[Test] Tropico 6 : être un dictateur, oui, mais sur consoles

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • PC
  • Développeur : Limbic Entertainment
  • Editeur : Kalypso Media
  • Date de sortie : 27 septembre 2019 (version consoles)
  • Acheter : Cliquez ici

El Presidente, plus dictateur que jamais

image gamaplay tropico 6
Tropico 6 est entièrement sous-titré en français.

Sorti en mars 2019 sur PC, Tropico 6 a su enjouer tous les amateurs de jeux de gestion fantaisistes. Rappelons que cette série, débutée en 2001, a été initiée par un autre studio (PopSoftware, depuis parti se fondre dans Firaxis Games), et s’appuie sur une idée à la fois limpide et intelligente : profiter du concept d’un soft de gestion afin de propulser le joueur dans la peau d’un dictateur. Sim City, mais vu du côté d’un pays qui exerce un pouvoir absolu sur ses citoyens, voilà un principe qui ne peut que faire saliver les amateurs d’humour noir. Le succès, plus populaire que critique, ayant été au rendez-vous, la licence a perduré au point, aujourd’hui, de voir ses itérations attendue par une fanbase solide…

Désormais entre les mains de l’éditeur Kalypso Media, et pour la première fois développée chez Limbic EntertainmentTropico 6 s’est mis en tête de conquérir les consoles. Et c’est la version PlayStation 4 que nous abordons, plus précisément la El Prez Edition, que nous vous recommandons : elle contient la bande originale et un calendrier délirant au format numérique, ainsi que quatre cartes postales. Bon, ce n’est pas ça qui vous fera craquer pour ce jeu, mais il fallait signaler ces petits bonus sympathiques. Par contre, les apports de cette version pour supports de salon sont bien plus décisifs, même si tout n’est pas parfait. Commençons par ce qui  est le plus problématique : l’ergonomie. C’est un peu  plus fluide que sur  PC, on sent que les développeurs se sont attachés à revoir leur modèle pour le rendre abordable avec une Dual Shock 4. Mais cela reste fouillis avec certains sous-menus dispensables et, surtout, des informations qu’on a du mal à trouver. Ce n’est pas catastrophique, on s’y fait au fil du temps, mais les jeux de gestion s’avèrent, décidément, de vrais défis pour les designers.

Au delà de cette moitié de retenue, Tropico 6 version consoles embarque des DLC précédemment sortis, et pas mal de nouveautés qui en font une édition à ne surtout pas négliger. L’accessibilité dans le jeu vidéo est un sujet qui nous tient à cœur, et l’on apprécie de voir poper une option pour daltoniens. Dans le contenu, on accueille de nouveaux traits de caractère pour votre dictateur, plus de possibilités dans les décrets, et des objets, des décorations à la pelle. Clairement, Limbic Entertainment n’a pas pris l’occasion à la légère, et c’est un jeu véritablement enrichi que nous découvrons. Bien entendu, tout le contenu de base fait le voyage : on a droit à une quinzaine de missions au scénario certes léger mais fendard, et un mode bac à sable d’une richesse d’option assez folle. Ajoutons, et c’est encore une nouveauté, un mode en coopération, parfait pour détruire des amitiés de trente ans. Aussi, le technique a fait l’objet d’un focus, nous l’aborderons dans le dernier paragraphe de ce test.

Une version pour consoles qui s’enrichit en contenu

image test tropico 6
Il faut aussi développer l’industrie pour consolider une dictature.

Tropico 6 reste, avant tout, un jeu de gestion délirant au possible, mais jamais suffisant. Comprenez par là que le concept, malin, ne se suffit pas à lui-même : on fait surtout face à un soft aux mécaniques fines. Rappelons que le joueur  incarne El Presidente (qu’il est possible de modifier, aussi bien dans l’apparence que le sexe), un Fidel Castro qui ne dit pas son nom. Et le but sera d’instaurer une bonne vieille dictature aussi solide que durable. Pour ce faire, les habitants se doivent d’être chouchoutés, au moins dans un premier temps, avant de bien les exploiter comme il se doit, d’une main de fer. Du coup, les premières heures d’une partie peuvent faire penser à un jeu de gestion lambda : on construit des infrastructures, on fait attention au réseau routier. Ce dernier est désormais bien plus passionnant qu’auparavant, car il faut composer avec un territoire morcelé, composé de petites îles qu’il va falloir raccorder à la principale. On vous conseille de particulièrement vous atteler à la tâche : il est plus simple de rogner sur les salaires quand un travailleur profite, par exemple, d’un réseau de métro bien agencé, qui peut l’emmener tout droit au casse-pipe travail.

Dès qu’on a bien mis tout le monde en confiance, il est temps de se déchainer. Et Tropico 6 s’avère particulièrement bonnard dans cette étape. Par exemple, lors de notre test on s’est mis en tête de devenir une sorte de Qatar : on massacre les factions qui ne nous plaisent pas, par contre on fait tout pour devenir une destination très touristique, et plutôt bien vue à l’international. Du coup, on passe par l’une des belles nouveautés de cette itération : les raids. Grâce à des actions de nos services secrets, afin de déstabiliser les autres États, il est question d’acquérir les monuments les plus représentatifs, comme la Tour Eiffel, que les parisiens ne méritent pas de toutes façons. Parfait pour attirer le chaland peu sensible à nos exactions. On pourra aussi redoubler de fourberie, tout en se faisant passer pour le bon samaritain du peuple. ouvrir un bon gros compte en Suisse, faisant passer Jérôme Cahuzac pour quelqu’un de droit, ça fonctionne du tonnerre. Signalons ici qu’il s’agit plus de macro-gestion que de micro. Comprendre par là que les problèmes au niveau local ne sont pas spécialement auvcentre des intérêts. Ce qui, d’ailleurs, peut légèrement décevoir. On aurait aimé être encore plus machiavélique, et rendre la vie encore plus dure à ces fichus écolos et autres communistes idéalistes. Voilà un angle à parfaire pour un probable prochain opus.

Techniquement, Tropico 6 se tient plutôt bien sur consoles. On remarque quelques chutes de framerate, mais ça reste rare. Surtout, on se doit de féliciter Limbic Entertainment pour avoir réglé le problème des bugs de la version PC. Les crashs, récurrents en mars 2019, sont désormais de l’histoire ancienne. On annonce plus de trois cents corrections, et ça se ressent à l’écran. Tout cela nous permet de profiter au  mieux d’une direction artistique toujours aussi convaincante : c’est ensoleillé, estival, et ça prolonge les vacances déjà conjuguées au passé. L’inspiration caribéenne a un impact jusque dans la musique, très agréable à l’écoute, et ce malgré des parties pouvant facilement s’éterniser.

Note : 15/20

Tropico 6 va vous donner envie de vous laisser embarquer dans de la gestion dictatoriale de premier ordre. Oubliez toute notre clique politique, pourtant déjà bien peu exemplaire : votre El Presidente ira beaucoup plus loin. L’humour noir omniprésent sonne comme une véritable bouffée d’air frais, surtout dans une industrie du jeu vidéo qui a tendance à ne plus trop vouloir s’y essayer, par puritanisme naissant. Les différentes mécaniques s’avèrent efficaces, même si le soft s’attarde bien plus sur la macro-gestion que la micro, ce qui peut handicaper quand on a envie de s’intéresser à une partie très précise de la population, ou quand il faut actionner des leviers économiques plus complexes afin de se sortir d’une crise. Enfin, cette version pour consoles solidifie la durée de vie, avec du nouveau contenu, et un gros travail sur la réparation de bugs apparus sur l’édition PC. Voilà qui se révèle bien agréable.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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