Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Xbox One
- Nintendo Switch
- PC
- Développeur : Lightbulb Crew
- Editeur : Focus Home Interactive
- Date de sortie : 28 juillet 2020
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Othercide nous a poussé dans nos derniers retranchements
On s’est souvent fait la remarque : côté jeux vidéo, on a assisté à de véritables expérimentations depuis quelques années, signe d’une belle vitalité de ce secteur. Le soulèvement (et la phase actuelle de plateau) du domaine indépendant est au cœur de ce constat, avec des mélanges parfois détonnant, ces derniers temps surtout autour du Roguelite, voire du Metroidvania. Parmi les plus belles réussites, citons l’excellent, et terriblement exigeant, Darkest Dungeon. Le studio Lightbulb Crew, accompagné de l’éditeur Focus Home Interactive, a clairement joué à ce jeu, mais aussi à d’autres classiques comme XCOM. Mettez tout ça dans un mixeur, et vous obtenez Othercide ? Dans les grandes lignes, oui, même si tout n’est pas aussi simple.
Voilà qui est sans doute bête à écrire, mais on apprécie de découvrir des jeux se déroulant en France. C’est certainement la rareté de la chose qui nous pousse à ce genre de sentiment, en tout cas Othercide prend place dans notre bon vieil hexagone. Seulement voilà, l’univers n’a rien du cher pays de notre enfance. C’est même le désespoir qui règne : l’humanité est au bord de l’extinction. Un mal terrible, la Souffrance, ronge la planète, et des monstres bien lovecraftiens s’occupent de donner le coup de grâce. C’est dans cette Bérézina qu’un espoir né tout de même. Vous l’aurez compris, on parle de vous : une sorte de commandement de Sœurs, des itérations de la puissante Mère. Ceci, c’est le contexte, et l’on pourra le découvrir plus en détail par le biais de différentes notes. Soyons clairs, le jeu de Lightbulb Crew assure l’essentiel en terme de narration, avec ce qu’il faut de thèmes fortement symboliques, voire carrément cryptiques à certains moments. En résulte un récit parfois un peu obscur, mais bien aidé par une atmosphère efficace. Sachez que le jeu est entièrement sous-titré en français, avec quelques menues coquilles au programme.
On pourra avoir l’impression persistante que, côté gameplay, Othercide fait tout pour nous perdre dans ses méandres. Pour ce test, on a beaucoup cravaché, on ne s’est pas laissé impressionné par des premières heures parmi les plus difficiles qu’on ait eu à dompter. Mais on vous prévient : ce n’est pas de tout repos. L’action se divise en deux phases : la préparation, et l’attaque. La première est sans aucun doute la plus simple à appréhender, il s’agit de la préparation à la bataille. Du classique, avec gestion des bonus, du codex etc. Puis, l’action prend place sur un terrain de jeu à la XCOM : c’est vu de haut, et vous allez devoir gérer des unités affectées à certaines classes. Elles sont au nombre de quatre, ce qui pourrait paraitre un peu juste mais, croyez-nous, vous allez avoir de quoi faire pour les maitriser. On a droit à une spécialiste de l’attaque à distance, une combattante au corps-à-corps, un véritable tank, et tout ce beau monde va devoir batailler ferme afin de remplir l’un des quatre types de missions, pour autant d’objectifs plutôt bien différenciés, du moins dans un premier temps. Car, après quelques heures, les quêtes se répètent un peu, cela s’ajoutant à un concept qui nous pousse à toujours retenter les objectifs afin de gagner de l’expérience. Améliorer les classes est un élément crucial car, répétons-le encore une fois : l’expérience s’accompagne d’un très, très gros challenge.
Un bon univers, mais attention au challenge
Othercide va même plus loin que le challenge ardu. Avec clairvoyance, les développeurs ont décidé de rendre utile l’aspect punitif du jeu. En résulte une véritable envie d’y revenir, alors même que l’on est souvent au bord du rage quit. Il est même question de sacrifice ici : les Sœurs que vous incarnez ne sont pas éternelles, alors ne vous attachez pas trop à elles. Celles-ci pourront servir à faire revivre une unité que vous jugez importante, par exemple. Plus terrible, chaque partie voit les précédentes héroïnes mourir immanquablement, avec comme seule possibilité d’en faire ressusciter une, si l’intérêt se fait sentir. Là, par contre, on a un petit souci : cela nuit véritablement à notre envie de nous impliquer à la progression d’une troupe, même si l’on comprend que cet élément nait du caractère Roguelite de l’expérience. L’aspect tactique, avec ses déplacements à la case et au tour par tour, est plutôt classique dans le fond, même si la gestion de l’Ère, une frise chronologique qui couvre les sept jours permettant d’atteindre le boss, apporte une bonne dose de suspens.
Othercide peut compter sur une bonne durée de vie, mais on insiste qu’elle est sans doute plus due au challenge qui nous est opposé qu’au contenu en lui-même. Celui-ci pourra paraître parfois injuste, trop pointilleux dans la deuxième moitié du jeu. Il faudra alors chercher le perfect shot car, dans le cas contraire, ce sera presque obligatoirement le game over. Les trois modes de difficulté n’y changent rien : même le plus aisé a eu raison de votre dévoué serviteur, qui a souvent dû effectuer des pauses détente dans le test. Côté technique, le soft peut se targuer de proposer une véritable patte artistique. On apprécie le contraste entre les environnements et les éléments en rouge, c’est parfois très savoureux à l’œil. Cependant, on ne peut nier que cela implique une visibilité parfois en retrait, mais c’était un risque à prendre. Le visuel se tient donc bien, et l’ambiance sonore est à l’avenant. Les thèmes en combat peuvent peut-être paraître parfois un peu mous, mais ils contribuent tout de même bien au caractère dark de l’univers. Quant aux doublages anglais, ils sont soignés, mais manquent un peu de relief dans le mixage.
Note : 14/20
Voilà un test difficile que celui d’Overcide, une oeuvre difficile d’accès, parfois trop, mais tout de même traversé de qualités. Le jeu de Lightbulb Crew allie mécaniques parfois obscures, difficiles à bien maitriser, et clairvoyance en terme de game design. C’est paradoxale, mais cela qualifie bien cette expérience, sans cesse sur le fil du rasoir. Il est indéniable que tout le système de sacrifice nous prend au dépourvu mais, au fil du temps, on capte non seulement son intérêt mais aussi sa cohérence avec le genre du soft. C’est d’ailleurs cela qui nous a fait nous accrocher, malgré des moments douloureux : on sent que le résultat va exactement là où il devait aller, et se devait bel et bien de nous remuer. Bravo aux développeurs, ce fut le cas.