Caractéristiques
- Titre : Ocean's 8
- Réalisateur(s) : Gary Ross
- Avec : Sandra Bullock, Cate Blanchett, Anne Hathaway, Helena Bonham-Carter, Rihanna, Mindy Kaling, Sarah Paulson, Awkwafina...
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Comédie
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 1h50
- Date de sortie : 13 juin 2018
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Le casse du siècle ?
Après le sympathique Ocean’s 11 et les très dispensables Ocean’s 12 et Ocean’s 13, voilà que Steven Soderbergh (Contagion) produit une version féminine, Ocean’s 8, où la petite soeur de Danny Ocean, Debbie (Sandra Bullock), fraîchement sortie de prison, décide d’honorer la mémoire de son frangin récemment disparu en orchestrant un casse de bijoux lors du plus grand gala annuel de mode : le Met. Son équipe, 100% féminine, est composée d’une hackeuse rasta (Rihanna), d’une styliste endettée jusqu’au cou (Helena Bonham-Carter), d’une mère de famille aisée revendant des biens volés (Sarah Paulson) ou encore d’une pickpocket-skaboardeuse (Awkwafina). Le plan, réglé au millimètre près, inclut de convaincre Cartier de prêter un somptueux collier de diamants ayant appartenu à la royauté à une starlette capricieuse (Anne Hathaway) afin de le lui dérober sous le nez de gros pontes de la sécurité…
A partir de ce pitch léger qui ne fait pas particulièrement dans la dentelle (Rihanna en hackeuse fumeuse de joints affublée d’un bonnet jamaïcain !), Gary Ross — réalisateur de l’excellent et souvent sous-estimé Pleasantville, ou encore du premier Hunger Games — avait la mission délicate de confectionner un divertissement fun et élégant, susceptible d’attirer en masse un public féminin de différentes tranches d’âge. Cet Ocean’s 8 regroupe donc un casting de haute volée ratissant large : Rihanna pour les plus jeunes, Mindy Kaling (The Office, Un raccourci dans le temps…), Anne Hathaway, Helena Bonham-Carter, et, bien entendu, la reine de la comédie US : Sandra Bullock. Le résultat, assez plaisant dans l’ensemble, n’atteint cependant qu’à moitié son but : empêtré dans de grosses ficelles, il possède quelques soucis de rythme, est déséquilibré dans la mise en avant de son casting, et s’oubliera très vite. Un blockbuster de l’été, en somme.
Une comédie glamour jouant sur le charme de ses stars
Pourtant, cette comédie glam’ qui n’hésite pas à sortir l’artillerie lourde n’est pas dépourvue de charme : l’ouverture, où la Debbie Ocean interprétée par Sandra Bullock truande en toute décontraction un parfumeur et un hôtel de luxe sitôt libérée de prison vaut le détour, tout comme la longue tirade inspirée d’Helena Bonham-Carter en français (et presque sans accent), ou encore les minauderies d’Anne Hathaway dans la peau d’une starlette plus fine qu’il n’y paraît — cette dernière sera d’ailleurs l’une des rares à nous arracher de vrais éclats de rire. Le film joue avant tout sur le capital sympathie de ses actrices, et le fait plutôt bien, même si l’on regrettera que toutes ne soient pas forcément suffisamment bien servies par un script assez déséquilibré en la matière. Si Sandra Bullock, Helena Bonham-Carter et Anne Hathaway rayonnent et que la plus discrète Sarah Paulson parvient à tirer son épingle du jeu, Cate Blanchett (botoxée depuis Thor Ragnarok et moins expressive qu’à l’accoutumée) sert surtout de side-kick à Bullock, avec un personnage finalement peu développé, tandis que Mindy Kaling, sous-employée au regard de son talent comique, ne sert pas à grand chose, et qu’Awkwafina se contente de quelques interventions courtes. Quant à Rihanna, elle est égale à son image nonchalante et bad ass et, si son rôle au sein du plan est important, elle ne possède pas pour autant de scènes véritablement marquantes…
Par ailleurs, le plan de Debbie Ocean, astucieux et farfelu comme il se doit, n’est pas forcément très crédible d’un bout à l’autre. Alors certes, Ocean’s Eleven et ses deux suites n’étaient pas forcément des films « réalistes ». Mais l’intrigue doit cependant parvenir à nous faire croire à l’incroyable, et, de ce point de vue là, le script cède parfois à quelques grosses facilités qui ont de quoi nous faire hausser les sourcils. La scène chez Cartier, où Helena Bonham-Carter sort son fameux monologue en français, par exemple : on a bien du mal à avaler que ce discours rigolo suffise à lui seul à convaincre le joaillier français de prêter un bijou nécessitant une assurance de 150 millions de dollars ! La complaisance de l’agent d’assurances à la fin à l’égard de la récidiviste Debbie Ocean fait également un peu tâche.
Fun, mais pas fou fou
Côté glamour, si les robes de soirée sont parfaites, avec une mention particulière pour la tenue de Sandra Bullock lors du Met Gala, on aurait été en droit de s’attendre à des caméos plus rigolos, mieux pensés. Ici, rien de tel : les apparitions de Kim Kardashian et Katie Holmes dans leurs propres rôles ne sont pas scénarisées (la première et son visage en cire apparaissent au détour de trois plans, la seconde, méconnaissable, sort deux répliques à Anne Hathaway), et les compliments d’Heidi Klum à Debbie Ocean sur sa tenue n’ont strictement aucun intérêt. Pourtant, il y aurait sans doute eu des possibilités de quiproquos ou de scènes visuellement plus intéressantes. Finalement, Daphne Kluger, le personnage d’Anne Hathaway, est le seul à véritablement faire honneur à cette dimension strass et paillettes.
Ocean’s 8 se déroule ainsi, sans encombres et sans fulgurances, mais parsemé de suffisamment de scènes sympathiques pour maintenir l’intérêt durant 1h50, malgré quelques scènes scènes superflues qui viennent casser le rythme par moments. Au final, ce film de casse au féminin se laisse regarder entre copines et constitue un Sandra Bullock movie plutôt fun à défaut d’être hilarant (elles ont beau être huit, que l’on ne s’y trompe pas, c’est elle la chef !), mais dont on oubliera les trois-quarts une semaine plus tard. A prendre ou à laisser !