Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Playstation 4
- Ordinateur/PC
- Xbox One
- Développeur : Omega Force
- Editeur : Koei Tecmo Europe
- Date de sortie : 13 février 2018
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Les débuts d’une nouvelle ère
Quand Dynasty Warriors 9 fut annoncé par Koei Tecmo Europe, le premier élément mis en avant fut évidemment la volonté d’Omega Force d’inscrire le jeu dans un open world. Il faut bien dire que c’était là une news sensationnelle : la licence reine du Musô se réinvente enfin, ce qui faisait naitre autant d’espoirs que de craintes. Comment le studio allait-il s’en sortir avec un monde véritablement ouvert (bien plus que dans le très bon Dragon Quest Heroes 2) ? L’autre véritable interrogation nous replongeait au cœur de la précédente génération de consoles, quand les créations japonaises ne pouvaient lutter avec les occidentales, techniquement tout du moins. La licence pouvait-elle se redéfinir sans trop mettre en danger le rendu visuel ? C’est ce que nous allons voir.
Dynasty Warriors 9 plonge le joueur au cœur d’un conflit asiatique parmi les plus connu à l’Est, mais moins chez nous, celui des Trois Royaumes. Nous suivrons, dans un premier temps, le Seigneur de guerre (et Premier Ministre) Cao Cao, et c’est un choix intéressant d’un point de vue historique. En effet, l’homme véritable et le personnage des différentes œuvres populaires n’ont pas grand chose en commun. Et le jeu se rapproche un peu plus de ce que les historiens pensent savoir de lui : bien plus porté sur l’intérêt de son peuple que sur les machiavéliques intrigues de palais. Toute la sève du jeu se trouve dans la montée en puissance du conflit, de la révolte des Turbans Jaunes à la naissance des royaumes Wu, Wei et Shu. Bien entendu, Dynasty Warriors oblige, et malgré un personnage principal plus fidèle à la possible réalité, l’intrigue est grandement romancée. On pourra, d’ailleurs, s’amuser de quelques croustillants passages héroïques, comme l’un de nos compères qui continue à combattre avec un œil fraichement crevé par une flèche.
Chauuuud, Cao Cao
C’est plus la narration de Dynasty Warriors 9 qui pose quelques soucis. Les cutscenes sont terriblement statiques, et l’on finit par se lasser de ces très plates séquences de dialogues. Clairement, Omega Force n’a pas réussi à intégrer l’histoire dans le concept de l’open world, ce qui créé le besoin, pas salvateur, de boucher des trous scénaristiques par le biais de discussions intéressantes mais assez lourdes, heureusement courtes et intégralement traduites en français. Par contre, le studio de développement a pensé à créer une véritable encyclopédie, dans laquelle le joueur retrouvera tous les détails des différentes batailles vécues, et c’est très bien vu : grâce à cela, on suit au plus près le cheminement des Trois Royaumes. Ce qui n’est pas une mince affaire, tant l’affaire foisonne de détails.
Dynasty Warriors 9 est, donc, synonyme de passage à l’open world, pour cette licence très populaire. Autant l’affirmer très clairement : les intentions sont très bonnes, la réalisation beaucoup moins. Tout d’abord, il est vrai que le monde est ouvert. Et assez ample pour réellement se sentir à l’aise, se lancer dans de longues pérégrinations, à la recherche de lieux à découvrir. Pour ce faire, le personnage peut sauter, courir, se balader à cheval, et utiliser un grappin. Il manque peut-être la carotte, la quête d’objets bien planqués, à collecter pour nous pousser encore plus à divaguer au sein de cette Chine ancestrale. Mais même en l’état, on se plonge dans l’univers. Attention tout de même, car la nature est cruelle, et les ennemis ou animaux croisés (que vous pourrez chasser afin de gagner des points spéciaux, échangeables contre des objets rares) seront bien plus costauds à l’état sauvage que pendant les missions.
Un monde ouvert fonctionnel mais trop prudent
Par contre, Dynasty Warriors 9 se prend les pixels dans le tapis dès qu’il faut faire preuve d’originalité. C’est bien simple, tout semble avoir déjà été vu ailleurs. On comprend parfaitement le besoin, pour le studio Omega Force, de s’accrocher à des valeurs sûres mais, par exemple, était-ce obligé de concevoir des tours de guet, qui découvrent une partie de la map ? Aussi, les différentes villes semblent finalement vides, en dehors des échoppes, de quêtes secondaires (et totalement Fedex dans l’esprit), et quelques dialogues à écouter. Par contre, collecter des éléments, afin de concocter des potions ou construire des armes et autres objets qui augmenteront vos capacités, est une tâche qui a été bien pensée. Il suffit de passer sur un élément, lequel est associé à une signalétique de couleur synonyme de qualité, afin de le ramasser. Rapide, et efficace.
Qui dit Dynasty Warrios 9, dit combats homériques à un contre des centaines de fantassins. Cela se vérifie ingame, avec un système de missions agréable, mais pas toujours très clair. En gros, on a accès à un listing des objectifs en cours, et l’on peut rejoindre chacun d’entre eux au plus près (la distance dépend de si vous avez touché certains points de passages, ou libéré des camps à proximité). Une fois arrivé sur les lieux de la bataille, on retrouve la jauge bien connue des fans de la licence : divisée en deux parties (le joueur est bleu, l’ennemi est rouge), et plus un camp gagne, plus la couleur domine. Pour faire pencher la balance de votre côté, il va falloir défourailler du vilain, et c’est toujours aussi bonnard. Les enchaînements sortent bien, l’utilité des coups assommant vous sortira de bien des situations chaudes, et les actions contextuelles apportent une dose de nervosité bienvenue. Sachez, d’ailleurs, que vos personnages sont évolutifs, comme dans un RPG : plus vous combattez, ou remplissez des missions, plus vous amassez des points d’expérience, et plus vous gagnez des niveaux. Lesquels vous accordes des points à dépenser, pour perfectionner votre puissance, votre défense, l’habilité et toute une gamme de capacités. Dont celle du fameux Musô, une attaque impressionnante capable de terrasser des dizaines d’adversaires.
Techniquement très perfectible
Dynasty Warriors 9 peut vite s’avérer un peu tactique, du moins si vous jouez en mode de difficulté élevé. Profitons-en ici pour vous conseiller de débuter au moins en Normal, le Facile étant absolument ridicule dans l’absence de challenge : les ennemis se font presque totalement statiques. Mais en Difficile, c’est une autre paire de manches, et vous allez devoir faire attention aux indications à l’écran. Tuer un officier gradé, dont le titre apparaît au-dessus de sa tête, vaudra à la troupe qui l’accompagne de perdre totalement le moral, et de s’enfuir aussi vite. Alors, quand certaines batailles s’éternisent, organisez vos assauts, ciblez intelligemment, et les troupes adverses diminueront vite. Par contre, si vous cherchez à augmenter votre combo, attention à ne pas abattre le supérieur en premier. Vous pourrez aussi faire face à des catapultes, et autres engins du genre, qu’il faudra détruire au plus vite, tant elles ont tendance à faire très mal. Dernière petite astuce, n’hésitez pas à utiliser l’arc, agréable à prendre en mains après un petit temps d’adaptation, afin de commencer à décimer les rangs de vos opposants.
Par contre, Dynasty Warriors 9 souffre bel et bien d’une technique au mieux passable, au pire assez catastrophique. Vous le savez si vous nous suivez, chez Culturellement Vôtre nous ne sommes pas du genre à penser qu’un beau pixel fait un bon jeu. Si votre dévoué serviteur a adoré Deadly Premonition (ah, si Marvelous Interactive pouvait en sortir un remake, ou un petit remaster…), ce n’est pas pour railler un titre sur ses seules faiblesses visuelles. Alors non, le titre ici chroniqué ne doit pas perdre de sa petite aura, de ses qualités naissantes, pour ses problèmes de framerate asthmatique. Mais écrivons que ça fait un peu tâche. Les textures mettent une plombe à se charger, et ne brillent pas par leur précision. Les animations font vraiment vieillottes, surtout pour notre canasson. Le cycle du jour et de la nuit fonctionne bien, mais la map est tellement vide de vie que l’on sent en permanence quelque chose qui manque. Bref, ce n’est pas la joie dans la forme, même si Koei Tecmo assure que divers patchs correctifs sont en route. Ils ont du boulot. Par contre, les musiques, composées par Masato Koike, sont dignes du niveau attendu par les amateurs de la série, avec notamment un thème principal, Into The Era, qui se retient.
Note : 14/20
Vous l’aurez compris, Dynasty Warriors 9 est un épisode de transition, qui tâte le terrain de l’open world et tente de trouver sa voie, parfois maladroitement. Seulement, on ne peut que penser que l’éditeur Koei Tecmo, et Omega Force, ont vu juste dans le potentiel d’association entre les spécificités du Musô, et celles du monde ouvert. S’il manque des activités originales, au profit d’autres déjà bien installées dans le paysage surpeuplé du genre, gageons que les prochains épisodes sauront creuser une voie toute faite, qui a bel et bien le potentiel pour renouveler l’intérêt, voire même d’emmener de nouveaux joueurs vers cette licence, très populaire en Asie. Par contre, carton jaune, limite orangé, du côté de la technique. Espérons que des patchs ne tarderont pas à améliorer les performances, notamment côté framerate, car le résultat purement formel n’est pas fameux. Du tout. De quoi désespérer ? Certainement pas, et si vous accrochez au concept alors vous embarquez dans un voyage à la durée de vie gigantesque : 30 heures rien que pour le cheminement de Cao Cao, et plus d’une centaine pour tout voir du soft. Pas parfait, mais ambitieux.