[Critique] Altitude : une daube virevoltante

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Kaare Andrews
  • Avec : Jessica Lowndes, Julianna Guill, Ryan Donowho, Landon Liboiron, Jake Weary
  • Distributeur : Seven7
  • Genre : Horreur
  • Pays : Canada
  • Durée : 90 minutes
  • Date de sortie : 13 octobre 2011
  • Note du critique : 2/10

Derrière l’affiche alléchante, un bien mauvais film

image film altitude
On est tous dans cet état devant ce film

Combien de fois s’est-on fait avoir ? Dans la vie d’un passionné de cinoche, et particulièrement du sous-genre bisseux, les déceptions liées au septième art sont incalculables. Et parmi les grands classiques, l’arnaque à l’affiche aguicheuse fait partie des plus courantes. Bien entendu, le bis italien en était l’un des plus grands habitués, lui qui développait certains films justement parce qu’un poster de production plaisait dans certaines manifestations cinéphiles. Mais si vous pensiez que ces mensonges sur papier ne naissaient que des esprits malicieux de notre voisin transalpin, c’est que vous connaissez mal certains cas américains. Celui d’Altitude est sûrement l’un de ceux qui nous reste le plus en mémoire.

L’affiche d’Altitude est on ne peut plus claire, et ce même si elle déploie des nuages bien sombres. Un avion en perdition, des tentacules qui dépassent d’un hors champ qu’on ne peut qu’imaginer monstrueux. Plus précisément lovecraftien, comme on y reviendra plus bas. Bordel, osez nous dire que ça ne vous file pas le gourdin, que ce poster ne vous donne pas envie de donner une côte ou deux pour voir le projet se réaliser ! De manière pus mesurée, on a foncé vers le visionnage. Et là, c’est le drame. Pour commencer, le scénario est une infinie catastrophe…

Car l’affiche nous a fait oublier la prudence légitime que se doit d’appliquer un passionné de films de genre post-2010. Altitude commence par un flashback plutôt aguicheur, dans lequel la mère de l’héroïne, pilote d’avion, est victime d’un carambolage de l’air avec un étrange avion sorti de nulle part. Dans le crash, elle emporte avec elle une famille : le couple et son fils. Bon, c’est filmé sans grand génie, mais on y croit. Et patatras, retour au présent, avec l’une des introductions de personnages les plus embarrassantes que l’on ait vu depuis longtemps. Un groupe de jeunes débiles doit se rendre à un concert. Pour ce faire, ils empruntent un avion (en toute normalité) que pilotera Sara (Jessica Lowndes, dont la plastique est l’une des seules réjouissances du film), fille d’un militaire aguerri et, donc, orpheline de sa mère. Vous vous en doutez, le vol ne sera pas de tout repos, mais surtout pour vos nerfs.

Appuyons ce fait : Altitude nous impose les personnages parmi les plus débiles qu’on puisse imaginer. Pas parce qu’ils sont sciemment antipathiques, encore que Sal (Jake Weary, qu’on verra bientôt dans Ça : Chapitre Deux) peut être considéré comme une sorte d’antagoniste intérieur au groupe. Mais car… on leur collerait des claques à vue. On a droit à deux couples, et le premier s’avère formé par Sara et Bruce. Couple est un grand mot : la première prend la poudre d’escampette au Canada pour ses études, et n’a pas spécialement envie que son boyfriend tout faiblard (Landon Liboiron, habitué aux navets puisque vu dans l’inénarrable Action ou Vérité) la rejoigne. Cette grosse tension aura, d’ailleurs, un impact sur le scénario, et il s’agit de la seconde satisfaction du long métrage. Du moins dans l’idée, car dans les faits tout cela restera très limité dans le traitement.

Des personnages insupportables au possible

Le second couple d’Altitude, c’est celui formé par Mel et Sal, sous la bougie de Cory, le cinquième larron. Alcoolique notoire, filmé continuellement avec une bière à la main. Insupportable, surtout par la mise en scène débile de cette affliction. La blondinette, interprétée par Juliana Guill (aperçu très rapidement dans Captain America : Civil War, et autre atout physique non négligeable), ne relève pas le niveau. Donc, on a une gonzesse qui prend des photos, qui rigole du levage de coude forcené de son débile de copain, mais qui le trompe tranquillou avec vous devinez qui (le cinquième larron, suivez un peu). Tu ne pouvais pas essayer au moins de réduire la descente de ton régulier, te rendre utile, bordel ? Et tout ça dans un film sensé créer une ambiance horrifique. Mais combien de fois va-t-il falloir le hurler ? Ce genre de protagoniste ne créé pas une once d’empathie, donc impossible de provoquer le moindre suspens : on se fiche éperdument du devenir de l’ensemble de cette bande grotesque. Reste les situations, et ce n’est pas forcément mieux.

Qu’Altitde soit pour le moins humble côté budget n’importe que peu. Il fallait tenir la promesse de l’affiche. Et, ô surprise, ce n’est pas une réussite. Pourtant, quelques éléments sont assez encourageants. Voir l’avion s’engouffrer dans ce nuage sordide, cela provoque une réelle tension. Laquelle est désamorcée par les cas sociaux à l’intérieur de la carlingue, mais passons. On note tout de même quelques passages assez prenants, comme une sortie dans les airs, afin d’essayer de réparer ce qui peut l’être. Car, après avoir décollé, la très larguée Sara se rend compte d’une avarie matérielle qui, une fois embarquée dans la tempête, lui empêche toute manœuvre. Et le coucou n’a qu’une heure de carburant. Mine de rien, cela a tout de même le don de retenir un minimum notre intérêt, ce qui évite l’accident absolu.

Les effets spéciaux d’Altitude ne sont pas terribles, mais on pardonne amplement à la vue du budget. Ce qu’on a plus de mal à balayer sous le tapis, c’est la maladresse de la gestion du hors champ, alors même que les interventions du fantastique, bien dans le cadre, ne sont pas ridicules du tout. Le réalisateur, Kaare Andrews, que l’on connaissait pour le très vaseux Cabin Fever : Patient Zero, est un gros bourrin, et il se trouve évidemment incapable de profiter du potentiel de ce très bon monstre que lui soumet le scénario de Paul A. Birkett (pas mal de bouses à son actif, comme Ghost Shark ou Alien Tornado). Avec quelqu’un d’autre qu’un tâcheron sans finesse, on aurait peut-être pu savourer une sorte de Yog-Sothoth indicible, bien évidemment tout droit issu de l’esprit tourmenté de H. P. Lovecraft. Hélas, rien de tout ça au final, et l’on ne retiendra rien de ce film à notre plus grand désarroi.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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