Le cinéaste à l’honneur à la Cinémathèque française
Tout Godard à la Cinémathèque française en 52 jours, représente l’une des plus réjouissantes surprises culturelles pour ce début d’année 2020 !
Depuis mercredi 8 janvier, et jusqu’au 1er mars, le temple de la cinéphilie vous propose de parcourir, et de (re)découvrir quelque 140 films – qu’ils soient courts ou longs, sketchs issus de films, voire de films pour la télévision. De, Une Femme Coquette en 1957 d’après une nouvelle de Guy de Maupassant au Livre d’Image en 2018, pour lequel il recevra une palme d’Or spéciale au Festival de Cannes de la même année, Jean-Luc Godard n’aura pas cessé de faire du cinéma.
En plus de 60 ans, en dialogue constant avec les autres arts, son œuvre n’aura cessé d’interroger les puissances de l’image et de réinventer le 7ème art.
(Encore aujourd’hui) Son nom résonne comme un mythe ; tantôt il fascine, tantôt il ennuie partout dans le monde. En tout état de cause, il reste synonyme du cinéma moderne, celui né en France du mouvement de la Nouvelle Vague à la fin des années cinquante, pour le meilleur et pour le pire, tant il provoquera la passion, dans l’adoration aussi bien que dans l’invective.
Godard philosophe ?
“Les discours des œuvres cinématographiques de JLG, souligne Louis-Albert Serrut auteur de l’ouvrage Le Cinéma de Jean-Luc Godard et la philosophie (Editions de l’Harmattan), relèvent de différents registres : politique, éthique, sociologique, artistique (…) ou philosophique”. Lui, qui préférait toujours montrer plutôt que dire. Peut-être bien finalement qu’il faisait de la philosophie sans le savoir comme Anna – Nana – Karina dans Vivre sa vie (1962).
Les 5 grands de la Nouvelle vague – François Truffaut, Jacques Rivette, Claude Chabrol, Éric Rohmer et Jean-Luc Godard – avaient tous écrit avant de devenir des cinéastes ; ils avaient un certain don pour l’écriture avant même de réaliser chacun leurs films. De tous ces cinéastes, Godard était certainement le plus attentif à l’actualité. Ses films pouvaient parfois s’embrouiller dans le fatras journalistique, mais ils manifestaient le plus souvent une extraordinaire disposition à désigner l’essentiel, —à désigner ce qui, dans l’actualité, emblématisait la situation. Ses films touchaient aux points sensibles de la situation politique de l’époque. Rencontrer les films de Godard c’était aussi rencontrer des idées.
Lors de la sortie d’A bout de souffle (1959), la critique de l’époque qualifiait le film d’anarchiste. Le discours d’Alphaville (1965) exposait, lui, les risques d’une société à la « Big Brother », Pierrot le fou (1965) explorait le désir de liberté, tandis que dans Made in USA (1966), la notion portait sur la violence, ou pour aller vite, disons qu’Adieu au langage (2014) était une sorte de point d’aboutissement de la réflexion philosophique de Godard. Le réalisateur embraye sur l’un de ses sujets favoris : “Quelle différence y a-t-il entre une idée et une métaphore ?” ou “Que se passe-t-il ? “De quoi sommes-nous les témoins mi- fascinés, mi- dévastés ?” …Bref, la filmographie de JLG portait des discours haut et fort et surtout « discutables ».
On se souvient de ce que disait le réalisateur et écrivain Alexandre Astruc à propos de la théorie de la caméra stylo : « Aujourd’hui un Descartes s’enfermerait dans sa chambre avec une caméra de 16 mm et de la pellicule et écrirait le Discours de la méthode en film, car son Discours de la méthode serait tel aujourd’hui que seul le cinéma pourrait convenablement l’exprimer. »
Peut-être que le Jean-Luc Godard serait ce théoricien de la grammaire, obsédé par les mécanismes du langage ?