Caractéristiques
- Titre : Trace Of Breath
- Titre original : Iki no ato
- Réalisateur(s) : Haruka Komori
- Avec : Teiichi Sato
- Distributeur : Kasama Films
- Genre : Documentaire
- Pays : Japon
- Durée : 93 minutes
- Date de sortie : 2017
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
L’après tsunami, du point de vue d’un grainetier
Présenté à l’occasion du Kinotayo 2017, le festival du cinéma japonais contemporain, au sein de la compétition, Trace Of Breath figurait parmi les belles curiosités du programme. Documentaire qui s’annonçait intimiste, sur un sujet plutôt difficile à bien maîtriser, ce long métrage présente la particularité d’avoir été tourné sur trois ans. Une entreprise difficile, surtout qu’il s’agit du premier film de la réalisatrice, Haruka Komori, évidemment marquée par son expérience au sein des secours aux personnes sinistrées par le tsunami de 2011.
Trace Of Breath s’attache à nous décrire la vie après le tsunami, catastrophe écologique survenue en mars 2011, et dont le Japon essuie encore les plâtres à l’heure actuelle. Mais le point de vue de la réalisatrice l’emmène à aborder ce sujet, globalisant par essence, via l’existence d’un être humain. Teiichi Sato n’est pas un super héros. Son histoire est beaucoup plus intéressante, fondamentalement, car elle raconte le rapport que l’on entretient avec la reconstruction. Grainetier, produisant et vendant les semences qu’il produit lui-même à Rikuzentakata (préfecture d’Iwate, dans le Nord-Est de l’Archipel), cet homme a su rebondir et, comme il aime à le répéter, planter les graines de l’espoir.
Formellement, Trace Of Breath cultive une envie de contempler. Haruka Komori tient la caméra tout du long, et ne varie pas son sujet, lui colle aux baskets tout du long. Les plans se font parfois longs, trop à certaines occasions, dans le but de faire vivre l’une des raisons pour lesquelles l’Homme cherche à se reconstruire : le temps qui passe. L’intention est belle, l’exécution un peu maladroite par moments, notamment à cause d’un découpage assommant et d’un manque de moyens évident (mais pas éliminatoire, loin de là). Seulement, il est indéniable que, de ce documentaire, surgit une matière hors du commun. La réalisatrice peut être fière d’avoir su capter des émotions humaines difficilement exprimables sur grand écran : l’abnégation, et une certaine forme de foi.
Parfois maladroit formellement, mais très pertinent dans son fond
Si Teiichi Sato reste en mémoire, bien après le visionnage de Trace Of Breath, c’est parce qu’il nous touche au plus profond. Une conséquence du caractère commun de cet être, qui pourrait être le grainetier de notre quartier, du moins s’il n’avait pas pris de plein fouet une catastrophe naturelle terrifiante et meurtrière. Nulle trace de ce tsunami dans le documentaire, pas d’images d’archives. On vit l’après, la matière laissée par le reflux. Conséquence directe, le sujet se lance dans l’écriture d’un ouvrage, pour témoigner de son expérience. Le succès aidant, aussi humble qu’il soit, voilà que les traductions se multiplient, signe que le monde entier est encore interpelé par le dramatique événement de mars 2011.
Le caractère de ce grainetier irradie Trace Of Brace, et ce n’est pas pour rien si le documentaire a reçu le Prix du Jury du festival Kinotayo 2017. On repense notamment à tout le passage concernant le Pin des miracle, arbre multi-séculaire, dont les origines restent mystérieuses. Même à l’occasion de cette découverte impressionnante, on se rend compte que le tsunami a une emprise. En effet, la violence du phénomène emmène Teiichi Sato à se poser des questions sur l’âge exact du mastodonte, qu’il va tenter de découvrir par le biais des précédentes catastrophes qui ont submergé cette partie du Japon. Encore et toujours, les eaux reviennent au centre des pensées. Voilà sans doute la plus grande réussite de ce documentaire : parler d’un sujet, fondamentalement, en ne l’abordant jamais frontalement. S’en dégagent des émotions lancinantes et mémorables.