[Test] Shinsekai Into the Dephts : un bon Metroidvania atypique

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Nintendo Switch
      Existe aussi sur :
    • Apple Arcade
  • Développeur : Capcom
  • Editeur : Capcom
  • Date de sortie : 26 mars 2020
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Shinsekai : Into the Dephts tire son harpon du jeu

image gameplay shinsekai
Shinsekai : Into the Dephts nous plonge dans des environnements fascinants.

Cacpom est décidément un éditeur plein de ressources. Alors que son actualité se dessine sous les traits d’une grosse production bien ambitieuse, avec Resident Evil 3 Remake, est sorti en catimini l’adaptation d’un soft beaucoup plus humble. Shinsekai : Into the Dephts a donc quitté l’Apple Arcade, où il fut une exclusivité temporaire très appréciée, pour se poser sur Nintendo Switch. Et nul doute que peu d’entre vous en auront entendu parler. Pourtant, il s’agit de l’un des titres qui a su donner ses lettres de noblesse au jeu mobile, loin des concepts simplistes et autres free-to-play sans scrupules. De là à en faire un bon titre pour une console, il y avait un monde. Alors, le résultat est-il à la hauteur de ce qu’on est en droit d’attendre de Capcom ?

Shinsekai : Into the Dephts se présente comme un Metroidvania à l’ambiance clairement atypique. Dans ce genre de jeu, l’atmosphère joue un rôle souvent majeur, et Capcom l’a bien compris en nous proposant un trip à la narration épuré. Pas de dialogues, ni de grandes cinématiques, mais un récit qui se ressent par le biais des situations induites par le gameplay. Pas besoin de grands discours afin de comprendre que l’on incarne le survivant d’une apocalypse. La catastrophe fut climatique : une ère glaciaire a dévasté le monde, et l’humanité n’a eu d’autre choix que de se réfugier dans les océans. Notre avatar est déjà habitué à ce mode de vie pour le moins étonnant : il vit dans une carcasse sous-marine, et vaque plus ou moins tranquillement à ses étranges occupations. Jusqu’au jour où la glace fait une entrée tonitruante dans son logis, l’obligeant à le fuir et à se lancer dans une aventure dont le but est la survie. Et peut-être même de découvrir d’autres humains. Voilà qui constitue un univers très mystérieux, qui créé l’envie de l’approfondir par nous-même.

Shinsekai : Into the Depths revêt les habits du Metroidvania traditionnel, avec son axe de déplacement 2D et sa propension à nous donner envie de revenir sur nos pas afin de découvrir des éléments auparavant inexploitables. Mais on aurait tort de penser que le soft s’arrête à ce concept. Le classicisme se fait rapidement la malle au contact de plusieurs éléments. Tout d’abord, la condition d’aquanaute de notre avatar. Avec son scaphandre qui rappelle sciemment celui des cosmonautes, il flotte et le joueur se doit d’en contrôler l’inertie. Les mouvements vont de la marche normale au boost d’air, en passant par l’escalade. Ces deux dernières actions ne sont réalisables que si vous détenez les ressources nécessaires : de l’oxygène (stockées dans des réserves à compiler), ou de l’énergie physique (laquelle, bien entendu, se recharge seule). Voilà qui est au centre de toute l’expérience : vous allez devoir fouiller les sols marins, à l’aide de votre lampe-torche, pour en extirper les richesses, et les utiliser afin de faire évoluer votre attirail. Ce qui se veut tout à fait cohérent avec le genre de la survie.

Un Metroidvania atypique et généreux dans sa durée de vie

image test shinsekai
Les fonds marins sont habités, et pas que par de gentils poissons…

Le principe d’évolution est au centre de Shinsekai : Into the Dephts. Non seulement votre avatar va pouvoir bonifier ses talents (escalade, meilleur stockage d’air, propulsion plus efficace, etc), mais il pourra  aussi agir sur sa capacité à plonger de plus en plus profondément. Si les Metroidvania ont toujours beaucoup pensé leur level design avec la verticalité, le jeu de Capcom est de ceux qui vont plus loin que les autres. Vous serez bien vite en contact avec des eaux trop profondes pour vous, signalées par la couleur rouge. Le but est de briser cette frontière, et d’atteindre des fonds de plus en plus insondables. La carte, dont il va falloir digérer un aspect peu agréable au premier abord, se découvre à bonne vitesse. Pour cela, on est aidé par un drone, découvert à un certain point de l’aventure. Il sera tout autant capable d’éclaircir certains objectifs parfois un peu obscurs, mais aussi de récupérer des objets à votre place. Pratique, tout comme ce sous-marin que l’on pourra maitriser afin notamment de forer des endroits autrement inaccessibles, et ce en toute sécurité. Sécurité parfois mise à mal quand l’avatar est en sortie .Il suffit d’une chute trop marquée, et l’une de vos bombonnes prendra un choc. Attention donc à bien veiller sur l’état du matériel, qui fait office de barre de vie.

Qui dit fonds marins dit poissons. Et pas que des gentils Nemo. Il est donc nécessaire de se protéger contre des bestioles pas vraiment amicales. C’est ici que le bât blesse sensiblement pour Shinsekai : Into the Dephts, tant on ressent les bribes de son passage sur smartphone et tablettes. Tout va bien tant que l’on utilise le piolet, ceci tout autant dans le but de sonder le sol que pour régler le compte de sortes de bernard-l’hermites très agressifs. Le souci vient plus des armes à distance, dont la précision n’est pas toujours des plus irréprochables. Pourtant, on apprécie le besoin d’en fabriquer les munitions, ou même l’intelligence de certaines utilisations. On pense à ce harpon qui peut rendre sa victime luminescente, ce qui a pour effet d’attirer tous les prédateurs du coin. Ces ennemis, parfois impressionnants (il y a du boss) ne seront cependant pas des menaces très dangereuses (même dans le plus élevé des trois modes de difficulté), le soft se fait très équilibré et garde à l’esprit son focus sur l’exploration.

La durée de vie se situe entre douze et quinze heures, cela dépend évidemment de votre propension à explorer, ou non, l’intégralité des fonds marins, de votre volonté de compléter le codex etc. C’est très conséquent pour ce type de production. Pour la rejouabilité, sachez qu’il existe une seconde fin, ainsi qu’un mode bonus intitulé Une autre plongée, que l’on pourra définir comme une sorte de défi ultime. Techniquement, Shinsekai : Into the Dephts s’en tire honorablement, même si l’on regrette un effet de flou parfois trop prononcé dur les fonds de certains environnements. On a largement préféré le rendu en mode normal, car le docké accentue quelques textures imparfaites, même si cela reste au niveau d’une telle production. La direction artistique, elle, est enchanteresse. Le travail sur les couleurs, sur l’inclusion d’éléments science-fictionnels, force le respect. De plus, on a particulièrement apprécié l’ambiance sonore. Les développeurs conseillent d’y jouer au casque, et nous ne pouvons qu’aller dans leur sens. Les musiques, composées par Chikara Aoshima, tiennent aussi un bon rôle dans la réussite qu’est cet univers décidément séduisant, et que l’on aimerait revoir dans un jeu encore plus ambitieux.

Note : 15/20

Shinsekai : Into the Dephts parvient à tirer son harpon du jeu, dans un genre (le Metroidvania) pourtant sur-usité ces derniers temps. Capcom nous livre un soft à l’univers sous-marin très séduisant, qui fait la part belle à une ambiance paradoxalement aussi zen qu’alarmante. Si l’on regrette une maniabilité des armes trop imprécise, et une technique imparfaite, on en retient de très bonnes sensations dans les déplacements, un aspect survie agréablement équilibré, un level design intelligemment vertical, et une exploration récompensante. On en sort comblé, et l’on ne peut s’empêcher d’imaginer une suite encore plus entreprenante.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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