Dune : Le chef d’œuvre de Denis Villeneuve ?
Nous avons eu le très grand plaisir d’assister à 30 min de preview du Dune de Denis Villeneuve, ce futur monstre sacré du film de science-fiction. Pour vous aider à patienter jusqu’à la date de sortie de la partie 1 (une deuxième partie est prévue…), voici ce que nous avons retiré de ce court visionnage : les 10 premières minutes du film, un morceau du making-of et une interview de Denis Villeneuve.
Un film de fan pour les fans de Frank Herbert ?
Le réalisateur Denis Villeneuve est un grand fan des bouquins de Herbert depuis l’âge de 14 ans. Il est sollicité juste après la sortie de Blade Runner 2049 et s’implique dans le projet en tant que co-scénariste.
Pour lui, c’est un rêve de gosse qui se concrétise, de plus il a une très grande liberté d’action, la production lui fait une entière confiance. Malgré tout, le Covid-19 passant par là, la sortie du film est retardée jusqu’à aujourd’hui.
Fin connaisseur de l’œuvre et du précédent film démarré par Alejandro Jodorowsky et repris par David Lynch, il sait quelles difficultés peuvent s’ériger pour représenter au cinéma cette œuvre baroque et foisonnante. Il a envie plus que tout de créer une œuvre qui soit la plus proche possible de l’œuvre littéraire et il sait que c’est là que Lynch s’est un peu cassé les dents.
C’est pour cela qu’il décide de s’entourer de connaisseurs de l’œuvre (au scénario : la collaboration de Brian Herbert et Kevin J. Anderson, légataires depuis 2000 de l’univers romanesque ; à la musique : Hans Zimmer, grand fan de l’œuvre).
Alors oui, nous pensons que ce film aura tout pour satisfaire les fans exigeants de Frank Herbert, mais pas seulement, car l’œuvre est intemporelle et le message, universel, peut toucher de nombreuses autres catégories de personnes ; les amener vers les livres, comme le film de Lynch l’avait fait dans les années 80.
Un futur classique ?
A date, il s’agit pour Denis Villeneuve du rêve de sa vie, et, à notre avis, il y a des chances que ce soit son chef d’œuvre. De plus, le choix ayant été fait de ne lancer la réalisation du second film qu’après la sortie du premier, celui-ci doit être parfait pour que la suite (et fin du roman, mais pas de l’aventure Dune au cinéma, car le succès peut amener la production à explorer plus avant l’univers…) voie le jour.
Voici d’autres éléments (plus ou moins objectifs, n’oublions pas que nous sommes en pleine promo) qui sentent bon pour que le résultat final nous en mette plein les mirettes, les oreilles et l’imaginaire :
- La musique : Hans Zimmer, grand musicien (et fan de Herbert nous l’avons déjà dit) fait l’immense compliment face à la caméra de son « adéquation artistique avec Denis Villeneuve » et dit « il n’y avait que toi pour faire ce film ». Soit ils se sont réellement bien entendus, soit Zimmer est un excellent marketteur 🙂.
- L’esthétisme : La photo est assurée par Greig Fraser (qui a travaillé sur Rogue One et The Batman, qui sort aussi pour cette rentrée…) ; c’est la première collaboration de celui-ci avec Denis Villeneneuve, mais si vous jetez un coup d’œil aux photos ou vidéos de ses travaux antérieurs, vous ressentirez peut-être comme nous cette impression d’immensité des dunes de sable, ces plans grandioses à vous couper le souffle… Le baroque n’est plus dans l’excès, mais dans l’immensité. Une scène au tout début du film nous a fait une très forte impression : le vent sur la mer de sable qui balaye et colore l’image avec des millions de grains de sable ressemblant à des pigments avec lesquels la lumière joue malicieusement, de toute beauté !!
- Les plans intimistes : Il y a quelque chose des westerns de Sergio Leone dans les plans ultra resserrés sur les visages des acteurs… Cette intimité-là est magistralement mise en opposition avec les décors grandioses.
- Les costumes : L’univers est baroque, mais les costumes sont sobres, presque rigides malgré le clinquant impérial ; les fremens sont eux aussi simples malgré la technologie avancée… En fait, les humains restent humains, en dehors des représentants ridicules de l’Empereur…
- Les effets : Il y a une prouesse technique, des bâtiments somptueux mais froids comme l’ancienne URSS ; une nature sublime avec ses monstres : les vers des sables… Et des vaisseaux spatiaux immenses, de la technologie hyper évoluée… Rien n’est laissé au hasard ! L’image en Imax ne tolère aucune mauvaise incrustation ou manque de fluidité ; on sent le sens du détail, on est complètement happés !!
- Le parti-pris artistique : La dimension « Space Opera » est au cœur de tout. Dans l’image comme dans la musique, on assiste à une saga mythologique. On sait que des héros vont se lever et être terrassés, que la bataille va être épique et que le monde d’après sera transformé… Nous avons eu l’impression de voir l’adaptation d’un opéra wagnérien !
- Le parti-pris scénaristique : l’œuvre originale est magnifiée comme si le livre n’avait jamais été adapté…
Avec un casting 4 étoiles…
Une scène amusante du making-of ; la découverte du plateau par les comédiens ! Voir leur stupéfaction devant le set et les costumes ; s’imaginer évoluer dans des décors d’un autre monde, aussi grandioses… leur donnait l’air de « gamins » au milieu d’un magasin de jouets… Rafraichissant !!
Et quels acteurs !! Le choix semble couler de source : ils ont tous « la tête de l’emploi » et en même temps, on sent qu’on est un cran en-dessous de ce que Jodorowsky avait envisagé et qui confinait au burlesque… Ici, on reste dans l’univers du « réalisme » : l’humanité transparait plus et l’on est, comme eux, plongés dans quelque chose qui nous dépasse…
Mais que restera-t-il à Star Wars ?
Ces premières minutes de Dune, régénéré par Villeneuve, nous ont donné le même frisson que Star Wars Episode IV voilà des années… Frisson que nous espérions retrouver dans la seconde et puis dans la troisième trilogie, mais qui n’est jamais revenu… Nous avions sans doute vieilli, Lucas aussi (sans parler du passage chez Disney…)… Et puis voilà que se présente ce film : adulte mais qui dépasse les clivages d’âge, de genre, etc. pour nous parler de symbolique et de voyage initiatique, de l’émancipation des peuples et de l’injustice, de la nature humaine… Et nous voilà emballés et pressés de découvrir cette œuvre dans son intégralité !!
(*Impression confirmée par Denis Villeneuve lui-même dans une interview accordée à un journal italien, reprise par BFMTV).