[Test] Doom 2 : la continuité comme modèle

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • Nintendo Switch
  • Développeur : id Software
  • Editeur : Bethesda
  • Date de sortie : 26 juillet 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

De la suite dans les id (Software) ?

image gameplay doom 2
Doom 2 s’inscrit parfois dans des décors plus terre à terre.

Après avoir abordé le tout premier épisode, quoi de plus naturel que d’enchainer avec sa suite ? Doom 2, sous-titré Hell on Earth, est paru en 1994, soit à peine un an après son illustre prédécesseur. Un empressement assez fou qui s’explique aisément. Tout d’abord, id Software savait exactement où aller avec le Space Marine : la Terre, puisque là était le twist. Aussi, le moteur existait déjà et n’avait pas encore tout donné, l’occasion donc de le pousser dans ses retranchements. Enfin, la raison économique était évidente, après le succès stratosphérique que fut Doom. Bien leur en a pris, puisque Doom 2 fut aussi une grande réussite dans les charts. Mais le soft en lui-même, atteignait-il l’excellence de son grand frère ?

Bon, autant vous prévenir : Doom 2 fait encore moins que son prédécesseur côté scénario. La continuité directe entre le premier et le second est si frappante, d’ailleurs, que nous vous conseillons d’essayer de les enchainer. Ainsi, le Space Marine revient sur Terre, où les démons ont désormais élu domicile. Afin de calmer les fans hardcore, qui détestent que l’on ne résume le récit qu’à son seul synopsis, sachez aussi qu’un léger background fut livré, à l’époque, dans la notice. On y apprenait notamment que les quelques humains qui ont survécu au massacre se sont enfuis et stationnent en orbite. Aussi, il est question de retourner en Enfer, et de combattre l’un des boss les plus charismatiques de la licence, le fameux Icon of Sin (dont on pouvait se délecter d’un easter egg dans DOOM). Clairement, on ne jouera pas à cette suite pour son récit : il est totalement absent de l’expérience, manette en mains.

Par contre, la situation terrienne a un impact direct sur le gameplay de Doom 2. Enfin, le level design pour être plus précis, lequel s’élargit bien plus qu’auparavant. Cela se remarque de suie, car id Software a la bonne idée d’exposer cette nouveauté dès les premiers niveaux. Lesquels, d’ailleurs, peuvent surprendre quand on arrive directement du premier Doom. Les énigmes sont plus nombreuses, plus difficiles aussi, ce qui fait parti d’un constat plus global : le soft propose un challenge bien plus corsé qu’auparavant. Les stages ne sont pas les seuls à avoir gagné en ampleur, c’est aussi le cas du bestiaire. On a, par exemple, l’Arachnotron, sorte de version cybernétique et plus petite des Spiderdemons. Le Pain Elemental, sorte de boule de pus agrémentée d’une gigantesque mâchoire pleine de dents, et capable de cracher des boules de feu. Ou encore le cauchemardesque Arch Vile (qui reviendra nous rendre la vie impossible dans DOOM Eternal), capable de vous tuer en un seul coup bien placé. De quoi multiplier les patterns, surtout que l’intelligence artificielle a fait un bond en avant. Les ennemis sont plus mobiles, plus agressifs aussi, et ne vous laisseront que peu de répit.

Un portage parfois en partie décevant

image test doom 2
Le shotgun, toujours aussi efficace.

Par contre, on doit aussi souligner quelques éléments qui, malheureusement, font du surplace. Doom 2 ne change en rien les mécaniques de gameplay. On retrouve les mêmes mouvements, et les mêmes spécificités comme l’absence d’un axe vertical pour viser les ennemis. On court, on tire, on change d’arme, les fondamentaux ne bougent pas. Plus gênant, aucune originalité ne vient relever la recette. Par contre, on souligne l’intelligence des développeurs qui, conscients de ce fait, imaginent des énigmes qui exploitent différemment les capacités du Space Marine. On pensera à cette carte rouge uniquement accessible si l’on court au-dessus du vide afin d’atteindre une fenêtre ouverte. Cela fonctionne, mais plus comme un sparadrap sur une réalité que l’on ne peut balayer sous le tapis. Aussi, c’est incroyable mais l’on ne compte qu’une seule nouvelle arme, le fusil à double canon. Certes, il est ultra jouissif, mais on ne peut nier qu’on attendait plus, ce qui fut souligné à l’époque de la sortie, en 1994.

Aujourd’hui, en 2019, cette édition de Doom 2 n’embarque pas énormément de nouveautés. Pas de niveaux bonus totalement exclusifs à cette sortie, et c’est bien dommage. Aucun musée n’est au programme : c’est le service presque minimum qui est assuré. Par contre, il faut souligner que le soft embarque non seulement le titre d’origine, mais aussi son extension The Master Levels, qui contient une vingtaine de nouveaux niveaux, sans aucun liens entre eux. D’ailleurs, ils sont jouables à la volée, séparément. On pourra tout de même regretter l’absence d’autres bonus, comme No Rest For The Living, qui apportait pas mal de matière. À cela, ajoutons simplement la présence d’un mode multijoueur en local, jusqu’à quatre personnes.

Enfin, abordons le point le plus problématique : la technique. Non, nous n’allons pas juger les graphismes de l’époque, même si l’on ne peut que constater que Doom 2 s’avère très semblable au premier, malgré des textures un chouïa plus nettes. Par contre, ce portage a un souci avec l’obscurité. C’est un élément qu’on avait déjà relevé dans notre test de Doom, mais qui nous saute aux yeux ici. Et pour cause, tant l’atmosphère se fait plus sombre sur beaucoup de niveaux. C’est bien simple, on ne voit rien à plusieurs occasions, et l’on doit se fier à la luminosité des tirs ennemis si l’on veut repérer où se trouvent ces derniers. Voilà qui se ressent comme handicapant. Du reste, le résultat se révèle bien évidemment fluide au possible, on n’en attendait pas moins. Côté musiques, Bobby Prince (aujourd’hui plus trop actif, mais à l’époque il signa l’ambiance sonore de Duke Nukem 3D, tout de même) rend un travail qui, pour le coup, prend à revers les fans. Après le rock entrainant du premier opus, on découvre ici des thèmes certes énergiques mais parfois jazzy, comme pour souligner que certains stages se portent plus vers l’énigme que le massacre de démons. C’est surprenant, mais de manière agréable.

Note : 15/20

Doom 2 est un très bon jeu, mais nous nous devons de livrer un verdict équilibré entre l’opus d’origine et le portage. Et là, c’est un peu moins probant, surtout à cause de l’absence remarquée de l’extension No Rest For The Living, et cette gestion trop prononcée de l’obscurité. Du reste, voilà l’occasion de se frotter à un opus qui voit les choses en grand, surtout côté level design, énigmes et bestiaire. Les niveaux se font bien plus larges qu’auparavant, les nouveaux ennemis impriment une difficulté beaucoup plus marquée, et l’on se sera bien pris la tête sur certaines problématiques. Au final, cet opus démontre à quel point id Software savait exactement où ils allaient avec cette licence, et les fans de Doom ne pouvaient que les en remercier.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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