Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Nintendo Switch
- PlayStation 4
- PC
- Développeur : Wonderboy Bobi
- Editeur : No Gravity Games
- Date de sortie : 10 décembre 2020
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Tanuki Justice va vous donner du fil à retordre
Sorti voilà quelques mois en dématérialisé, Tanuki Justice profite des bons soins de Just For Games pour cette fois-ci débarquer au format physique sur Nintendo Switch et PlayStation 4. L’occasion faisant le larron, il est temps d’aborder ce jeu assurément rétro dans son approche, mais tout de même très ancré dans son époque. Comment ce mélange peut-il être possible ? Bon, la réponse est évidente tant l’offre nostalgique est devenue pléthorique depuis bon nombre d’années. Mais on ne peut ignorer une certaine accentuation ces derniers temps, notamment avec le tout récent (et cauchemardesque, dans le bon sens) Ghosts ‘n Goblins Resurrection. Si l’on utilise ce titre, c’est aussi parce que Tanuki Justice peut parfois y faire fortement penser…
Grosse différence tout de même : Tanuki Justice n’est pas l’œuvre d’une équipe de Capcom, mais celle d’un seul homme : François Perez, lequel tient sa propre structure, Wonderboy Bobi. Peut-être que ce studio parlera aux amateurs de jeux vidéo indépendants, car son premier soft, le délicieux Aggelos, s’était fait remarqué notamment dans notre webzine. Du coup, l’intérêt autour de ce second titre a redoublé de notre côté, surtout que le concept apparaît aussi clair que de l’eau de roche. Comme au bon vieux temps, l’histoire se réduit à son très strict minimum : des démons tentent de prendre le contrôle non seulement du Japon féodal mais aussi, tant qu’à faire, du monde entier. Choqué par ces revendications, un tanuki-ninja, accompagné de sa soeur, sort du bois pour rendre justice. Voilà, vous avez tout ce qu’il faut pour justifier le titre du jeu, et cela suffit amplement.
Tanuki Justice est un run ang gun 2D qui, comme les héros de Pompoko, pose fièrement le paquet sur la table. Comprendre par là que tout est simple dans la prise en mains, mais vous allez en baver pour voir la (très) courte fin. Aucune mécanique ne se désigne comme fondamentalement originale : on dirige l’avatar à poil doux avec la croix multidirectionnelle (ou avec le stick, mais autant vous dire que c’est péché), on balance des shurikens à l’aide d’un bouton dans le sens de la direction, on a droit à une super attaque dévastatrice (tant par sa force que sa superficie), et le saut peut se compléter d’un double bond. Très bonne chose, Wonderboy Bobi a pensé à un blocage du personnage : une gâchette permet donc l’arrêt de celui-ci afin de viser au mieux. Mais, entre nous, cela ne servira que jusqu’au deuxième niveau. Car, par la suite, la difficulté est telle que rester sur place tient du suicide.
Dans le haut du panier du run and gun
Sur ces bases, Tanuki Justice ajoute donc une difficulté effarante, si bien qu’on peut lui associer aussi le terme de die and retry. L’une des astuces du développeur, pour pousser au chalenge, est l’allonge du shuriken : si cette arme peut gagner en puissance grâce des des bonus, elle n’atteint qu’une distance moyenne, ce qui pousse le joueur à aller contact. Donc à connaître sur le bout des doigts les patterns des ennemis. Et ces derniers sont nombreux, doublés de situations qui multiplient le danger. Si tout commence avec assez de douceur pour tout de même permettre une avancée correcte, on rappellera le syndrome Mister Nutz : la suite va vous étonner. On passe alors à des plateformes minuscules, des phases de scrolling automatique bien chaudes, et surtout des spawns d’adversaires ubuesques. Et cela accompagné du cruel « t’es touché, tu meurs ». Eh oui, pas d’énergie, et les vies défilent à grande vitesse vers un game over qui, longtemps, restera la inévitable.
Signalons tout de même que le skill fonctionne à plein régime : voir et battre le dernier boss n’est pas impossible. D’ailleurs, et étrangement, il nous a paru moins douloureux que les trois niveaux qui le précédent. Une remarque à étendre à chacun des boss d’ailleurs, plus abordables que les stages qu’ils hantent. Bon, pour ceux qui trouveraient que le mode Normal est finalement envisageable, sachez que d’autres difficultés vous attendent, dont certaines devront être débloquées. Et là, autant vous dire que Tanuki Justice atteint des sommets inatteignables pour votre humble serviteur, mais excitants pour les fous furieux adeptes de speedrun. La présence d’un mode deux joueurs, pour lequel la sœur tanuki rentre en jeu, facilite un peu le cheminement, mais on reste loin de la balade champêtre. Tout cela forme une durée de vie acceptable pour ce genre de trip. Car si le soft ne propose que six niveaux (et un dernier boss qui compte pour un septième au menu de sélection), il va vous falloir beaucoup, mais beaucoup de pratique pour parvenir à tout voir. D’ailleurs, on aurait peut-être aimé des choses à débloquer, du côté de ces stages, car ils restent tout de même en nombre insuffisant.
Ce constat, flatteur pour les joueurs qui apprécient le genre, se complète d’une partition technique mélodieuse. Tout comme pour Aggelos, on pourra tout de même regretter une certaine prudence dans les environnements, et ce même si l’on apprécie par exemple ce niveau, en plein cimetière, qui confirme un hommage à Ghots ‘n Goblins. Tanuki Justice se révèle très mignon et bien inspiré d’une partie du folklore japonais, entendons-nous bien, mais au final on a surtout l’impression d’une sorte de best of. Reste que c’est joli, et le character design accompagne bien ce fait. Tout en proposant une fluidité constante, bien heureusement. Côté ambiance sonore, on est là aussi dans l’hommage à la génération 8-bits, avec un thème de premier niveau mémorable, et une petite baisse de régime par la suite. Mais, là encore, ça reste globalement de qualité.
Note : 15/20
Décidément, l’époque est aux run and gun rigoureux ! Tanuki Justice vient grossir les rangs de ceux qu’on peut qualifier de haut du panier, avec un challenge très élevé mais bien contrebalancé par une bonne contribution du skill. C’est très classique dans la prise en mains, et l’on comprend rapidement que le but était de ne surtout pas faire penser au joueur que son échec provient d’autre chose que de son apprentissage. C’est donc très maitrisé, même si l’on regrette tout de même un nombre de niveau assez bas. La durée de vie ne se basant pas sur le contenu, mais sur le challenge qu’il provoque. Et là, vous ne manquerez pas d’être gâtés !