Caractéristiques
- Titre : The Rift
- Réalisateur(s) : Juan Piquer Simon
- Avec : Jack Scalia, R. Lee Ermey, Ray Wise, Deborah Adair, John Toles-Bey
- Genre : Horreur
- Pays : Etats-Unis, Espagne
- Durée : 83 minutes
- Date de sortie : 1990
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
De bonnes intentions bridées par un budget famélique
Quatre ans après sa sortie en salles, l’impact d’Aliens, le retour était toujours aussi vivace. Le chef-d’œuvre de James Cameron a durablement révolutionné le cinéma d’action, et sa leçon de cinéma a inspiré bien des réalisateurs. Bien évidemment, les séries B, comme celle que nous abordons dans cette critique, se sont multipliés. Mais aussi les vrais efforts de concurrence, comme le désormais quasiment invisible Leviathan. Cette production Dino de Laurentiis (dont la filmographie contient quelques grandes œuvres, comme Conan le Barbare ou La Strada) fit un sacré bide aux États-Unis, les recettes s’élevant un peu plus de la moitié du budget. Mais l’italien était tenace. Sans être crédité (c’est sa fille, Francesca De Laurentiis, qui le sera), le voilà qui se lance dans The Rift, une version low-cost du film de George P. Cosmatos. Bonne idée ? Pas vraiment…
L’histoire de The Rift est pourtant une petite réussite. Un sous-marin technologiquement très avancé, le Siren I, est porté disparu. Du coup, l’expérimental Siren II est envoyé en mission de sauvetage avec, à son bord, un équipage rejoint par le scientifique qui inventa ce bien bel engin : Wick Hayes (Jack Scalia). L’ambiance, à bord, n’est pas spécialement des plus amicales, le personnage principal étant tenu comme responsable du possible drame en cours, alors même que l’armée a, visiblement, pris quelques liberté avec l’attirail. Mais la mission suit son cours : tracer la boîte noire. Celle-ci les attire vers une fosse océanique plus que profonde, de laquelle émerge une créature gigantesque. Après avoir échappé au pire, et alors que le Siren II est malmené, la cible est à portée de mains. Elle se situe dans une grotte sous-marine. Mais s’y rendre ne sera pas chose aisée…
The Rift part des meilleures attentions du monde. Toutes les forces d’un divertissement des années 1990 répondent présentes. Un scénario malin, une problématique claire, un personnage principal remarquablement écrit et entouré de protagonistes secondaires bien cadrés. À cela, donc, on ajoute une saveur Aliens, mais c’est exactement là que le bât blesse. Pour atteindre l’objectif, élevé, de réussir à mélanger de l’action et de l’horreur, il faut obligatoirement s’appuyer sur un budget conséquent. Malheureusement, ce n’est pas le cas ici puisque, comme informé dans notre ouverture, le film s’appuie sur une volonté de produire un Leviathan low-cost (ici, 1,3 millions de dollars : une broutille). Du coup, à l’écran ça tire un peu la tronche, à grand renforts de trucages déjà discutables à l’époque. Ça sent beaucoup trop le plastique pour convaincre. Dommage, car les créatures imaginées par Colin Arthur (lequel a supervisé les maquillages de L’Histoire Sans Fin) ne sont pas ratées pour autant. C’est juste que les idées ne sont pas suivies d’une exécution à la hauteur.
Une série B parfois un peu molle
Même si le scénario est bon en lui-même, on remarque tout de même un rythme un peu trop pépère. Les torts sont partagés, mais la réalisation est sans doute la principale cause. Le metteur en scène n’est autre que Juan Piquer Simon, que l’on connaît pour le bien sympathique Slug. Malheureusement, il est moins inspiré ici, sans doute trop handicapé sur le tournage par sa non-maîtrise de l’anglais. Ce fait se répercute sur pas mal de points, dont une grande prudence formelle, malgré quelques éclairages un peu foufous sur la fin, et des décors lorgnant du côté de ce qu’on peut trouver dans les adaptations de Jules Verne. Un peu mou donc, et l’on ajoute une direction des comédiens assez terrible. Il faut voir le pauvre Ray Wise (Twin Peaks), en errance totale, un R. Lee Ermey (l’éternel sergent Hartman dans Full Metal Jacket) en triste cabotin, ou encore le déjà pas très doué Jack Scalia (vu récemment dans des téléfilms comme Le chien qui a sauvé Noël) pour s’en convaincre. On sauve tout de même John Toles-Bey (Waterworld, Payback), plutôt bon dans son rôle de quasi buddy.
Malgré ces grosses retenues, on sort tout de même assez repus de ce The Rift. Car tous les défauts sont contrebalancés par des qualités, ou plutôt des points sympathiques. Certes, les décors font un peu carton-pâte, mais le charme désuet opère. Les créatures ne peuvent masquer un budget en peau de chagrin, mais quelques effets gores relèvent la saveur. Les différents acteurs ne sont pas spécialement à la hauteur, mais ils peuvent compter sur les dialogues savoureux pour les sauver. La réalisation de Juan Piquer Simon manque cruellement de relief, mais il peut se targuer de rendre l’ensemble lisible. Alors certes, cette aventure horrifique et sous-marine ne provoque que peu d’engouement, mais reste assez divertissante pour s’immiscer dans votre programme télé.