Caractéristiques
- Titre : Invisible Man
- Titre original : The Invisible Man
- Réalisateur(s) : Leigh Whannell
- Avec : Elisabeth Moss, Aldis Hodge, Storm Reid, Harriet Dyer, Oliver Jackson-Cohen...
- Distributeur : Universal Pictures France
- Genre : Fantastique, Epouvante-horreur, Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 125 minutes
- Date de sortie : 26 février 2020
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Un scénario prévisible, mais solide
Nouveau long-métrage de Leigh Whannell (Upgrade, Insidious : Chapitre 3 mais aussi scénariste des Saw 1 à 3 et de la saga Insidious), Invisible Man est une nouvelle adaptation du roman de H.G Wells, cette fois produit pas Jason Blum. Alors que le Dark Universe d’Universal devait commencer avec La Momie avec Tom Cruise avant de s’écrouler suite au mauvais accueil public et critique de ce dernier, il semblerait que cette nouvelle adaptation de L’Homme Invisible soit là pour tout reprendre à zéro.
L’histoire est celle de Cécilia Kass (Elisabeth Moss), en couple avec un brillant et riche scientifique. Ne supportant plus son comportement violent et tyrannique, elle prend la fuite une nuit et se réfugie auprès de sa sœur, leur ami d’enfance et sa fille adolescente. Mais quand l’homme se suicide en laissant à Cécilia une part importante de son immense fortune, celle-ci commence à se demander s’il est réellement mort. Tandis qu’une série de coïncidences inquiétantes menace la vie des êtres qu’elle aime, Cécilia cherche désespérément à prouver qu’elle est traquée par un homme que nul ne peut voir. Peu à peu, elle a le sentiment que sa raison vacille…
Le scénario de Leigh Whannell possède de bons éléments, mais n’est pas exempt de défauts. D’abord, dans sa structure, le scénariste/réalisateur joue sur plusieurs genres. La première partie se veut dans la lignée des films d’horreur de fantômes type Conjuring pour faire croire que Cécilia devient folle et voit des choses qui ne devraient pas exister — et c’est plutôt bien joué. Même si le spectateur, via le titre, comprendra que ce n’est pas un fantôme qui ennuie l’héroïne, cela passe plutôt bien vu le thème du film, mais nous reviendrons sur ce point plus loin.
La seconde partie est plus orientée thriller fantastique, embrassant complètement le côté Homme Invisible du titre. Cette structure est plutôt bien trouvée et le passage d’un genre à un autre se fait sans heurts. Mais il y a tout de même quelque problèmes avec le scénario. En premier lieu, on voit venir beaucoup d’événements, jusqu’au final. Si vous faites assez attention à quelques détails durant le visionnage, alors vous saurez ce qui arrive ensuite. Dommage, mais cela n’empêche pas le long-métrage de nous garder quelques surprises sous le coude.
Concernant le thème du film, on est en plein dans le #MeToo. La première scène voit Cécilia s’enfuir de chez elle en pleine nuit. On comprend, durant cette scène d’introduction, que son mari, même s’il dort, est violent et qu’elle a peur de lui. Le thème du film est donc l’émancipation d’une femme battue, qui était complètement sous l’emprise mentale de son mari. Cela est fait sans de trop gros sabots et sans appuyer le message. Du coup, cela passe assez bien et amène une certaine logique, une certaine prévisibilité au scénario. On ressent tout même que Cécilia est complètement dans un état post-traumatique durant la plus grande partie du film, ce qui permet au spectateur d’avoir un minimum d’empathie pour le personnage. Enfin, prendre le point de vue de Cécilia tout au long du film est une bonne idée : au lieu de montrer le point de vue de celui qui devient invisible, Whanell prend au contraire le parti de la victime, ce qui est plutôt bien vu et amène un certain suspense.
Une bonne réalisation, mais un rythme décousu
Côté réalisation, Leigh Whannell fait mieux que sur ses précédents longs-métrages. Dans sa première partie, qui est du genre film d’horreur, au lieu de nous mettre des jump scare à outrance, comme on le voit dans la plupart des films de genre ces derniers temps, il préfère faire monter la tension et instaurer une ambiance. Il le fait très simplement avec quelques pano dans lesquels le personnage disparaît et réapparaît. C’est simple mais efficace. Il fait en sorte aussi que le spectateur voit quelques détails que les personnages ne voient pas. Une vraie bonne chose de la part du réalisateur. Cela lui permet, quand le long-métrage plonge complètement dans le côté thriller fantastique, de s’en donner à cœur joie et de lâcher la tension qu’il a instaurée.
La seconde partie est plus classique, mais offre quelques scènes assez efficaces. Malheureusement, tout n’est pas au beau fixe car en milieu de métrage il y a un ventre mou avec quelques longueurs avant que la tension n’explose. De plus, il y a quelques scènes à effets-spéciaux qui passent assez mal. De petits détails qui comptent quand même. La direction photo de Stefan Duscio s’avère tout de même bonne en instaurant une ambiance assez froide, qui correspond parfaitement au thème du film. On a également apprécié les décors, surtout la maison de Cécilia et son mari. Enfin, la musique de Benjamin Wallfisch reste très discrète la plupart du temps, mais devient plus percutante dans la seconde partie. Elle convient et accompagne parfaitement le film.
Côté casting, Elisabeth Moss (Us, The Handmaid’s Tale – La Servante Écarlate) est excellente dans le rôle de Cécilia. Elle transmet parfaitement ce que son personnage a pu vivre avec son mari. Moss est aussi très bonne dans la gestion de l’évolution de son personnage. Elle porte vraiment le film sur ses épaules. Aldis Hodge est aussi bon dans le rôle de James. On comprend parfaitement ses réactions par rapport aux situations. La jeune Storm Reid (Un Raccourci dans le Temps), qui interprète Sydney, la fille de James, offre aussi une solide performance, avec des réactions convaincantes aux situations. Enfin, Harriet Dyer, Michael Dorman et Oliver Jackson-Cohen ont peu de temps à l’écran mais offrent, là encore, des performances, solides. On émettra néanmoins une légère réserve concernant le jeu de Jackson-Cohen qui ,vers la fin, semble ne plus trop savoir comment jouer son personnage.
Au final, Invisible Man est un long-métrage solide, bien réalisé, bien interprété et globalement assez divertissant, mais trop prévisible pour les spectateurs avertis.