[Test] Degrees of Separation : aussi narratif que casse-tête

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
    • Nintendo Switch
  • Développeur : Moondrop
  • Editeur : Modus Games
  • Date de sortie : 14 février 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Un conte visuellement très charmant

image gameplay degrees of separation
Deux personnages, deux pouvoirs aux effets opposés.

Des jeux indépendants qui mettent le paquet sur l’atmosphère, la personnalité du visuel et la qualité des énigmes, on en compte des tas. Oui, l’univers indépendant est en sur-régime depuis quelques années, noyant les joueurs sous des tonnes de possibilités, certes séduisantes mais parfois décourageantes. Il suffit de poser nos pieds dématérialisés sur Steam pour être effrayés par la situation : trop de choix tue le choix. Et pourtant, certains softs parviennent à se démarquer, presque naturellement. C’est le cas de ce Degrees of Separation, fruit du travail d’un studio norvégien, Moondrop, dont il s’agit du troisième travail. Aussi, un nom nous a interloqué, dès l’annonce du projet : Chris Avellone a participé à l’aventure, lui qu’on connaît pour Fallout New Vegas ou Pillars of Eternity. Pas un manche, donc.

Degrees of Separation peut compter sur un récit qui exploite plutôt habilement le concept ici utilisé, et que l’on peut résumer à : deux personnages, deux impacts sur l’environnement. Ainsi, le joueur n’incarne pas un protagoniste, mais un duo. Ce couple, que l’on devine destiné à tomber amoureux, est au centre de tout. Comme dans un conte, tout commence par un éveil, et un départ vers une aventure formatrice, aussi bien pour Ember, belle jeune femme représentant la chaleur, que pour Rime, fort jeune homme accompagné d’un froid glacial. Bien entendu, vous devinerez que la tension dramatique se fait naturelle, entre deux éléments que tout oppose. Le scénario joue habilement avec cette problématique, bien aidé par une jolie voix off, même si quelques une de ses interventions se font un peu trop bavardes.

Une fois que les deux tourtereaux de Degrees of Separation se sont rejoints, lors d’une séquence sur un pont à la dramaturgie marquante, ils vont prendre la direction d’un immense château, que l’on voit se dessiner au loin. Mais plus que la majesté du lieu, c’est l’énorme forme qui s’en dégage, clairement un dragon, qui interpelle. Persuadés que le monstre est la cause des tourments que subit l’endroit, voilà que le duo se lance à l’aventure. L’équilibre du monde menacé, le sentiment que le climat se dérègle : on note une petite saveur écolo pas désagréable, ni prégnante. Par contre, et sans ne rien dévoiler, écrivons que le final nous a un peu déçu, sans doute trop proche de ce qu’on pouvait en imaginer.

Le gameplay est malin, mais les énigmes répétitives

image test degreees of separation
Les énigmes exploitent bien les particularités du couple.

Deux êtres, deux philosophies, le tout pour venir à bout d’énigmes. Degrees of Separation s’appuie sur un socle sans grande originalité, mais lui apporte quelques touches qui multiplient l’intérêt. Avant toute chose, sachez qu’il est possible de parcourir l’intégralité du jeu seul, ou à deux. Si Moondrop a tout fait pour que le solitaire se sente tout de même satisfait par l’expérience, notamment grâce à un pathfinding idéal et une instantanéité du changement de personnage, on recommande tout de même plus l’expérience en duo, à l’image des avatars. Après en avoir bien pris possession, grâce à des manipulations simples et bien exposées dans les premières minutes assez didactiques, il est temps de se frotter aux énigmes. Celles-ci ne sont pas d’un niveau hyper élevé, on sent que les développeurs ont cherché à ne pas trop bloquer les joueurs, afin qu’ils vivent l’histoire sans trop de mal.

On ne décrit pas non plus un manque de challenge. Degrees of Separation va vous demander de vous creuser la tête et, tout comme dans Unravel Two, la coopération est de mise. Il vous faut atteindre cette corde, mais elle est trop élevée et, sous elle, ne se trouve qu’une mare d’eau ? Utilisez Rime, car le froid qu’il dégage va geler la surface, permettant à Ember d’y accéder. Cet ascenseur a besoin d’énergie pour fonctionner ? Incarnez le jeune fille, et arrangez-vous pour que son influence atteigne le mécanisme. C’est surtout là que le soft se fait intéressant : dans le besoin créé, chez le gamer, d’organiser sa réflexion. Les forces antagonistes contenues chez les avatars divisent l’écran en deux. Le froid, et le chaud. Il s’agit, donc, d’agencer ce qui est affiché afin de s’ouvrir le chemin. C’est plutôt habile, même si quelques détails peuvent parfois un peu gêner. Enfin, surtout un, le manque d’indication pour le cheminement. Un conseil : restez attentif à la voix-off car, si vous passez à côté d’une information, alors vous devrez vagabonder, sans grande passion, dans l’espoir de rejoindre le prochain point important.

Degrees of Separation est tout de même atteint d’un petit déséquilibre : la bonne tenue de l’histoire ne fait pas toujours oublier une certaine redondance des énigmes, et ce malgré la bonne idée du voyage rapide, carrément salvateur à certains moments. Récupérer des foulards, pour débloquer de nouvelles voies, ce n’est pas toujours très amusant. Ainsi, quand la fin approche, on est tout de même un peu soulagé d’en voir le bout, malgré d’indéniables bons moments. Parmi ceux-ci, la découverte des environnements est sans doute l’un des plus puissants. Le gimmick qu’instaure les deux personnages se traduit parfaitement à l’écran. C’est même assez impressionnant, quand on prend en compte la somme du travail que ça a dû demander. Il a fallu développer les niveaux sur deux réalités différentes, l’une chaude et l’autre glacée, tout en faisant en sorte que le joueur puisse gérer leur position. Et ceci sans le moindre ralentissement. Bravo à Moondrop pour ce bien charmant résultat.

Note : 14/20

Degrees of Separation, sous ses airs de jeu indépendant déjà vu et revu, parvient à tirer son épingle du jeu pour différentes raisons. Tout d’abord, sa beauté : la direction artistique nous plonge en plein conte, et cela tout en cohérence avec les personnages. Lesquels influent sur le gameplay, ce dernier proposant des énigmes pas spécialement difficiles mais agréables à déchiffrer. Enfin, les sensations à deux joueurs sont très bonnes : si vous pouvez parcourir le soft en couple, c’est l’idéal. Par contre, tout n’est pas parfait. L’ensemble se fait assez répétitif, et le manque d’indication du cheminement pourra contrarier, et faire perdre du temps. Le tout reste conseillé, pour qui a envie d’une belle petite aventure bien narrée, et sympathique à deux.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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