[Critique] Peppermint : Jennifer Garner reprend les armes

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Pierre Morel
  • Avec : Jennifer Garner, John Ortiz, John Gallagher Jr., Annie Ilonzeh...
  • Distributeur : Metropolitan FIlmExport
  • Genre : Action, Policier, Drame
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 1h35
  • Date de sortie : 12 septembre 2018
  • Note du critique : 6/10

De mère de famille à justicière surentraînée

Si, sur le papier, Peppermint a tout du revenge movie classique — un personnage en quête de vengeance après l’assassinat de sa famille et l’inaction de la justice — le nouveau film de Pierre Morel (Taken) a la particularité de mettre en scène une héroïne, mère de famille ordinaire et non tueuse à gages ou super-espionne, incarnée par la très sympathique Jennifer Garner, que l’on n’avait pas vue dans un rôle aussi musclé depuis la fin de sa période Alias, si l’on excepte un rôle dans The Kingdom en 2007. Elle-même mère de famille, l’actrice américaine a enchaîné les rôles secondaires de maman cool et dévouée, comme dans Juno ou le très sympathique Love, Simon.


Du coup, la voir prendre les armes dans Peppermint après que son personnage, Riley North, ait été présentée comme une gentille maman accompagnant sa fille chez les Scouts, c’est un peu comme si les précédentes incarnations de Mères Sourire de la comédienne sur grand écran se métamorphosaient d’un coup en soldats de commando surentraînés. C’est aussi un peu là que se trouve la principale facilité de ce sympathique action movie au féminin : nous n’aurons pas de réel aperçu de la transition entre ces deux pôles opposés, si ce n’est par le biais d’une très courte vidéo YouTube visionnée par le FBI, où l’on apprend que Riley a passé 5 ans aux quatre coins du monde, probablement à s’entraîner avec les “meilleurs”. Cependant, le temps de quelques scènes rigolotes et bien senties, Pierre Morel laisse transparaître la mère de famille qui profite de son escapade musclée (et médiatisée) pour remettre à leur place (ou dans le droit chemin) un père indigne ou la mère ultra-garce d’une ancienne camarade de classe de sa fille, pour un résultat assez jouissif.

Un revenge movie musclé

image commando jennifer garner peppermintDe manière générale, la grande qualité du film est que Riley la tueuse sans pitié reste malgré tout une mère meurtrie, ce qui apporte à Peppermint, à défaut d’une certaine crédibilité, au moins une vraie cohérence. Ainsi, la “justicière” nettoie le quartier de Los Angeles tenu par le cartel responsable de la mort de sa famille et protège sa population. D’un autre côté, bien entendu, les crimes perpétrés par le personnage pour se rendre justice ne sont pas justifiés par le film, ni atténués parce-qu’il s’agit d’une femme, contrairement à d’autres films tels que A vif de Neil Jordan (2005), où la moitié des crimes de l’héroïne pouvaient presque passer pour une légitime défense qui aurait mal tourné — avec une certaine gradation dans la violence, il est vrai. Ici, dès le départ, on comprend très vite que Riley sera sans pitié (on vous laisse découvrir sa manière – parfois originale – de se venger), ce qui fait clairement de Peppermint un revenge movie qui n’a pas à rougir face à ses homologues masculins.

Evidemment, le film possède aussi les limites inhérentes au genre, et qui tiennent à la réflexion autour de la justice personnelle : d’un côté, on nous dit clairement que se faire justice de cette manière-là ne saurait être excusée, de l’autre, l’empathie envers le personnage (trahie par un système corrompu) prime du côté des spectacteurs et de certains protagonistes. Malgré tout, le scénario de Chad St. John a le bon goût de ne pas sombrer dans les mêmes travers que la fin (ratée) d’A vif (film par ailleurs intéressant à plus d’un titre), en choisissant une voie un peu plus nuancée. L’utilisation que fait l’héroïne des médias dans le dernier tiers du film est par ailleurs assez intéressante.

Une intrigue policière accessoire, mais un film efficace

image jennifer garner revolver peppermint film pierre morel

Le seul vrai gros défaut de Peppermint, à dire vrai, tient davantage à son intrigue policière, qui semble surtout présente pour faire joli et faire peser une menace latente au-dessus du personnage de Jennifer Garner, dont les actes sont illégaux. Si, au départ, on nous fait croire que trois personnages (un policier et deux agents du FBI) seront importants, arrivés à la moitié du métrage, on lâche complètement cette partie de l’intrigue, très décorative, et ce n’est pas un twist mal amené qui permettra de relancer la machine.

Néanmoins, cela ne gâche en rien le plaisir pris devant ce film qui assume clairement son côté “cinéma popcorn”.  Le tout est en effet réalisé de manière efficace à défaut d’être transcendante, sans temps morts, avec une interprétation fort convaincante (tant émotionnellement que physiquement) de Jennifer Garner, que l’on n’avait pas vue en lead depuis fort longtemps. Sans jamais chercher à renouveler le genre, Peppermint est donc un film d’action tout à fait honnête et recommandable, qui donne un bon petit coup de boost en cette rentrée.

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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