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[Critique] Les cinq survivants – Arch Oboler

Caractéristiques

  • Titre original : Five
  • Réalisateur(s) : Arch Oboler
  • Avec : William Phipps, Susan Douglas Rubes, James Anderson, Charles Lampkin, Earl Lee
  • Distributeur : Columbia Pictures
  • Genre : Science-fiction, Drame
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 93 minutes
  • Date de sortie : 25 avril 1951
  • Note du critique : 8/10

Un film de science fiction aussi méconnu qu’important

C’est assez incroyable comme le septième art ne cesse de nous surprendre. Si vous pensiez avoir tout vu, tout dénicher, Artus Films fait partie de ces éditeurs qui proposent de revoir votre jugement, continuellement et de manière passionnée. Votre dévoué serviteur ne vous le cachera pas : Les cinq survivants était, jusqu’ici, totalement inconnu chez Culturellement Vôtre. Même le simple titre ne nous rappelait aucune mention, que ce soit dans un documentaire, ou un livre spécialisé sur le sujet du genre. Et pourtant, on vous prie de nous croire : on en dévore. Bref, on fonçait droit vers de nouvelles terres. Et, dans ce schéma cinéphile, ce sont elles qui nous ont conquis…

Dépeuplée par un holocauste nucléaire, la Terre décrite par Les cinq survivants n’est plus qu’un vaste cimetière. Seules cinq personnes semblent avoir miraculeusement survécu. Se retrouvent dans un site privilégié épargné par les retombées radioactives : une femme enceinte, un homme de couleur, un employé de banque, un philosophe et un alpiniste raciste. Vont-ils, malgré leurs différences, parvenir à coexister face au tragique de la situation ?

Les cinq survivants se vit comme un épisode de La quatrième dimension, auquel on aurait donné du temps pour développer une écriture des personnages digne d’un long métrage. Pourtant, tout était réuni pour que l’on découvre une œuvre résolument fauchée, et tournée à l’arrache. Le réalisateur, Arch Oboler, que nous découvrons avec ce film, tourne, écrit et produit son effort avec des bouts de ficelle : 75 000 dollars de budget, et un décor principal qui se trouve être la maison, ainsi que ses alentours, du metteur en scène. Aussi intéressant, le long métrage est reconnu comme étant le premier qui décrit l’après-catastrophe nucléaire. Donc, on pouvait craindre une somme d’épreuves insurmontables pour la réalisation de l’œuvre. Pourtant, elle se tire de tous les pièges tendus.

De la SF post apocalyptique qui fait la place belle aux personnages

image film cinq survivants

Les cinq survivants a l’intelligence de ne pas résumer son propos à sa situation. Arch Oboler s’empare de celle-ci pour mieux analyser ce qu’il y a de plus intéressant, finalement : les comportements humains, quand les Hommes sont poussés dans leurs retranchements. Si le film est évidemment équilibré dans la violence des descriptions, on vous parle d’un temps où les cinéastes n’étaient pas obligés de balancer des litres de sang à la tronche des spectateurs pour leur soutirer une émotion, et ce même si la mort d’un personnage très jeune pourra créer l’étonnement, il sait aussi se faire critique. Immanquablement, on pensera au chef-d’œuvre Le monde, la Chair et le Diable, tant les rapports entre les âmes se referment de plus en plus, jusqu’à exprimer ce qu’il y a de plus abject. Tout en gardant des notes d’espoir, on aime le fait que cet ersatz de civilisation prenne le temps d’honorer les morts, le long métrage démontre la violence d’un racisme qui, décidément, n’a pas besoin d’une société pour avoir cours.

Sans mettre de côté son appartenance au film fantastique, notamment lors d’une incursion en ville courte mais marquante, Les cinq survivants préfère ne pas s’imposer de passages obligés liés à un genre qui, en 1951 (lors de la sortie américaine), n’existait pas. Si le long métrage est séminale, c’est sans doute chez des réalisateurs plus auteurisants. D’ailleurs, il est à souligner que l’œuvre fut saluée par un François Truffaut dithyrambique. On le comprend, tant Arch Oboler sort la caméra des studios, cheval de bataille de celui qui n’avait pas encore réalisé son premier court-métrage. Quant au casting, il est bien impliqué, et uniforme dans la qualité. En définitif, cette sortie signée Artus Films nous place là face à une perle méconnue, mais qui a toute sa place dans les grands classiques du genre.

Retrouvez aussi notre test du DVD.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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