Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Ordinateur/PC
- Xbox One
- Nintendo Switch
- Développeur : Passtech Games
- Editeur : Focus Home Interactive
- Date de sortie : 10 avril 2018
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- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Un jeu difficile, mais qui mérite qu’on s’y accroche
Quand les premiers éléments Master of Anima furent présentés, voilà quelques mois, notre première pensée fut adressée à la cellule marketing de l’éditeur Focus Home Interactive. En effet, le nouveau jeu des lyonnais de Passtech Games, jusqu’ici auteurs de la très sidérale licence Space Run, se lançaient dans le difficile exercice de révéler une toute nouvelle IP, dans un genre différent que celui qui a fait croître la réputation du studio de développement. Et plus les trailers passaient, plus on observait un mélange des codes, à la fois attirant et risqué. Une mise en danger finalement payante ? Au moins en partie, oui, et plus qu’on l’espérait.
Masters of Anima ne cache pas son choix : le scénario est assez travaillé pour ne pas laisser le joueur s’ennuyer, mais il ne sera jamais prioritaire sur le gameplay. On incarne Otto, un apprenti qui convoite la place de Maître de l’Anima. Et pour cause : c’est le seul moyen, pour lui, d’obtenir définitivement la main d’Ana, sa bien-aimée au caractère bien trempé. Aussi, la puissance de cette dernière n’est plus à démontrer, ce qui ne fait qu’attirer l’attention de Zarh. Afin de conquérir le monde, et le plonger dans le chaos, le très perfide sorcier vole le potentiel magique de la jeune femme, puis sépare son âme en plusieurs morceaux. Et tout cela, sous vos yeux bien malheureux. Le but du jeu sera peut-être de contrecarrer les plans de l’odieux antagoniste, mais surtout de mettre la main sur les différents fragments, afin de rendre la vie à votre promise.
Pas d’envie d’en faire des tonnes, Passtech Games a bien compris que l’essentiel du concept de Masters of Anima se situe entre les mains du joueur. On aura droit à une narration à base de cutscenes jamais trop longues, et bien sous-titrées en français. Par contre, cette volonté de ne pas dépasser un fil d’Ariane très évident a tendance à construire un récit trop anodin, qui manque de moments étonnants. Rien de bien grave, surtout qu’on décèle une petite dose de second degré pas injustifié. Aussi, les amateurs de précisions sur l’univers qu’ils parcourent seront moyennement satisfaits, même si le bestiaire est assez bien détaillé. L’écriture reste tout de même séduisante, notamment grâce à la relation entre Otto et Ana, qui accouche de moments assez amusants, notamment quand on se rend compte que les différents fragments sont animés d’un trait de caractère de la magicienne…
L’aspect stratégique prend une dimension insoupçonnée
Masters of Anima est ce genre de jeu qui a retenu plusieurs leçons. La plus évidente sera celle que Pikmin, le jeu de Nintendo, a dicté à l’industrie vidéoludique. Otto peut et doit invoquer des gardiens, qui seront à la base de tout le potentiel du héros sur le terrain. C’est d’autant plus vital que, vous vous en rendrez vite compte, notre avatar n’est pas du genre très efficace quand il se lance dans un combat sans sa petite armée. Il faudra, donc, la constituer, et pour ce faire dépenser la fameuse Anima que l’on retrouve dans le titre. Celle-ci s’obtient de différentes manières, notamment en brisant des objets ou en fouillant les décors. Au début, vous ne serez jamais trop à court d’orbes, mais très vite les choses vont se compliquer. Car vos troupes devront faire face à de l’adversité, et pas qu’un peu. Pour tenter de vous s’en sortir, il faudra accueillir différentes sortes de troupes : Sentinelles, Protecteurs, et trois autres s’ajouteront au fur et à mesure du cheminement. Tout le sel de la chose se situe dans votre capacité à ordonner ce petit monde (jusqu’à cent unités, ce n’est pas rien), les déplacer, les atteler à une tache précise. Et pour vous y aider, vous aurez accès à de nouvelles compétences, via un arbre dédié, que vous pourrez parcourir grâce à l’expérience obtenue.
Masters of Anima nous surprend de par sa difficulté. Si les toutes premières heures sont assez aisées, cela devient bien plus ardu par la suite. Bonne nouvelle, ce n’est pas à cause d’une mauvaise caméra, ou de commandes qui répondent mal. Par contre, il va vous falloir un véritable apprentissage afin de maitriser le concept sur le bout des doigts. Passer d’une troupe à l’autre, demander aux archers de se tenir à distance tandis que les Protecteurs s’occupent du corps-à-corps, ça demande de l’adaptation, et une digestion de la prise en main. En bref, il faut s’accrocher, surtout lors des combats de boss parfois très tendus. Cela ne fait que souligner l’importance de l’aspect stratégique du soft. Ne pensez pas vous en sortir en vous bornant à foncer dans la tas, cela vous mènera vers une défaite assurée. Le cheminement vous opposera aussi des énigmes. Là encore, Passtech Games a décidé de ne pas vous propulser trop rapidement vers la réussite, grâce à une courbe de difficulté certes raide, mais tout de même progressive. Sachez, enfin, que la bonne tenue de vos décisions, sur le champ de bataille, aura une incidence directe sur la notation de fin de joute, ce qui poussera à une certaine rejouabilité, tout comme les quelques missions annexes.
Si Masters of Anima parvient à nous laisser de bons souvenirs, c’est aussi grâce à sa direction artistique. Sans être carrément renversant dans sa pure technique, on a même décelé une poignée de ralentissements, les textures bien colorées, le character design, tout construit un univers merveilleux, très léché et même marqué par un certain background. Les lieux visités ont tous une personnalité. Par contre, il est indéniable que les modèles 3D des monstres ne sont pas assez nombreux. Ils se bornent à être utiles au gameplay, en proposant des mécaniques aptes à exploiter le gameplay, mais c’est tout. Dommage. Un petit souci que ne connaît pas la bande originale, symphonique et variée, tout aussi qualitative que les doublages. Une bonne finition, donc.
Note : 14/20
Masters of Anima plaira à celles et ceux qui ont envie de varier les plaisirs, et de se lancer dans un concept qui rassemble l’action, la stratégie, et le RPG. Avec son histoire qui sait rester à sa place, au risque parfois de s’avérer un peu trop convenue, le jeu joue à fond la carte du gameplay fignolé « aux petits oignons », comme on l’écrivait dans les anciens magazines de jeu vidéo. La prise en main digérée, ce qui vous demandera quelques efforts, on découvre un jeu difficile, parfois très ardu, mais qui parvient à créer assez d’enthousiasme pour nous propulser jusqu’à la fin. S’il manque une dimension épique au résultat, et un contenu plus solide (malgré une bonne durée de vie d’une douzaine d’heures), on peut tout de même tirer notre chapeau à Passtech Games.