[Test] Penny-Punching Princess : le grand capital dans ta console

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Nintendo Switch
      Existe aussi sur :
    • Playstation Vita
  • Développeur : Nippon Ichi Software
  • Editeur : NIS America
  • Date de sortie : 30 mars 2018
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 6/10

Un concept rigolo mais à perfectionner

image gameplay penny punching princess
Ne vous fiez pas à son petit air innocent…

Après avoir récemment exploré de fond en comble le sympathique The Witch and the Hundred Knight 2, et le Visual Novel The 25th Ward : The Silver Case, nous continuons de traiter les jeux du très précieux NIS America, qui ne cesse de nous proposer des softs qu’on n’aurait jamais pu imaginer en Occident, voilà quelques années. Cette fois-ci, on aborde Penny-Punching Princess, qui avait su attirer notre attention, lors d’une récente présentation du millésime de l’éditeur. Il faut écrire que le concept, foldingue, associé à un visuel très néo-rétro, avait su nous charmer, sur les premières minutes. De plus, le studio de développement, Nippon Ichi Software (Danganronpa V3 : Killing Harmony), fait partie de ces boîtes qui savent gâter les joueurs en recherche d’un peu d’originalité, dans un univers vidéoludique qui a tendance à s’homogénéiser. Il fallait vérifier ces bonnes impressions sur la longueur, et là…

L’histoire de Penny-Punching Princess est typique de ce qu’on peut aimer chez Nippon Ichi Software : c’est léger, bourré d’un second degré fonctionnel. Et, c’est à noter, le studio évite les passages trop bavards, ce qui plaira aux pas-trop-anglophones puisque le soft est uniquement sous-titré dans la langue de Shakespeare. Le récit enclenche le délire : on incarne une princesse, fraîchement expulsée de son royaume, après avoir été accusée de manigances financières. Une sorte de Dilma Rousseff donc, la présidente brésilienne destituée (comme quoi, le pouvoir fait tourner toutes les têtes, même celles des femmes), mais version vidéoludique. Et plus énergique aussi, puisque notre avatar va vouloir récupérer sa place, et en profiter pour inonder son territoire d’un argent sonnant et trébuchant, afin de reconquérir sa popularité mise à mal. Pour ce faire, il va falloir non pas bettencouriser une pauvre mamie zinzin, mais se battre. Contre des ennemis aux poches pleines, bien évidemment.

Que les marxistes youtubeurs à cheveux bleus calment leurs ardeurs : Penny-Punching Princess n’est pas un soft à prendre au premier degré. C’est, évidemment, un nawak constant, qui sait aussi ne pas partir dans tous les sens. On ne pourra pas être subjugué par la forme de la narration, très basique, qui passe par des écrans fixes et jamais réellement par le gameplay. Mais l’humour ambiant, lui, surgit des phases jouées, avec des sprites aux émotions sur-exprimées, et bien entendu des mécaniques qui racontent aussi l’univers du soft. Aurait-on apprécié une manière de conter plus poussée ? Non, car le concept est ce qui devait se tailler la part du lion, Nippon Ichi Software l’a bien compris.

Du grinding, et une calculette

image jeu penny punching princess
Tenez vos comptes !

Penny-Punching Princess débute sous de bons auspices, comme nous le remarquions lors de notre première rencontre avec le jeu (voir, plus haut, le lien vers l’aperçu). Rappelons qu’on fait face à un Action-RPG, dans une vue isométrique. Coup léger mais rapide, long mais puissant, blocage et attaques spéciales sont au programme. Classiquiche, mais attendez deux minutes, car voici l’originalité : tout ennemi peut être soudoyé, tel un joueur du FC Valenciennes. Car l’écran va vite se remplir de belliqueux particulièrement actifs, et le joueur ressentira souvent l’impression d’être submergé. C’est le moment de sortir la calculette, de taper la somme désirée par l’adversaire, avant de la lui remettre. L’idée est à la fois drôle et intéressante en terme de gameplay, cela force le joueur à amasser, faire attention au porte-monnaie. Surtout que les raison d’éclater son livret A ne manquent pas : ouvrir des passages, retourner les pièges contre leurs créateurs, invoquer certains pouvoirs, rien n’est gratuit en ce bas monde !

Si tout se passe très bien pendant les toutes premières heures de jeu, Penny-Punching Princess est ensuite atteint d’un souci de lisibilité. En effet, utiliser la calculette prend du temps et recouvre un trop gros espace à l’écran, le tout sans mettre la partie en pause. Cela n’est pas encombrant au commencement, mais ça se gâte dès que les niveaux multiplient les ennemis comme des petits pains. Là, difficile d’atteindre le bon adversaire à stipendier. Le tactile fonctionne bien, même s’il faudra faire preuve de précision, mais on aurait préféré avoir le temps de bien s’appliquer. Il existe une autre méthode de prise en main, dans les options, mais l’usage de la croix directionnelle n’est pas des plus fameuses. Dommage, surtout que le titre s’inscrit dans un esprit grinding qui plaira sans nul doute aux amateurs de mécaniques à réitérer, et le level design se plie bien à l’exercice de répétition : on apprend à ne plus tomber dans certains pièges, ce qui donne l’impression de progresser.

Penny-Punching Princess arrive même à tenir son bon rythme sur l’entièreté de son cheminement. Notamment en renouvelant le gameplay, grâce à l’intervention d’un second personnage jouable : Isabella, un zombie au style plus de proximité. Elle n’a pas recours à une calculatrice mais à un cône, dans lequel retient prisonnier le pas beau à corrompre. Cela induit de l’approcher d’assez près, ce qui représente une petite prise de risque. Surtout que le personnage, contrairement à la princesse perd des points de vie en utilisant son bouclier. Pas de quoi révolutionner l’approche, mais voilà un effort qui, couplé au renouvellement des ennemis et des pièges, apporte un peu de diversité. Tout cela dans un découpage classique mais efficace : une division en huit chapitres, qui vous demanderont une petite douzaine d’heures de votre temps. Techniquement, l’aspect rétro fonctionne bien, et apporte un charme certain à l’ensemble. Cela manque de renouveau dans les décors, et la fluidité est parfois mise à mal, mais globalement on adhère. Aussi, les compositions musicales forment un gros bon point, tant elles savent accompagner le délire ambiant. Et les voix japonaises sont tout ce qu’il y a de plus satisfaisant.

Note : 13/10

Jeu-concept par excellence, Penny-Punching Princess aura su nous divertir le temps de son trip. Malgré tout, on ne peut passer à côté d’un souci de game design, avec l’utilisation de la calculette qui se complique quand les ennemis se multiplient. sur Nintendo Switch, on vous conseillera d’y jouer en nomade, le tactile restant la manière la plus aboutie de profiter pleinement des originalités du soft. Celui-ci laissera globalement de bons souvenirs, même si la rejouabilité n’est pas très poussée. Nippon Ichi Software tient une bonne idée, peut-être à perfectionner dans une future suite ?

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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