Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Nintendo Switch
- Playstation Vita
- PC
- Développeur : DICE
- Editeur : ININ Games
- Date de sortie : 7 juin 2020
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Ultracore ressuscite un jeu qu’on pensait perdu
Alors là attention, c’est une sortie qui ne peut qu’intéresser à la fois les amateurs de retrogaming, mais aussi les historiens du jeu vidéo. On va faire clair : rien ne démarque véritablement Ultracore d’autres productions indépendantes en 2D sorties à la pelle depuis belle lurette. Pire, il pourrait être en soldes que l’intérêt ne grandirait pas, le jeu d’à-côté s’inscrivant dans la même veine, et son voisin aussi, etc. Un problème de visibilité donc, et pourtant on fait face à un titre qui devrait se trouver sur tous les disques durs de fans de jeux vidéo. Si l’on vous dit Hardcore, ça ne vous dit rien ? Non, pas l’excellent film de Paul Schrader. Ah, on en voit qui commence à tilter. Oui, Digital Illusions (aussi connu sous le nom de DICE, le studio de Battlefield) et son éditeur ININ Games, ont réalisé une prouesse : sortir de l’abandon un soft qu’on pensait ne jamais découvrir.
On est en 1994, et cela fait quelques mois qu’on découvre, dans nos regrettés magazines, des images d’un certain Hardcore. Le jeu est terminé à 99%, et s’annonce comme un Run and gun des plus efficaces, dans la pure veine des Contra et autres Turrican. Le titre est prévu pour Amiga, Mega Drive, et le Mega-CD. On s’en léchait les babines d’avance. Et patatras, on apprend que le développement est arrêté. Hardcore ne sortira jamais, alors même qu’il est bien plus fignolé que certaines daubes sorties à l’époque. La cause ? Eh bien l’éditeur en charge du jeu n’était autre que Psygnosis, une boîte qui venait de se faire racheter par… PlayStation. Et Sony, ce n’est pas Microsoft qui vient, par exemple, d’autoriser InXile Entertainment à sortir Wasteland 3 sur toutes les consoles. Du coup, le soft est annulé, ce qui laisse sur le carreau quelques gamers mécontents. Et on les comprend.
Plus de vingt ans plus tard, DICE a prouvé au monde entier qu’il n’est rien de plus prudent que de garder des traces de son travail. Une vérité qui saute au visage notamment des conservateurs du jeu vidéo japonais, tant ce n’est pas la politique des développeurs de l’Archipel. Bref. Le studio a quand même pensé au futur en se faisant sa petite copie de boulot, et voilà que le titre, sous l’impulsion du distributeur de l’édition physique Strictly Limited Run, est désormais disponible non seulement sur PlayStation 4 et Nintendo Switch, mais aussi sur PlayStation Vita (elle est encore en vie !) et Mega Drive ! Avec, à l’occasion, un titre devenu Ultracore, on imagine pour des questions de droits. Voilà donc une parution qui se justifie même avant d’être jouée, c’est assez rare pour être souligné.
Une pièce de musée importante pour tout collectionneur
C’est donc avec un sentiment étrange de rendez-vous manqué sur le point de se réparer que l’on lance Ultracore. Les mains sont un peu moites, on se demande si ce plus-que-retard ne va pas définitivement tuer une légende oubliée. Un peu comme Duke Nukem Forever d’ailleurs, ce jeu longtemps attendu et qui aura achevé une licence pourtant culte. La première constatation ne tarde pas à arriver : ce ne sera pas le cas pour le titre de DICE. Tout simplement car le soft s’inscrit dans un genre qui, de suite, accroche le joueur qui sait où il va. On attendait un Run and gun pur jus, et on l’a : le joueur incarne un guerrier armé, et détruit des ennemis un poil génériques en avançant dans des niveaux étendus. Cela, c’est la base, mais des mécaniques et une personnalité étonnantes ne vont pas tarder à ajouter une bonne dose de sympathie au résultat.
Le tout début d’Ultracore se fait linéaire, parfait pour bien nous faire digérer une prise en mains d’une efficacité redoutable. On balance des paquets de munitions dans tous les sens (devant, en biais, en haut, en bas, derrière), on saute, on a aussi droit à des bombes qui nettoient l’écran. Tout cela, c’est du classique. Plus inattendu, on récupère des pièces au sein des niveaux afin d’acheter des objets, et l’on peut changer de flingue en trouvant les mallettes. Autre sucrerie, on ne s’attendait absolument pas à un level design non pas labyrinthique mais donnant l’agréable impression que l’on doit le fouiller afin de trouver son chemin. On ne fait pas qu’avancer : on utilise des ascenseurs, on entre dans des salles, on revient sur nos pas avec des cartes qui ouvrent des portes, on active des leviers ouvrant des chemins, on trouve des pièces cachées remplies de bonus. On croit sur parole les développeurs qui nous assurent que le jeu est presque entièrement fidèle à ce qu’il aurait du être à l’époque, et l’on doit bien écrire que ces cinq niveaux auraient sans doute fait date à l’époque de sa sortie.
Si l’on considère Ultracore pour ce qu’il est, un jeu que l’on pensait perdu à jamais, on ne pourra que le trouver séduisant. Alors oui, on doit tout de même souligner que les ennemis ne sont ni des plus originaux, ni des plus développés en terme d’intelligence artificielle. Mais dans un bon vieux Metal Slug, ça ne choquait personne non plus. Et cela n’empêche pas, d’ailleurs, la difficulté d’atteindre des pics très, très élevés, notamment pendant les phases de saut. Par contre, l’histoire est sans doute le plus gros regret que laisse cette expérience, avec le timer pas vraiment pertinent étant donné la grandeur des niveaux et le système de sauvegarde par mot de passe à l’ancienne (quelle horreur). On doit se contenter de dialogues (sous-titrés en anglais) assez vagues, et l’on se contentera surtout de se construire une ambiance grâce aux environnements qui, à l’époque de la Mega Drive, aurait convaincu plus d’un testeur. Tout comme la musique, même si celle du tout premier level nous semble en-dessous des autres, surprenant pour ce genre de jeu.
Note : 15/20
Ultracore est une incroyable pièce de musée qui se doit de figurer dans toute ludothèque d’un retrogamer un minimum sérieux. S’il ne faut pas en attendre des miracles en terme de gameplay, avec des mécaniques Run and gun évidemment datées, le soft vaut tout de même le coup pour sa finition globale, et son level design encore exemplaire à ce jour. Espérons que ce genre de sorties inespérées se fera plus fréquente à l’avenir.