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[Test] The Caligula Effect Overdose : un humble Persona-like

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Nintendo Switch
  • Développeur : FuRyu
  • Editeur : NIS America
  • Date de sortie : 15 mars 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Un outsider qui peut retenir votre attention

image gameplay the caligula effect overdose
Plein de PNJ n’attendent que votre intérêt.

Sorti en 2016 sur PlayStation Vita au Japon, et quelques mois seulement avant l’ogre Persona 5, The Caligula Effect avait tout de la parution un peu bis, voire même d’exploitation. Alors que le monde entier n’en pouvait plus d’attendre le retour de la licence d’Atlus, voilà qu’un studio méconnu, Furyu (derrière tout un tas de jeux Doraemon, mais aussi le futur The Alliance Alive HD Remastered), décidait d’apporter sa pierre à l’édifice du RPG japonais, à la sauce écoliers et mal-être. Et, n’empêche, le résultat fut plutôt étonnant, avec une première semaine assez costaude dans les charts nippons, hissant le soft à la seconde place. Seulement voilà, le titre n’eût pas bonne presse, et l’engouement n’a pas pris au-delà, reléguant le jeu dans les tréfonds de l’oubli. Du moins, jusqu’à peu, puisqu’une nouvelle édition, intitulée The Caligula Effect Overdose vient de débarquer dans nos bacs occidentaux, et ce grâce à la bienveillance salvatrice d’un NIS America dont on ne soulignera jamais assez l’importance du travail fondamental. Bon, et la résurrection était-elle nécessaire ? Plus que ce que l’on redoutait…

La constatation que l’on ne peut rater, dès les premières minutes de jeu, c’est l’évidente tonalité Persona-like de l’univers décrit par The Caligula Effect Overdose. Ne pas le voir ne signifierait que l’ignorance de la licence d’Atlus. Le scénario est un peu plus léger, mais réserve tout de même une écriture pas si anodine que ce que la presse de l’époque a pu décrire. Non, on n’a pas l’analyse de thèmes sociétaux purement japonais, et l’on se contente d’un récit sans trop de psychanalyse de lycéen en fin de cycle. Mais, de notre point de vue, cela peut être une force : on se souvient encore des interminables, et parfois lourdingues, dialogues de Persona 5 qui, selon nous, a un peu perdu en route le côté adulte que pouvait comporter certains jeux du studio, comme Catherine. Mais revenons sur le soft qui nous intéresse ici, plus léger, donc. Le joueur se retrouve plongé dans un monde qu’il comprendra virtuel, et ce dès l’introduction : Mobius. C’est dans cet endroit, apparemment normal mais fondamentalement anxiogène, que notre avatar est propulsé, en plein établissement scolaire qui lui est inconnu, et pendant une cérémonie de surcroît. Là, alors qu’il participe à l’événement, il perçoit des choses étranges : certains élèves sont comme brouillés, marqués par un bug…

The Caligula Effect Overdose peut se rapprocher de toute cette pop culture qui joue sur le thème de l’éveil au monde. En se rendant compte du caractère virtuel de ce qui l’entoure, notre avatar va prendre la fuite, comme rebuté par cette fausse réalité qu’il ne peut assumer. Et celui qui le rattrape est un autre élève, lui aussi en capacité de voir ce passe inaperçu pour d’autres. On pensera bien évidemment à Invasion Los Angeles (mais sans les lunettes), ou encore à Matrix. Alors que les premiers ennemis nous barrent la route dans cette séquence, avant d’être défaits, on croise aussi celle qui est à l’origine de tout ça : « μ », à l’apparence de jeune idol. Pour la combattre, il va falloir rejoindre l’école et un groupe qui, comme le héros et son nouvel acolyte, voit tout : le Go-Home Club, lequel se réunit dans une salle de musique désertée. C’est ici que le plan va se fomenter, afin de retourner dans le monde réel. Un récit à la problématique plutôt simple, et assez rapidement exposé. Oui, on doit passer par pas mal de dialogues, et tout en anglais, mais cette exposition se veut tout de même assez ramassée. Aussi, l’écriture des personnages se fait stéréotypée : on a l’impression que des éléments de japanimation ont sciemment été distillé ici ou là (la jeune beauté timide, le sportif énervé, le leader très sage, etc). Ce n’est pas qu’un sentiment, puisque le soft s’est décliné en série animée. Et, entre nous, on a bien envie de la découvrir.

Un level design peu passionnant, mais une collectionnite plaisante

image ps4 the caligula effect overdose
Les combats sont l’une des forces de The Caligula Effect Overdose.

The Caligula Effect Overdose va sur le terrain des relations amicales entre les élèves. C’est, d’ailleurs, bien plus ici que l’on trouvera le point commun avec Persona : il est important de se plonger dans cette gestion des rapports avec les autres. La situation nous plonge en plein établissement scolaire et, dans les couloirs et autres salles de classe, les jeune gens (virtuels) se baladent, comme à la merci de votre prise de contact. Ce côté un peu pantin peut surprendre, et distiller une saveur un peu fake, mais elle est indéniablement à-propos avec le récit, se justifie par son biais. Il va donc falloir s’intéresser à ces élèves, en discutant avec eux. Et pas seulement pour en savoir plus sur le background de chacun, parfois assez sombre d’ailleurs, mais pour s’accorder la possibilité de les faire rejoindre le combat. En augmentant vos liens avec eux, visibles dans l’impressionnant menu Casuality link, qui regroupe les liaisons des centaines de PNJ, vous augmentez vos chances de rouler sur le soft. Chacun est accompagné d’une compétence spéciale, même si certains font clairement dans la redite. Dans l’esprit, c’est effectivement une feature pour soigner les monomaniaques de la collectionnite aigüe, mais sachez que dans les niveaux de difficulté élevé, il va falloir vous y investir tant les combats deviennent aussi chauds que les marrons. Aussi, le smartphone permet de poser des questions plus ou moins rigolotes à tout ce beau monde, de quoi satisfaire l’otaku curieux qui sommeille en vous. Mais si, ne niez pas !

Abordons les combats de The Caligula Effect Overdose. Ils sont l’autre belle réussite du soft. On fait face à un système original, fusion entre la classique jauge ATB (vous agissez quand elle est remplie) et… la capacité de se projeter dans l’avenir. Quand on opte pour une offensive, l’écran nous montre d’abord ses effets, sans que le réel ne soit impacté. Et vous pouvez enchainer trois de ces actions, qu’elles soient de l’ordre de l’attaque, de l’effet bénéfique pour l’équipe, ou de l’utilisation d’objets. Cela vous permet, aussi, de constater les réaction des ennemis embarqués dans le combat. Il est possible d’ajuster le timing, grâce à la croix directionnelle, dans le but de perfectionner les enchainements et, une fois tout ça maitrisé, on vous assure que le système devient grisant au possible. Sachez que la défense est primordiale, et se fait en rapport au type d’attaque de l’adversaire. D’ailleurs, ce dernier peut déjouer le futur, et modifier tous vos plans, ce qui force à rester concentrer en permanence. Aussi, il faudra faire attention à son niveau, informé au-dessus de son modèle, car il permettra l’utilisation de coups spéciaux. Une bonne chose que cette volonté de garder le joueur au taquet, car on a tout de même tendance à trouver les différents donjons d’un ennui prononcé. Le level design ne déploie aucune imagination, rien ne vient donner un écho à l’aventure : on suit le parcours, en ligne droite, et sans aucune raison de farfouiller les lieux. C’est dommage car, au final, cela provoque une linéarité subie, alors qu’on ne demandait qu’à s’investir dans cet univers potentiellement riche.

La durée de vie de The Caligula Effect Overdose se situe sur une bonne trentaine d’heures, si vous vous attardez bien sur la collectionnite. Cette nouvelle édition comporte, aussi, quelques nouveautés qui méritent le détour. Tout d’abord, il est désormais possible d’incarner un personnage féminin, même si cela ne modifie pas le scénario. Surtout, on peut dorénavant choisir pour qui on s’engage. Désormais, deux fins sont possibles, et vous êtes en capacité de choisir le camp de « μ ». C’est, d’ailleurs, ce qui est arrivé à votre humble serviteur, et ce cheminement n’est pas anecdotique, loin de là. Côté technique, le soft est fluide de partout, et ce n’est pas surprenant : le rendu visuel n’est pas de première fraicheur. On passera l’éponge sur les textures simplistes, mais moins sur certains modèles 3D très répétitifs. Le character design se révèle inégal, cependant tout ce qui se rapporte aux personnages principaux, ainsi qu’aux artworks de dialogue, nous a charmé. Enfin, et plus surprenant, les compositions de Tsukasa Masuko, connu pour ses bons travaux sur la licence Shin Megami Tensei, soufflent le chaud et le froid. Certaines mélodies nous ont même poussé à baisser le son, tellement elles sont rébarbatives. D’autres morceaux, comme celui des combats, relèvent heureusement le niveau, et les doublages japonais sont une bénédiction.

Note : 14/20

On est conscient que The Caligula Effect Overdose ne plaira pas à tout le monde. Ses sous-titres entièrement en anglais, sa technique peu engageante, ses donjons jamais passionnants, tout cela ne peut qu’en faire un jeu clivant. Si vous trouviez Persona 5 parfois un peu gonflant, voire ronflant, dans sa psychanalyse de comptoir (contrairement au chef-d’œuvre qu’est le troisième opus), alors le soft développé par FuRyu peut vous intéresser. L’histoire se fait plus directe, drague encore plus la pop culture, tout en déployant des sujets légèrement sensibles. L’écriture des personnages, très typée japanimation, est aussi une qualité savoureuse. Enfin, on apprécie le côté monomaniaque de la collectionnite invoquée, et les petits détails comme le smartphone. Certes, cela n’en fait pas un RPG du haut du panier, mais voilà un outsider qu’on aime défendre.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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