Caractéristiques
- Titre : The Vigil
- Réalisateur(s) : Keith Thomas
- Avec : Dave Davis, Menashe Lustig, Lynn Cohen, Malky Goldman et Fred Melamed.
- Distributeur : Wild Bunch
- Genre : Épouvante-horreur
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 90 minutes
- Date de sortie : 29 Juillet 2020
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Un film trop commercial
Le titre The Vigil, ou Gardien, fait référence dans la culture juive à la personne chargée de veiller sur le corps d’un défunt durant la première nuit suivant son décès. Cette personne, souvent un proche, est censée favoriser le passage de l’âme vers l’Au-Delà tout en le préservant de l’influence des démons. Cependant, il n’est pas rare que dans les cas où personne de la famille ne puisse officier, on paie un intervenant extérieur pour remplir ce rôle.
C’est bien sûr ce qui va se passer dans le film et, comme on s’en doute également, une entité malveillante va agir dans l’ombre. Le studio Blumhouse, qui produit le film, est spécialiste de ce genre de longs métrages d’horreur à petit budget dont certains sont devenus des franchises (Paranormal Activity ou Insidious). Le problème est qu’au-delà du pitch, le principal reproche qu’on puisse faire à The Vigil c’est son absence totale de surprise, et cela malgré une ambiance mortifère plutôt efficace.
Un suspense dans les clous
Si The Conjuring et ses émules ont redonné un coup de fouet à un cinéma d’horreur précédemment trop assoupi, il est également depuis tombé dans le piège des règles beaucoup trop établies et donc prévisibles (jump-scares, apparitions téléphonées, etc.). Le réalisateur Keith Thomas connait son sujet sur le bout des doigts, cela ne fait aucun doute, mais il perd en contrepartie sa singularité artistique. Et le déroulement de The Vigil s’en ressent, malgré une idée de départ qui aurait pu aboutir à une œuvre plus ambitieuse. Parfois on en vient même à se demander si le protagoniste n’est pas un peu bête de tomber dans tous les pièges tendus par le spectre, tant la réflexion du spectateur le devance de beaucoup et ce malgré quelques tentatives de justification. The Vigil est un film à la durée pourtant courte, qui aurait gagné à davantage favoriser la suggestion que la démonstration abusive de phénomènes paranormaux.
Des personnages spectraux
Dave Davis, qui joue le personnage principal, coche les même cases balisées que la narration. Il est d’abord fragile et un peu naïf, avant de progressivement affronter ses démons intérieurs pour combattre le véritable ennemi dans un final tardif et trop peu épique pour convaincre. Le personnage de l’ex-femme du défunt semble quant à elle placée là uniquement pour ajouter un élément malsain de plus sans pour autant que sa présence influe particulièrement sur l’histoire. Encore une fois, on constate par le biais des personnages que The Vigil manque d’âme pour se démarquer de la production horrifique actuelle.
Une ambiance efficace
En ce qui concerne le contexte de la maison hantée, l’ambiance est au rendez-vous et constitue sans nul doute le point fort de The Vigil. Le cadre est lugubre et, malgré une réalisation trop classique, on sent qu’un soin tout particulier a été apporté au rendu visuel. La menace se fait palpable dans chaque ombre et chaque recoin d’un lieu manifestement en proie au mal.
C’est d’autant plus dommage que le réalisateur Keith Thomas ne cherche pas à en tirer davantage partie en cantonnant le protagoniste presque exclusivement au rez-de-chaussée, et ne dévoile les mystères de l’étage que dans les cinq dernières minutes pour un résultat qui plus est décevant. Comme souvent dans ce genre de production, nous sommes face à un magnifique écrin malheureusement mal exploité dans le fond.
Une pierre anonyme à l’édifice
Globalement il n’est pas question de dire que The Vigil est un mauvais film, c’est seulement qu’il ne parvient jamais à exploiter son sujet de manière à devenir un bon film. Il est trop classique, trop prévisible et n’apporte rien de neuf au genre. Son sujet de départ, méconnu du grand public, aurait pu lui permettre une certaine émancipation des codes, et une générosité tant narrative que visuelle certainement bénéfique au final. En l’état, nous nous retrouvons face à un long métrage ni bon, ni mauvais qui se regarde sans déplaisir mais se fait oublier aussitôt.