dons de détective pour mettre à jour l’histoire mouvementée des Duck. L’arrivée du trio la ravit donc au plus haut point, et c’est elle qui va leur faire découvrir que Picsou et Donald étaient jadis de grands aventuriers.
On sent — ce que les producteurs ont d’ailleurs confirmé — que l’histoire de la brouille entre les deux canards cache un secret de famille qui semble concerner la mère de Riri, Fifi et Loulou et sera développée dans le reste de la saison. Au passage, des tableaux rappelant les peintures de Picsou et Donald par Carl Barks sont disséminées tout au long de l’épisode, joli clin d’oeil moderne à ce maître de la BD américaine, qui n’est autre que le créateur de Picsou et de nombreux autres personnages de cet univers. Par ailleurs, la réalisation est à la hauteur, avec des cadrages inspirés, qui rappellent par moments le meilleur des comics Disney.
Un ton plus moderne, des personnages moins naïfs
La bande à Picsou possède également un côté bien plus tongue in cheek que la version originale, et cet aspect fonctionne plutôt bien, notamment lorsque Riri, Fifi et Loulou découvrent les nombreux artefacts dans le garage de Picsou et les images de ses exploits. Les enfants d’aujourd’hui ont grandi avec le numérique et les réseaux sociaux, aussi semble-t-il naturel que les neveux de Donald, faussement blasés, fassent référence à Photoshop ou eBay en toute décontraction. Car DuckTales ne cherche pas à simplement surfer sur la vague de nostalgie pour les années 80, il s’adresse aussi et peut-être avant tout aux enfants, auxquels il souhaite raconter une toute nouvelle histoire, sans pour autant renier ses origines. Ainsi, l’humour et le côté aventures merveilleuses sont bien présents, mais le ton est résolument différent, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Reproduire à l’identique avec les moyens d’aujourd’hui l’ADN d’un dessin vieux de 30 ans n’aurait pas vraiment de sens et serait voué à l’échec, même si la série de notre enfance possède un côté intemporel tout à fait plaisant.
Du coup, si Donald est toujours aussi colérique et Picsou toujours aussi avare, le reboot préfère remonter aux premières BD de Donald Duck en ce qui concerne Riri, Fifi et Loulou, présentés comme de vrais garnements, plutôt que comme les parfaits gentils petits scouts qu’ils devinrent par la suite. Cette alternative, bien plus intéressante, participe à donner à l’ensemble un ton moins naïf, même si les décors et créatures merveilleuses sont toujours au rendez-vous. Ainsi, en dehors d’un fantôme-pirate et d’un dragon chinois, la bande trouvera la légendaire cité engloutie et son trésor, et devra affronter une bande de méchants où la seule femme ressemble à s’y méprendre à la chanteuse Grace Jones, que l’on avait pu admirer en James Bond Girl dans Dangereusement Vôtre. Le nouveau générique, dans lequel les personnages voyagent à travers de nombreux décors, est également une vraie petite perle, qui devrait enthousiasmer petits et grands.
Doctor Who dans le rôle de Picsou ?
Seul bémol notable de ce premier épisode : l’intrigue autour de l’Atlantide apparaît un brin bâclée et se concentre surtout sur le trésor, qui aurait finalement pu être situé n’importe où. Cela n’empêche pas la scène de confrontation finale dans ce décor sous-marin d’être drôle et particulièrement efficace : Indiana Jones serait fier ! Joli travail aussi sur les voix, même si les puristes de la VF du dessin original grinceront sans doute des dents en entendant la voix très djeuns des neveux de Donald. Les fans de Doctor Who seront ravis de retrouver David Tennant, le plus aimé des récentes incarnations du célèbre Docteur, derrière la voix de Picsou, tandis qu’Andy Anselmo assure dans le rôle de Donald, dont la voix éraillée typique demandera un petit temps d’adaptation aux ouïes françaises pour être tout à fait compréhensible.
Malgré toutes les craintes que nous pouvions avoir, le bilan est donc positif pour « Woo-ooh! » qui ouvre joliment cette première saison du reboot de La Bande à Picsou, dont la diffusion se poursuivra à partir du 23 septembre aux États-Unis. Quatre épisodes sont pour le moment annoncés sur IMBD. Quant à la diffusion française, elle devrait être prochainement annoncée par Disney, qui lancera déjà à la rentrée la nouvelle série Raiponce sur Disney Channel.