Caractéristiques
- Créé par : Laurie Nunn
- Avec : Asa Butterfield, Emma Mackey, Gillian Anderson, Ncuti Gatwa, Connor Swindells, Aimee Lou Wood ...
- Saison : saison 1 et 2
- Année(s) de diffusion : 2019
- Chaîne originale : Netflix
- Diffusion françaisee : Netflix
- Note : 8/10 par 1 critique
Un teen drama à l’anglaise
Sex Education est une série télévisée britannique créée par Laurie Nunn qui raconte l’histoire du jeune Otis Milburn, dont la mère est sexologue et qui refuse les questions ou conseils de celle-ci à propos de sa propre sexualité, alors qu’il est vierge et ne parvient pas à se masturber. Par un concours de circonstances, Otis se retrouve à aider la terreur du lycée, Adam, qui a pour sa part des problèmes d’éjaculation. Témoin de cette thérapie improvisée, Maeve Wiley, une jeune rebelle qui vit sans parents et rencontre des problèmes d’argent, propose à Otis de créer un « cabinet de sexologie » clandestin au sein du lycée. Si ce point de départ peut nous faire penser que cette série sera un teen drama parlant juste de sexe, il n’en est rien car l’oeuvre va au-delà.
L’adolescence est une période de la vie où l’on se découvre, surtout sexuellement, et la série aborde le sujet de fort belle manière. Durant ses deux premières saisons, on découvre des personnages tous autant attachants les uns que les autres, qu’ils soient principaux ou plus secondaires. Si certains peuvent paraître de prime abord assez typiques des archétypes du genre (le méchant du lycée, le timide, la solitaire, etc.), la série n’hésite pas à creuser chacun de ses personnages.
Les relations qu’ils entretiennent s’avèrent essentielles et certaines nous surprennent. On s’attache à eux au fur et à mesure qu’ils se découvrent. Ainsi, Eric, le meilleur ami d’Otis, apparait être l’un des meilleures personnages de la série. Sex Education n’est pas uniquement une oeuvre sur les adolescents, puisque l’on découvre aussi la sexualité des adultes avec la mère d’Otis, Jean, une sexologue dont on suit aussi la vie au quotidien, surtout durant la saison 2. Bien sûr, la série est surtout centrée sur les relations entre les jeunes, et, sur ce point précis, il s’agit d’un vrai teen drama, mais loin de ses homologues américains. Ainsi, nous retrouvons un humour très anglais, excellent de surcroît, qui vient égayer les différents épisodes.
Plus qu’une bonne série bien écrite, celle-ci est intelligente pour une chose : elle peut permettre aux adolescents qui la regarderont de découvrir s’ils vivent la même chose que les personnages. Ainsi, en dehors des problèmes sexuels bien abordés, l’homosexualité, la bisexualité, la pan-sexualité, l’asexualité, le sont aussi et là encore, chaque sujet est traité de façon intelligente – chose assez rare dans un teen drama.
La série traite aussi, durant la seconde saison, du thème de l’agression sexuelle au travers du personnage de Aimee. Une des storylines les plus émouvantes de la série. Seul bémol : les maladies sexuellement transmissibles ne sont pas assez abordées, même si le premier épisode de la seconde saison aborde le sujet avec une épidémie de Chlamydia dans le lycée, mais c’est encore trop peu. Il serait aussi judicieux, pour que la série soit complète, qu’elle traite de la trans-identité. Cela sera sûrement le cas dans la saison 3.
Une réalisation moyenne mais de bons acteurs
Concernant la réalisation des épisodes, soyons honnêtes : c’est très moyen. On sent que le budget de la série n’est pas très élevé et qu’ils ne peuvent pas trop en faire techniquement parlant. Les réalisateurs se concentrent donc davantage sur la direction d’acteurs, qui est excellente. La musique d’Oli Julian est sympathique et accompagne parfaitement la série. Il y a vraiment peu à redire sur la technique.
Concernant le casting, Asa Butterfield (Miss Pérégrines et les enfants particuliers) est aussi émouvant que drôle dans le rôle d’Otis. Il est parfait en lead. Gillian Anderson est tout simplement géniale dans le rôle de Jean, la mère sexologue d’Otis. Elle apporte son talent en amenant un humour so british. Chacune de ses interventions est un délice.
La Française Emma Mackey est remarquable dans le rôle de Maeve. Tout en subtilité et émotion, elle nous convainc qu’elle est le personnage. Eric, le meilleur ami d’Otis, est sûrement le personnage le plus difficile à interpréter et Ncuti Gatwa le fait parfaitement, autant dans sa folie que dans des moments plus durs, il délivre une belle performance. Connor Swindells a la tâche difficile d’interpréter Adam, un personnage ambigu et plus profond qu’il n’y paraît au premier abord, et il s’en sort admirablement bien. Enfin, Aimee Lou Wood est vraiment hilarante dans le rôle d’Aimee. Son personnage gagne en profondeur avec la saison 2 et ne se contente pas d’en faire un simple comic relief, ce qui n’est pas plus mal.
Au final, Sex Education est une série intelligente dans sa façon d’aborder le thème de la sexualité chez les adolescents. Elle ne tombe pas dans les travers habituels de la série pour ados et ne sous-estime pas ses personnages secondaires, qu’elle n’hésite pas à approfondir. Voilà donc une série attachante et tendre derrière son côté cash, avec un humour anglais qui fait mouche. On recommandera aux adolescents (à partir de 16 ans) de regarder la série. Si elle peut en aider quelques-uns à se trouver ou à se rassurer, cela ne pourra être que bénéfique.