article coup de coeur

[Test] Pillars of Eternity 2 Deadfire: un grand RPG aussi sur consoles

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • PC
  • Développeur : Obsidian Entertainment
  • Editeur : Versus Evil
  • Date de sortie : 28 janvier 2020
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Avec Pillars of Eternity 2, le RPG occidental commence bien son année

image gameplay pillars of eternity 2
Pillars of Eternity 2 : Deadfire – Ultimate Edition réserve de beaux panorama

Sorti en 2015, le premier Pillars of Eternity a su séduire bon nombre de fans de RPG occidentaux. Le contraire aurait été étonnant, tant le soft cochait toutes les cases du projet alléchant. Tout d’abord, il s’agissait d’une nouvelle licence développée par Obsidian Entertainment, studio désormais racheté par Microsoft, mais surtout grand spécialiste du genre, formé par des anciens de Black Isle (Baldur’s Gate, Planescape : Torment, tout de même). Une entité alors édité par Paradox Interactive, autre acteur d’importance, qui finalise actuellement Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2. Tout ça a donné un RPG d’envergure, salué par la critique et les joueurs. Deux ans plus tard, en 2017, Obsidian (cette fois-ci associé à Versus Evil) lance un nouveau financement participatif afin de développer une suite, qui sortira en 2018 sur PC. Le jeu, toujours aussi réussit, n’a pas rencontré un vif succès dans ses ventes, et c’est regrettable. Tout de même, aujourd’hui nous accueillons Pillars of Eternity 2 : Deadfire – Ultimate Edition, une des sorties les plus remarquables de ce début d’année très chargé.

Pillars of Eternity 2 : Deadfire – Ultimate Edition prend la suite directe du premier opus. Est-ce à dire qu’un nouveau venu sera perdu en route ? Pas vraiment, même s’il faut signaler que, derrière cette réponse normande, l’univers n’est pas du genre à prendre le joueur par la main. Concrètement, il va falloir un peu ramer si vous n’avez pas fait le précédent épisode, mais pas sans effets : les développeurs ont tout de même pensé à ceux qui sont dans le besoin de rattacher les wagons. Du coup, on peut tout de même capter la problématique, s’intéresser aux personnages et aux lieux qu’ils traversent. Le récit (entièrement sous-titré dans un français bien soigné, ça fait plaisir), lui, se fait un peu moins touffu qu’auparavant, et ce n’est pas un mal. On retrouve donc notre avatar, le Gardien, et le monde d’Eora. Ce n’est pas tout, puisque Eothas, l’antagoniste que l’on avait terrassé, refait surface de manière bien marquante. Nous ne spoilerons pas ici, mais sachez que le début de cette aventure se vit comme un traumatisme, qui provoque le besoin vivace de repartir en quête de réponses. Celles-ci se découvriront non seulement pendant le fil rouge, mais aussi les innombrables quêtes annexes, très bien écrites dans l’ensemble.

Mais tout de même : on ne peut qu’affirmer que Pillars of Eternity 2 : Deadfire – Ultimate Edition se savourera encore mieux au cas où vous avez parcouru le premier épisode. Certes, on ne peut compter sur une option d’import de sauvegarde, ainsi il est nécessaire de passer par une phase de questionnaire, qui déterminera certaines conséquences. Celles-ci auront plusieurs impacts décisifs dans cette suite, et elles se jaugeront mieux si ces choix ont été vécus. Bien sûr, les nouveaux venus pourront simuler tout ça par le simple fait de la réponse, mais il est indéniable qu’on ne ressentira pas le même intérêt. Du coup oui, nous conseillons tout de même de jouer, et terminer, Pillars of Eternity avant d’enchainer avec sa suite, et de répondre aux dilemmes grâce à l’expérience vécue. Toujours du côté de la narration se situe l’un des grands point forts du jeu. En effet, on dit au revoir au découpage par chapitre, pour accueillir un univers plus proche de l’open world : on se sent plus libre, comme dans un bac à sable qui a l’intelligence de laisser le gamer jouer comme il l’entend. Vous ne voulez pas trop vous investir dans l’univers ? Pas de souci, il est possible de le laisser de côté (même si, selon nous, ce serait une hérésie). Mais si, au contraire, vous êtes désireux de vivre le monde qui vous entoure, alors vous pourrez compter notamment sur un codex qui vous demandera des heures et des heures de lecture précise.

Une durée de vie imposante

image test pillars of eternity 2
Préparez-vous bien avant d’aborder ce genre d’ennemi.

Côté gameplay, il faut d’abord rappeler que Pillars of Eternity 2 : Deadfire – Ultimate Edition est un RPG en vue isométrique, dans la veine du récent Divinity Original Sin 2 : Definitive Edition. D’ailleurs, on sera tenté de comparer les deux titres, tant ils représentent le sommet actuel du RPG à l’occidental. Soyons clairs, en terme de prise en mains, d’ergonomie, le soft d’Obsidian ne fait pas le poids. On a vraiment du mal avec l’agencement des menus, et le recours à la barre d’action s’avère trop lourd à la longue. Ce qui nous fait penser, sans conteste, que le mode tour par tour est la seule manière de réellement savourer le titre. La pause active, même si très utile si vous jouez en mode Difficile tant la tactique y devient primordiale, n’est donc pas très bien mise en valeur. Reste que le système de combat garde une bonne intensité, avec une grande emphase sur les classes, et même les multi-classes puisqu’il est désormais possible de devenir hybride afin de pouvoir viser une bonne complémentarité. Attention aussi à vos statistiques, car elles sont au centre de la réussite de votre personnage. Si quelques quêtes peuvent se régler par la diplomatie, ce ne sera pas toujours le cas…

Pillars of Eternity 2 : Deadfire – Ultimate Edition impressionne de par l’étendue de son territoire, mais aussi les possibilités que ce dernier ouvre. Alors que le premier jeu était finalement assez ramassé à ce niveau, Obsidian a mis un point d’honneur à aller bien plus loin. Ici, on va découvrir une région gigantesque, formée par une multitude d’îles. Et qui dit îles, dit mer. Qui dit mer, dit bateau. Vous voilà donc en possession d’un navire, lequel fait office de véritable forteresse flottante. Et ce bien, il va falloir le gérer. Tout cela va plus loin que la simple petite activité secondaire, puisqu’il est non seulement question de s’occuper de la qualité du moyen de transport (en achetant des améliorations), mais aussi de prendre en mains l’équipage. Si vous voulez qu’il soit en pleine forme moral, histoire d’éviter la mutinerie, n’hésitez donc pas à lui filer des tonneaux de rhum, les marins en feront bon usage. Mais ce n’est évidemment pas tout : si on peut recruter des canonniers, ce n’est pas pour faire de la figuration. Dès lors, on peut se lancer dans une carrière de pirate, attaquer d’autres navires dont les trésors rempliront votre compte bien vite dégarni à cause d’investissements (très) coûteux. Voilà un RPG qui ne fait pas les choses à moitié.

Côté durée de vie, Pillars of Eternity 2 : Deadfire – Ultimate Edition est digne de ce que doit être un grand RPG occidental : très long et sujet à la rejouabilité. Si vous accrochez au jeu, soyez certains d’en avoir pour un peu plus de cent heures de jeu, en comptant l’apport des DLC ici inclus. Notons aussi de nouveaux ennemis, et des défis originaux. De quoi prendre le temps d’admirer des paysages souvent enchanteurs. La direction artistique a effectué un véritable bond en avant depuis le trop plat premier épisode, et c’est sans nul doute grâce à la situation géographique de l’action : une zone côtière et sauvage. Que vous soyez sur les flots ou la terre ferme, es sources de lumière en mettent plein la vue, et sans la moindre trace de baisse de fluidité. Par contre, les temps de chargement deviendront vos pires ennemis. Ils sont terriblement longs et nombreux, espérons qu’une mise à jour soit à l’étude. Enfin, et Obsidian oblige, nous retrouvons l’excellent Justin E. Bell aux commandes de la bande originale, pour des musiques toujours très à-propos… sauf pour le thème des combats, à la boucle trop courte donc irrémédiablement répétitive sur une expérience de cette ampleur. Reste que si l’atmosphère du jeu nous marque à ce point, c’est aussi grâce au compositeur.

Note : 17/20

Pillars of Eternity 2 : Deadfire – Ultimate Edition est non seulement l’exemple type d’une bonne suite mais aussi d’un RPG occidental de belle qualité. Le jeu règle quelques soucis issus du premier opus, mais sans en trahir l’essence. Sa nouvelle approche des combats, des classes, sa nouvelle situation géographique qui provoque une partie de gestion navale réussie, tout cela tire la recette vers le haut. Ajoutons une écriture plus maitrisée, moins jusqu’au-boutiste dans le verbage (même si les lignes de texte restent assez impressionnantes), et une durée de vie colossale. Moins heureux, les temps de chargement, l’ergonomie des menus et le thème musical des combats nous rappellent que nul n’est parfait en ce bas monde. Mais ce ne sont pas ces accrocs qui freineront l’intérêt des amateurs de ce genre si passionnant qu’est le RPG…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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