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[Critique] Les Vieux Fourneaux : nostalgie, ou naphtaline ?

Caractéristiques

  • Titre : Les Vieux Fourneaux
  • Réalisateur(s) : Christophe Duthuron
  • Avec : Pierre Richard, Roland Giraud, Eddy Mitchell, Alice Pol, Henri Guybet
  • Distributeur : Gaumont Distribution
  • Genre : Comédie
  • Pays : France
  • Durée : 89 minutes
  • Date de sortie : 22 août 2018
  • Note du critique : 5/10

Comme une impression de fin de règne

image film les vieux fourneaux

Les papys font de la résistance, c’est ce qu’on pouvait penser en voyant l’affiche des Vieux Fourneaux, réalisé par Christophe Duthuron, long métrage réunissant Pierre Richard, Roland Giraud et Eddy Mitchell, trois figures du cinéma d’antan, qui sentent bon la nostalgie. Ou la naphtaline, c’est selon. En fait, c’est la curieuse oscillation entre ces deux sentiments qui nous rend hésitant sur ce film…

L’histoire des Vieux Fourneaux, adaptée d’une bande dessinée franco-belge, s’avère simple. Trois amis d’enfance, Pierrot, Antoine et Emile, se retrouvent à l’enterrement de la femme de l’un d’eux. Ils en profitent pour ressasser ensemble leurs souvenirs de jeunesse. Jusqu’à ce qu’Antoine, incarné par Roland Giraud, découvre que sa femme bien aimée avait eu jadis une liaison avec Garan-Servier (Henri Guybet), l’ancien Directeur de la Centrale locale, symbole du patronnât et, donc, ennemi juré de nos trois papys syndicalistes. Pour Antoine c’en est trop, et il décide sur un coup de tête d’aller régler son compte à son rival dans sa retraite italienne, obligeant ses deux compères et sa petite fille enceinte à le poursuivre, afin de l’empêcher de commettre l’irréparable. L’occasion d’une virée en voiture mais aussi dans le passé et les secrets parfois heureux, d’autres fois plus tristes, d’un trio de septuagénaires attachant mais un peu vaurien sur les bords.

Nostalgie d’un temps malheureusement révolu

Le réalisateur des Vieux Fourneaux, Christophe Duthuron, qui a entre autre réalisé Brice de Nice 3, pas vraiment une référence, se contente de filmer son casting, en capitalisant sur la sympathie presque immédiate qu’on peut ressentir à leur égard. Mention spéciale à Pierre Richard, en vieux révolutionnaire borné. Par ce choix, très réducteur, il démontre la limite de son métrage.

Les Vieux Fourneaux dure tout au plus 1h25 et l’on s’est surpris, parfois, à se demander si le sujet allait vraiment tenir sur ce laps de temps pourtant court. Oui, les acteurs sont bons mais se répètent. Oui, l’histoire est tendre mais ne vous sert pas le cœur pour autant. Et oui, on passe un bon moment, mais sans vraiment en garder un souvenir impérissable. Il manque à ce film quelques moments mémorables, qu’ils versent dans l’émotion ou l’humour. Cela nous rappelle tristement que les « Vieux Fourneaux » du titre sont en bout de carrière, et que le meilleur est sans doute derrière nous. Une page se tourne, alors qu’il y avait encore matière à en dire plus, à en montrer plus. Et l’on se demande, à la fin, si c’est la nostalgie ou la naphtaline qui l’emporte. Pour notre part, c’est la première solution, provoquée par le thème du temps qui passe, et de notre aptitude à y faire face et l’accepter.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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