Une enquête palpitante entre fantôme et médiums
Récompensé du prix As d’Or Jeu de l’année 2016, Mysterium continue à connaître un joli succès aujourd’hui. Ce jeu de société familial édité par Libellud et distribué par Asmodee nous plonge dans l’Écosse du début des années 1920. Le propriétaire des lieux, Conrad McDowell, pratiquant lui-même la cristallomancie, appelle à la rescousse différents médiums aux spécialités différentes après avoir constaté la présence d’un fantôme dans son manoir. La lecture de journaux d’époque lui ont appris qu’un valet y était mort dans des circonstances suspectes plus de 30 ans plus tôt; une affaire classée officiellement en accident mais restée non élucidée à ce jour. Encore choqué et confus, le fantôme n’arrive pas à se matérialiser suffisamment longtemps pour communiquer avec autrui. Lord McDowell espère donc qu’en s’associant à d’autres médiums, il pourra résoudre ce mystère et permettre au fantôme de trouver la paix en révélant les circonstances de sa mort et en dénonçant son meurtrier.
Les joueurs incarneront donc le fantôme et les médiums, les seconds ayant la tâche de faire le tri ensemble entre les différentes pistes afin de trouver la solution de l’énigme. Le fantôme, de son côté, devra distribuer des cartes afin de guider l’intuition de chaque joueur vers la piste qui lui est dédiée et, enfin, vers la bonne solution. Si la boîte indique que Mysterium peut se jouer à partir de 2 et jusqu’à 7 joueurs, pour avoir testé une partie à 2 puis à 4, nous vous conseillons très fortement d’être au moins 3, et si possible 4 joueurs ou plus afin d’apprécier réellement le déroulement du jeu. En effet, à 2 joueurs, il n’y aura qu’une seule piste, donc pas de discussion entre médiums pour tenter de déterminer quelle hypothèse est la bonne parmi les différents scénarios — la partie ne durera donc qu’une petite dizaine de minutes en mode facile, et tout un pan du déroulement décrit dans les règles n’aura pas lieu. Pour exploiter le potentiel du jeu à son maximum et en tirer le maximum de plaisir, nous vous conseillons donc une grande partie entre amis ou en famille.
Un jeu faisant appel à l’intuition
La première fois, la mise en place du plateau demande un peu de temps, de même que la lecture des règles (très détaillées), mais il ne faut guère s’en effrayer : le principe et les différentes étapes sont en réalité assez simples à effectuer et très faciles à retenir. On louera la conception graphique des différents éléments du plateau, avec son grand paravent en forme d’escaliers de manoir victorien, en passant par les pions et les nombreuses cartes, délicieusement gothiques et agréables à regarder pour les petits (à partir de 10 ans) comme les grands. Le rôle du fantôme est primordial durant cette phase de mise en place : c’est en effet lui qui tirera autant de cartes suspects, lieux et objets qu’il y a de médiums présents afin de les disposer à l’arrière du paravent, là où seul lui pourra les voir. Ce tirage permettra de définir quelle piste chaque joueur devra trouver grâce à ses visions. Chaque piste est composée d’un suspect, d’un lieu et d’une arme du crime. Dans une partie de 4 personnes, il y aura donc 1 fantôme, 3 médiums et donc 3 pistes différentes à trouver, avant de déterminer laquelle correspond réellement au meurtre.
Pour pouvoir avancer une hypothèse, chaque médium recevra durant les premiers tours des cartes intuition de la part du fantôme, qui sont comme autant de visions abstraites remplies de symboles à décrypter. En fonction de son interprétation des cartes, le joueur placera alors son pion sur une carte, et le fantôme répondra par « oui » ou « non » pour confirmer ou infirmer l’hypothèse en tapant du poing sur la table. Mais attention ! Le fantôme n’a pas accès aux 84 cartes visions inclues dans la boîte, mais seulement à une main de 7 cartes tirées dans la pioche après avoir mélangé les cartes. Il devra donc choisir ce qui se rapproche le plus de la bonne carte parmi celles dont il dispose. Par exemple, si la suspecte à trouver est la vieille dame, il pourra choisir une carte où se trouve une pelote de laine, ainsi qu’une carte où un personnage du même âge se promène sur un pont. Pour le cuisinier, une carte avec une tarte pourra faire l’affaire, etc. Du côté des lieux, les couleurs ou les ambiances pourront être utilisées pour effectuer un choix pertinent qui, dans tous les cas, fera appel à l’intuition de chacun. A chaque fois, il repioche dans la pile le nombre de cartes qu’il lui manque pour toujours avoir 7 cartes en main.
Une excellente recette pour des parties conviviales
Il est aussi à noter que Mysterium est un jeu collaboratif (d’où l’importance d’être le plus possible) où les médiums jouent ensemble, et donc gagnent ou perdent tous ensemble. Ainsi, avant de faire son choix, chaque médium peut demander l’avis des autres dans le temps qui leur est imparti par le sablier (2 minutes). Pour retenir l’avis de chacun et avancer plus vite vers la bonne hypothèse, chaque médium a la possibilité de laisser un jeton de clairvoyance vers sur la carte qu’il estime être la bonne ou au contraire un marqueur rouge sur une hypothèse qui lui semble fausse. Une fois que les médiums ont chacun trouvé les 3 cartes qui leur correspondent (en 7 tours maximum), ils avancent leur pion à la dernière étape du jeu pour déterminer laquelle des différentes pistes trouvées désigne le véritable meurtrier — les autres n’étant que de simples suspects. Pour cela, le principe reste le même que précédemment : le fantôme dévoile ses cartes intuition (en une seule fois), puis les médiums discutent entre eux et/ou utilisent leurs jetons clairvoyances durant 2 minutes avant de se prononcer. Si leur intuition était juste, ils gagnent la partie et le fantôme est délivré de son tourment. S’ils se sont trompés, ils perdent et devront attendre Halloween de l’an prochain avant de retenter leur chance — enfin, vous pourrez bien entendu rejouer quand vous le souhaitez.
Après plusieurs parties, Mysterium apparaît comme une belle réussite, à la fois accessible aux enfants comme aux adultes, mais suffisamment complexe pour représenter un certain niveau de difficulté — lequel peut être ajusté. Ainsi, plus on monte dans le niveau de difficulté, plus on doit placer de cartes suspects, lieux et objets sur le plateau afin d’étendre le nombre d’hypothèses possibles pour chaque piste. LA bonne idée du jeu réside dans les visions distribuées par le fantôme, qui permettront aux joueurs de projeter de manière assez libre leurs intuitions pour désigner les bonnes cartes. Abstraites et très joliment conçues, ces cartes n’en possèdent pas moins des symboles et des ambiances que l’on peut réellement assimiler aux cartes du plateau, même si certaines mains seront plus compliquées que d’autres. Du coup, si le côté Cluedo est bien présent, cette partie intuitive distingue véritablement le jeu de Libellud de ce best-seller. L’autre grande différence — en dehors de l’histoire et du plateau, qui participent grandement au charme de l’ensemble — étant que le joueur tenant le rôle du fantôme choisit lui-même l’identité du coupable parmi les différentes pistes attribuées à chacun des joueurs.
Dans le cas où vous enchaînez plusieurs parties à la suite, c’est donc l’assurance de faire face à des niveaux de difficulté différents en fonction du fantôme et d’éviter la répétition. En bonus, on peut accéder à une musique d’ambiance à télécharger en flashant un QR code avec son smartphone. Voilà donc un jeu de société à la fois original et convivial auquel on rejouera avec plaisir le week-end en famille ou lors des longues soirées entre amis !