Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Nintendo Switch
- Playstation Vita
- PlayStation 4
- Développeur : Square Enix
- Editeur : Square Enix
- Date de sortie : 16 avril 2019
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Un remaster de très haut niveau
La Switch n’est pas qu’une console qui ramène Nintendo à un bon niveau de ventes hardware. Elle restera aussi comme celle signant le grand retour de Final Fantasy, vers le constructeur qui a vu sa bienheureuse naissance. On vous en parlait récemment dans un édito, signé par votre humble serviteur : cette salve de sorties d’épisodes canoniques, qui comprend non seulement ce Final Fantasy X / X2 Remaster, mais aussi Final Fantasy 7, Final Fantasy 9 et Final Fantasy 12 : The Zodiac Age, est l’un des grands événements de l’année 2019. Du genre immanquable. Et en voilà l’une des raisons les plus solides.
Passons d’abord par la case confession : votre humble serviteur, encore lui, n’avait jamais réellement pratiqué Final Fantasy X. Les raisons sont nombreuses, mais ce sont aussi elles qui, aujourd’hui, font de Final Fantasy X / X2 Remaster un véritable coup de cœur. À l’époque de sa sortie française, juste avant les grandes vacances de 2002, le jeu était présenté comme révolutionnaire pour un FF : terminée la world map a parcourir, et bonjour le cheminement cloisonné. Il n’en fallait pas plus pour éloigner les ayatollahs du JRPG à l’ancienne. Si l’on ajoutait un héros apparemment insupportable, le retrait de Hironobu Sakaguchi, la participation limitée de Nobuo Uematsu, on avait là un épisode de transition, très clairement. Et cela, c’était inexcusable pour les esprits étroits, dont l’auteur de ces lignes faisait partie. Mea culpa.
Car Final Fantasy X est un très, très grand jeu. Et un JRPG d’une efficacité redoutable. Vous avez sûrement déjà tout lu concernant l’histoire, certaines fautes de goût comme la séquence du rire forcé de Tidus. Oubliez. Ou, plutôt, préparez-vous à être surpris si, comme nous, nous n’aviez pas fait le grand saut à l’époque. Le récit est plutôt simple, même si bien vite on se rend compte, et sans doute avec le recul (on vieillit, que voulez-vous…), que l’écriture propose plusieurs niveaux de lecture. L’action se déroule dans le monde de Spira, mille ans après une cruelle guerre technologique. En réaction à ce massacre, l’humanité a décidé de passer à la décroissance, en vouant un culte à Yevon, divinité qui intime l’interdiction des armes de destruction plus ou moins massive. On y voit clairement un avertissement sur le fanatisme religieux. Cela, c’est le contexte, mais le plus important reste le casting. Car FF X est un exemple luxueux de personnages finement imaginés.
Les premières heures de Final Fantasy X sont pourtant hautement inquiétantes. Allons-y tout de go : Tidus représente, de prime abord, tout ce qu’on peut ne pas aimer dans un héros de J-RPG post-Final Fantasy 7. Mais, là encore, le sujet mérite plus d’attention. On découvre ce jeune blondinet impétueux alors qu’il doit participer à un match de blitzball, sorte de Quidditch à la sauce RPG, mélange de handball et de water-polo au tour par tour, que l’on pourra maitriser plus tard par le biais de compétitions aussi passionnantes qu’optionnelles. Notre avatar en est la plus grande star, la plus populaire tout du moins, dans la grande ville de Zanarkand. Et le caractère vaniteux qu’il déploie n’en est que plus insupportable. Seulement, c’est maitrisé, et la suite des événements va se charger d’imprimer une certaine évolution dans son attitude. Très vite, les événements importants, comme la première et impressionnante apparition de Sin, le grand méchant du soft, et celle du mystérieux Auron. La rencontre va résulter d’un combat perdu d’avance, et Tidus va se retrouver projeté plus de mille ans plus tard.
Final Fantasy X restera à jamais dans nos mémoires
Yuna, Wakka, Lulu, Khimahri, Rikku, Seymour, tous sont rentrés dans la légende de Final Fantasy, et ce n’est pas un hasard. Le scénario, écrit comme un road trip, pousse à l’évolution de chacun, aussi bien dans leurs capacités que leurs mentalités. Ce qui nous apparaissait, en 2002, comme un frein à la construction d’un bon JRPG prend aujourd’hui l’apparence d’une évidence : pour mieux sentir le cheminement, quelques balises ne sont pas de trop. Surtout qu’ici, Square Enix ne tombe pas dans le piège qui, plus tard, sera tendu par le malheureux Final Fantasy 13 (et celui-ci, pour l’avoir refait récemment, reste bien un semi-échec), en ne s’abandonnant pas au tout-action. Pourtant, les développeurs auraient pu : ils ont architecturé un système de combat parmi les plus édifiants qu’on ait pu prendre en mains. Ce tour par tour, d’une fluidité à toute épreuve, trouve un équilibre sans faille, entre possibilités et défis. Pouvoir changer de personnage à la volée, observer les changements sur la timeline de la bataille, tout en jouant énormément sur les faiblesses élémentaires des ennemis, c’est un délice de tous les instants. Ajoutons les chimères évolutives et manipulables, et l’on obtient un résultat complètement maboule, qui fait date. Il est tout de même très rare que les joutes d’un JRPG soient tout aussi jouissives au début de l’aventure qu’à sa toute fin.
Aussi, le système d’évolution de Final Fantasy X nous a captivé pendant toute l’expérience. Le sphérier n’est pas qu’une idée ingénieuse, c’est aussi une mécanique qui pousse à penser le gain de puissance, et qui récompense les joueurs prenant le temps de bien tout farfouiller. Pour faire simple, ici les statistiques ne sont plus liées à un passage de niveau, mais à des points de déplacements sur le sphérier, lequel dispose de cases associés à des types d’évolution : gagner de nouvelles capacités (magiques ou non), des HP, des MP, des points d’attaque, de défense, etc. Cela ne sera possible que si vous possédez les sphères adéquates pour valider ces cases. Certaines, comme la Chance, sont beaucoup plus rares que d’autres, alors attention à vos prises de décision. Mais ce n’est pas tout. Le sphérier est en commun entre tous les personnages. Ce qui signifie, par exemple, que passé un certain point, Tidus pourra, par exemple, rejoindre les cases d’Auron, pour gagner en force de frappe. Ou celui de Lulu, si on veut gagner en impact magique. Les possibilités sont ainsi vertigineuses, et peut-être que votre Wakka ne ressemblera pas, dans ses capacités, à celui d’un autre. Enfin, si vous n’êtes pas assez fou pour carrément tout débloquer, ce qui reste possible. Wow. Les subtilités ne s’arrêtent pas là, on a aussi les limitosphères, dont la particularité est de bloquer l’avancée vers certaines cases intéressantes, mais qui pourront être annihilées par des sphères assez rares. Une très, très grande réussite.
Comme précisé plus haut, le cheminement de Final Fantasy X est certes bien plus balisé que les opus précédents, mais il n’en est pas pour autant avare en secrets et autres quêtes annexes. Oui, pour cela il faut attendre la toute fin, mais ce choix n’est pas innocent : il fallait laisse place nette au road trip, à l’avancée du joueur. Quand on récupère le vaisseau Al Bhed, et que le récurrent Cid nous ouvre la voie de la world map, on comprend qu’il est temps de grattouiller le jeu en profondeur. Retourner vers certains lieux, comme le désert, pour trouver des quêtes annexes très récompensantes est une chose. Mais d’autres spécificités nous sont ouvertes, comme trouver des lieux cachés, par le biais d’un radar ou de codes à déchiffrer. Car, un peu partout, vous trouverez des dictionnaires qui vous permettront de déchiffrer le langage des Al Bheds une langue ancienne que l’on retrouve aussi pour certaines énigmes. On ne vous en dit pas plus, mais si vous voulez vous en sortir dans certains combats bonus, plus terribles encore que le dernier boss du jeu, il va falloir se pencher sur ce sujet. Sachez qu’il sera aussi possible de capturer des monstres, pour les ramener dans une ferme, laquelle propose ensuite de combattre ces ennemis indéfiniment, contre de l’argent. Pratique pour gagner des points de déplacement.
On sort de Final Fantasy X totalement conquis, et avec l’envie irrépressible de découvrir Final Fantasy X-2. Pourtant, la réputation qui le précède n’est pas bonne. Sorti en 2004 dans sa version européenne, le jeu s’est fait taillé pour son fan service que certains trouvaient dérangeant. Coupons court : ce n’est pas notre cas. Non, on ne fait pas partie de ces gens qui peuvent être choqués par la tenue légère d’une femme, qui plus est faite de polygone. Par contre, on sent bel et bien un souci, de l’ordre de l’écriture principalement. Le développement de cette suite ne fut décidé qu’en regard du succès populaire de FF X, et de l’engouement des joueurs japonais face à la vidéo Eternal Calm, d’ailleurs incluse dans ce Final Fantasy X / X2 Remaster. Et cela se ressent dans les enjeux, qui ne parviennent jamais à dépasser ce qu’on pouvait en attendre.
FF X-2 déploie une ambiance trop légère, mais réussit à charmer
Cependant, il est indéniable que Final Fantasy X-2 déploie un charme marquant. Oui, il est tout à fait appréciable de retrouver la magnifique Yuna (pas loin d’être notre personnage féminin préféré de l’univers des Final Fantasy) et l’espiègle Rikku. Oui, croiser d’autres protagonistes, autrefois importants, provoque un pincement au cœur. Les changements apportés au monde créent aussi un intérêt constant pour les environnements que l’on redécouvre. Seulement, on aurait apprécié que les scénaristes restent plus dans l’esprit de la fin de Final Fantasy X, divinement émouvante et entourée de mystère. Ici, le récit part un peu dans tous les sens, ça devient beaucoup trop léger par moment, et l’on perd de vue ce qui faisait la montée en puissance du cheminement dramatique chez l’opus précédent. Le point d’orgue de cette déception étant atteint à la toute fin, avec une conclusion qui ne peut contenter personne, et surtout pas celles et ceux qui ont tant été touchés par la relation entre Tidus et Yuna.
Par contre, on ne peut que féliciter l’équipe de développement pour avoir pris des risques dans le gameplay de ce Final Fantasy X-2, quitte à contourner les attentes. Côté combats, on retrouve un ATB des familles, avec une grosse emphase sur les combos. Le résultat, s’il est beaucoup moins tactique que celui de FF X, dégage une énergie très addictive. C’est une réussite. Tout comme le système de jobs, ici nommé les Vétisphères. Pour faire simple, on s’associe à un métier, de Guerrière à Pistomancienne, en passant par Chanteuse ou Berserk. En tout et pour tout, vous aurez le choix entre quatorze possibilités, du moins si vous les dénichez toutes. Quand vous en choisissez une, l’évolution qui s’en dégage vous apporte des points dans certaines catégories. Par exemple, vous ne gagnerez pas autant de HP en étant Mascotte ou Mage Blanc. Ici, on retrouve la fluidité de l’opus précédent, avec la possibilité de passer d’une Vétisphère à l’autre à la volée, en plein combat. Du moins, si vous avez pensé à les placer sur votre Palette, autre grande et belle nouveauté de cet épisode.
Globalement, l’expérience Final Fantasy X-2 n’est pas aussi mémorable que celle proposée par Final Fantasy X, mais cela n’en fait pas un mauvais jeu, très loin de là. Le découpage en missions fonctionne plutôt bien, et cela pousse aussi à s’investir pour atteindre le sacro-saint 100%. Là encore, on signale une tripotée de secrets, qu’il faudra s’attacher à dénicher pour ne pas trop galérer à haut niveau. Par contre, on a eu beaucoup de mal avec la bande originale, composée en partie par une Noriko Matsueda beaucoup plus inspirée quand elle signait l’OST de l’énorme Bahamut Lagoon. On tombe dans une caricature assez embarrassante par moment, beaucoup trop pop pour ne pas agacer. Dommage, tout comme le choix de ne pas nous proposer les doublages japonais, absents des deux titres. Et les voix anglaises peuvent parfois irriter, pas qu’un peu.
Il est désormais temps d’aborder la qualité de cette nouvelle édition. Final Fantasy X / X2 Remaster est sans aucun doute l’un des meilleurs remasters sortis à ce jour. C’était le cas sur PlayStation 3, Vita, PlayStation 4, ça l’est aussi sur Nintendo Switch. On vous conseillera, tout de même, d’y jouer en mode portable, pour une meilleure résolution. Techniquement, c’est un plaisir des yeux, qui nous séduit de par un charme certes désuet, mais aussi rendu propre au possible. Du très bon boulot, soutenu par le choix d’une bande originale réarrangée, ou d’origine. Les deux sont très conseillées, ce qui signifie beaucoup quant à la réussite de cette entreprise. Le contenu des jeux ne bouge pas, et Square Enix n’a pas inclus les options de triche que l’on peut retrouver dans Final Fantasy 12 : The Zodiac Age. Ce n’est pas spécialement un mal, les deux expériences sont très différentes, et l’on ne perçoit pas l’intérêt de courir plus vite dans FF X. Par contre, il est à souligner, très fort, que ce remaster contient la vidéo interlude Eternal Calm, et le mini Donjon-RPG (enfin, costaud tout de même, vous aurez de quoi faire) The Last Mission. Ce qui se charge de faire monter encore un peu plus la durée de vie, laquelle dépasse plus qu’allégrement les cent heures de jeu. Pour les complétistes, triplez ce chiffre. Oui, c’est fou.
Note : 17/20
Final Fantasy X / X2 Remaster sur Nintendo Switch reste ce passage obligé qu’il est aussi sur les autres consoles qui l’ont accueilli. Si Final Fantasy X a ce statut culte que ne possède pas sa suite, on a tout de même été étonné par certaines qualités de cette dernière, surtout dans son système de combat et de quêtes. Globalement, vous (re)découvrirez une grande période non seulement pour Final Fantasy, mais aussi pour le RPG japonais, qui tient là l’un de ses fers de lance. Quant au remaster, il permet une expérience visuelle tout à fait agréable, plus en nomade qu’en docké, et propose des petits bonus assez intéressants. Un gros morceau, qu’on vous dit !